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No Future !

« On doit leur rentrer dans le lard. »
Ce n’est ni moi, ni Di Rupo qui l’affirme, mais un citoyen rencontré par le président du PS sur la Grand’place de Mons.
Tant mieux, de voir le président du PS dans d’heureuses dispositions d’écoute de ses citoyens ; c’est un peu tard, la perspective des élections du 7 juin laisse place à la suspicion sur les intentions réelles du PS.
Ne faisons pas la fine bouche. Il y a du grain à moudre.
Pourquoi les médias mettent-ils sur le même pied la séquestration d’un patron par un personnel excédé et un enlèvement crapuleux par des voyous ?
Chaque conflit social tourne aux rapports musclés.
Les personnels en grève, dès qu’ils descendent dans la rue, sautent de la colonne « nouvelles des entreprises », aux faits divers,!
Inconnue est la violence silencieuse des ateliers, dans des usines sans fenêtre toutes en tôle qui poussent sur les zonings et dont on ignore ce qu’il y a à l‘intérieur. Même l’inspection du travail n’y met jamais les pieds.
De la violence interne de ces vastes cercueils de tôle, on ne parle jamais. On y voit parfois quelques fenêtres bien placées au Sud, avec des fleurs aux fenêtres, c’est le seul endroit non enterré, c’est celui du patron ou de son délégué.
Ce n’est pas le moment d’entendre les cliquetis des chaînes des esclaves modernes. C’est plutôt celui des soupirs des patrons. Le monde les entoure des plus grands égards. Ils sont régulièrement honorés par la Région wallonne pour leurs performances.
Parfois, la FGTB tend l’oreille et perçoit des plaintes lointaines comme des ondes radio galactiques. Un média qui, par hasard, traîne à proximité, donne la parole à un délégué syndical, qu’on coupera au montage. Quant au PS qui se lance dans sa grande campagne contre le capitalisme voyou, personne de sa direction n’improvise un meeting à la porte des usines en grève. C’est curieux comme ce parti a disparu des luttes ouvrières ! Evidemment, à force d’exclure le peuple des directions, on se coupe de la réalité.
La violence des chefs drillés par les directeurs est pourtant constante sur les chaînes de montage. Le behaviorisme y est arrivé à une sorte de perfection, faisant de l’ouvrier une mécanique à la hauteur des performances aveugles des bielles et des engrenages d’autres robots d’acier.
Le capitalisme y a réussi son plus bel exploit : mal payer des personnels qui s’accrochent à un travail dégradé et dégradant, par nécessité.
Est-ce cela le progrès d’une population laborieuse ? Est-ce cela qu’espère la jeunesse qui sort des écoles, avec ou sans diplôme ?
C’est une vision à la Orwell d’un « No Future » dont avec juste raison la jeunesse ne veut pas.
Comme c’est une violence silencieuse, insidieuse, elle passe inaperçue, sur le temps que la joyeuse commère, dame Sabine, s’émerveille sur les parcours magnifiques de ces petits entrepreneurs « qui tiennent le coup dans la tempête ».
Ces « nés bourgeois et morts pour tous » nous préparent une société imbuvable. On rendra responsable des échecs futurs, une jeunesse qui renâcle à l’effort, puisque cet effort ne la rend pas apte, mais inapte à la citoyenneté.

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Et on sort des catacombes René Mené, président honoraire de l'artisanat et de la petite entreprise, pour nous faire aimer quelque chose qu’on assimile encore au travail et qui n’a plus rien à voir avec l’artisanat réfléchi qui réparait les montres et ajustait au millimètre les tuyaux bons pour vingt ans !
Est paru l’année dernière « Les tribulations d’une caissière » chez Stock, d’Anna Sam.
Faire biper une caisse enregistreuse quand on est « hôtesse de caisse » n’est pas drôle du tout. Mais, c’est encore une position d’une travailleuse au vu et au su de la clientèle, qui a donc droit à des « égards » diplomatiques du gérant ou du chef du personnel. Quoique cela soit différent derrière le décor, tout au moins la face est sauve.
Que dire du sort de ces ouvrières dont on ne voit les cache-poussière et les salopettes qu’avant l’entrée dans la boîte ? La dernière image, c’est l’horloge pointeuse qui la fournit. Puis elles disparaissent et personne n’en entend plus parler qu’au soir, à la fin de la semaine, du mois… autant dire jamais.
France Inter a interviewé d’anciennes ouvrières de la famille Parisot, dont la fille du dernier patron est actuellement à la tête du patronat français, le MEDEF. C’était horrible de travailler pour ces gens-là, avares, hargneux, toujours à asticoter les personnels afin de produire plus, fichant les vieux travailleurs dehors, licenciant les syndiquées, établissant une fortune sur la sueur des autres.
Combien sont-ils aujourd’hui tant en France, qu’en Belgique à profiter de la dureté des temps pour serrer la vis et exploiter davantage ?
Voilà un beau terrain encore en friche pour un PS qui serait enfin sorti de ses illusions sur le « capitalisme social » et qui se mettrait sérieusement à défendre ses principaux électeurs.

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