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Croissance.

On se rattache aux figures les plus emblématiques que l’on peut quand le bateau prend eau et qu’on est à deux doigts de boire la tasse.
Il en est en économie comme du reste.
Du grand au petit actionnaire, c’est « mélodie en sous-sol » en version du cinoche muet. Le coupon ne se coupe plus. Les ciseaux valent plus que l’action. Quelques banques plus loin, c’est toujours un Madoff qui met les voiles et un Reynders qui paie pour voir.
La quinte floche à Lippens et la paire aux sept pour nos gueules.
En tuant le bourgeois au portefeuille, ce sont les 262 mineurs du Bois-du-Cazier qui meurent une seconde fois.
La recette est simple et devrait servir aux économistes qui n’ont plus rien à dire et qui puisent dans le passé toutes les bonnes raisons du monde à espérer en un futur meilleur ; ainsi qu’aux hommes d’Etat fragilisés pour avoir cru au système libéral et qui y croient encore, non plus par le bon sens qui les habitait, mais parce qu’ils ont fait toute leur carrière dessus.
Un parmi des plus lucides économistes du passé est sans contredit Keynes (1883-1946).
Que voilà l’encyclopédie qui convient ! On en picore ce que l’on veut, on le triture, on le suçote et sur des idées générales, on peut même signer l’article, sans jamais le citer !
Est-ce qu’on connaît vraiment le bonhomme ? Ce qu’il a vraiment dit et le fond de sa pensée ?
C’est sans importance pour ceux qui font profession de savoir. Ils ne cherchent pas de toute manière des solutions à la crise, en se référant à Keynes, ils cherchent surtout les moyens de rester des économistes consultés, dont l’enseignement est révéré et fait autorité.
Keynes était un épicurien singulièrement attaché à la liberté individuelle, la sienne, évidemment. Il aimait l’amour, les femmes, le bon vin et l’argent, mais pour le dépenser
Réguler le capitalisme sans porter atteinte à l'autonomie de l'entreprise privée et refuser l'idée que les marchés s'autorégulent, tel est le credo de Keynes, l'un des penseurs les plus influents du XXe siècle, auteur de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie.
«Keynes a bâti sa théorie en partant de l'hypothèse que les marchés dysfonctionnaient et que le dysfonctionnement des marchés impliquait, pour que l'économie capitaliste puisse tenir debout, une intervention publique», selon Jean-Paul Fitoussi, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Or, ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a un dysfonctionnement majeur des marchés » et que cela « a amené naturellement à une intervention publique qui a été massive », constate l'économiste.
Pour Keynes, dans un contexte de crise, l'État doit adopter une politique monétaire avec injection de liquidités et baisse des taux d'intérêt. Il doit aussi relancer la demande grâce en particulier à un accroissement des investissements publics et la redistribution des revenus au profit des classes aux ressources les moins élevées.

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Des recettes qui reviennent à la mode dans les cabinets ministériels : le ministre des Finances britannique Alistair Darling a indiqué que la Grande-Bretagne allait augmenter ses dépenses publiques, suggérant le choix d'une approche keynésienne, en engageant des projets de grande envergure notamment dans le logement, l'énergie et les petites et moyennes entreprises.
Toutefois, pour Edwin Le Héron, président de l'Association pour le développement des études keynésiennes, toute relance conjoncturelle « part dans le vide ».
« Il faut séparer deux choses, souligne-t-il. Il y a d'une part un certain nombre de personnes qui disent qu'il faut re-réguler le capitalisme, qu'il faut changer la structure du capitalisme. Il y en a d'autres qui disent qu'il y a une politique de relance de l'économie réelle, avec des plans de relance conjoncturelle. Les deux peuvent apparaître comme des idées keynésiennes », mais « j'ai tendance à penser que ce qui me semble keynésien, c'est une refonte structurelle du capitalisme ».
L'annonce de la réunion d'une série de sommets pour élaborer et appliquer les réformes du système financier international va dans ce sens. Mais « la fenêtre est très étroite » selon M. Le Héron, qui souligne les réticences des Américains à réformer un système issu des accords de Brettons Wood de 1944 et qui était centré sur le modèle américain.
Plus optimiste, M. Fitoussi juge que «tous les pays actuellement sont à la recherche de bonne régulation, parce que la crise n'a épargné» personne. Si tout le monde a ressenti l'urgence de la régulation, tous ne sont pas d'accord sur ses modalités, note-t-il, faisant notamment allusion aux pays européens.
« In fine l'Europe a été capable de s'accorder sur un plan, la zone euro, et l'UE ensuite a été capable de s'accorder sur un plan global de sauvetage du système financier », rappelle M. Fitoussi. « Cela implique que peut-être les pays européens pourraient s'accorder sur un plan global de régulation des marchés ».
Il semble que les jeux soient faits et que tous les économistes attendent une reprise, sans avoir aidé les plus fragiles, rien qu’en faisant redémarrer l’industrie et les banques et sans tenir compte des observations de Keynes.
Ainsi, la croissance aveugle, la croissance imbécile, la croissance destructrice est à nouveau à la pointe des espérances pour la sortie de la crise.
Le monde capitaliste est devenu fou !

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