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Le renouvellement.

Tounet à raison.
Le renouvellement convient à la personne humaine. La même musique aussi mélodieuse soit-elle, à la longue, c’est comme le Boléro de Ravel, on se demande quand elle va finir. Le monde change, pourquoi pas nous ?
Cependant, il ne faut pas se renouveler en se reniant. Et, confondant le renouvellement avec le retournement de veste, passer du socialisme de la lutte des classes au socialisme de collaboration capitaliste.
J’ai fait des efforts et j’en fais encore pour me renouveler. Mais ce socialisme-là ne passe pas et me reste au travers de la gorge. Dois-je en vertu du renouvellement renier ce que je tiens pour essentiel ?
Comment me renouveler sans lasser l’opinion et sans me déjuger ?
Je ne vais pourtant pas courir à la première loge ***, porter la serviette d’un éminent parvenu et, me faisant accepter par ma platitude et mon empressement, me ranger à ses principes pour échouer sur le dernier banc d’un Conseil communal comme premier suppléant socialiste ?
Ou, comme Paul-Henri Spaak et Jean Gol débuter à gauche et finir ma carrière à droite ?
Mon esprit n’est pas assez tortueux, ni agile pour cette gymnastique qui touche plus au calcul et au fric, qu’à la raison et la constance.
Le discours risque d’être uniformément plat à la longue, à force de dire la même chose sur des modes et des tons différents, un peu comme le Boléro ; j’en conviens.
Les premiers responsables ne sont-ils pas les gens d’en face qui eux ne varient pas d’un iota quand ils expliquent la démocratie ? Et comment leur faire comprendre que cette démocratie ne me convient pas ?
Et tandis qu’ils nous assènent les vérités d’Alain Minc et de Déroulède, nous voyons la part du capital croître et la part du travail diminuer dans les comptes d’épicier qu’ils nous certifient exacts. Si c’est ça que Tounet appelle se renouveler, cela s’apparente fort à l’escroc qui se colle une moustache pour changer d’aspect et s’adapter à l’arnaque suivante.
N’est-il pas évident qu’il faut bien dénoncer la manière dont d’autres tapent sur le même clou sans être taxés par Tounet de non renouvellement ?
Par commodité, il est plus facile d’être avec le pouvoir que contre.
Bien placé, on peut y obtenir quelques bienfaits, quelques avantages par rapport aux mérites que l’on a. Par calcul, on peut se renouveler en calquant ses propos sur ceux proférés par les personnes que l’on veut séduire.
Tounet ferait-il le complexe de Stockholm ?
On voit toutes les objections de l’honnête homme dans la difficulté de se renouveler heureusement.
Par contre, il est plus facile de se renouveler du point de vue sentimental et amoureux.
Dira-t-on jamais assez de ce point de vue, que le renouvellement est des plus ambigus ?
Sous le couvert de bonnes raisons, on se renouvelle en couchant avec quelqu’un d’autre. On y goûte dans l’illégitimité de l’acte, la révolte de l’être libre débarrassé des conventions. C’est plus facile de louer une chambre dans un hôtel, que manifester son indignation dans la rue d’un fascisme ordinaire qui saisit sporadiquement tout pouvoir.

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Au moins, au trousse-chemise, on n’y est pas fiché, du moins pas encore…
Mes renouvellements de ce point de vue reflètent une certaine nostalgie, une sorte de revenez-y qui me procure toujours une certaine émotion.
Je ne peux pas écouter « Que reste-t-il de nos amours » de Charles Trenet sans sentir venir une petite larme à l’œil.
On ne quitte pas impunément la femme que l’on a aimée. Encore qu’il est préférable de le faire lorsqu’on n’a plus rien à se dire. Il n’y a rien de plus affligeant la vue de ces couples liés par l’habitude et l’intérêt et qui s’irritent de la moindre parole de l’autre.
Il y a certains renouvellements qui sont salutaires et nécessaires, que l’on fait confusément et dont on ne saura vraiment jamais s’ils ont été les éléments indispensables d’un bonheur réadapté ou la fuite honteuse devant des responsabilités insurmontables.
Il convient donc d’être constant.
S’il est difficile d’obéir à cette vertu en amour, ce l’est davantage aux convictions en tous genres et plus particulièrement aux convictions politiques.
Ceux qui changent de crèmerie ne se renouvellent pas précisément.
Mais il est des renouvellements qui ne font de tort à personne et qui, au contraire, mettent en valeur les individus.
Ils sont d’ordre artistique et littéraire.
On peut changer de style dans la création et dans la passion de l’écriture. On peut aimer Proudhon et le délaisser pour Marcuse sans se dédire vraiment de sa démarche philosophique. Comme on peut aussi modifier son personnage dans la tentative louable d’aimer l’autre différemment.
Tout est affaire d’imagination.
Mais on ne peut pas impunément changer de parti ou adhérer à un parti quand le calcul remplace l’idéal.
Et franchement comment trouver dans le PS actuel, l’idéal dont a rêvé celui qui est à gauche depuis toujours ?

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