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Reynders ou l’art de l’esquive.

(suite de l’article précédent)

Un des facteurs responsables de la double crise aux USA (d’abord américaine, puis mondiale- pour revenir en boomerang ) est l’explosion de la dette globale de ce pays.
Les Etats-Unis n’équilibrent plus leurs bilans que de deux grandes manières : en utilisant la planche à billets et en vendant des bons du Trésor (les fonds souverains) à des pays qui se trouvent dans l’alternative d’accepter ou d’ouvrir une procédure (comment ?) afin de déclarer en faillite l’Etat américain !
Dans le cadre des élections du 7 juin pour renouveler le parlement européen, je m’étonne que cette situation alarmante d’un pays ami, dont l’économie a des ramifications majeures en Europe, n’a jusqu’à présent suscité aucun commentaire des libéraux comme des autres partis !
Rien dans les programmes d’une politique extérieure de nos prétendants ne permet de nous faire une opinion sur ce sujet dont dépend une part conséquente de notre potentiel industriel et l’avenir de milliers de travailleurs européens et belges en particulier.
Serait-ce que des socialistes aux libéraux, le monde politique belge est pour une entraide intercontinentale en vertu de la mondialisation du système capitaliste et que si les USA coulent un jour, nous sommes disposés à couler avec eux ?
C’est assez surprenant que personne n’en touche un mot.
Il est vrai que la Commission Barroso est conservatrice et proaméricaine, tout de même, on pourrait demander à Louis Michel de tenir des propos moins évasifs sur son libéralisme et l’entendre dire s’il est prêt de remorquer le nouveau Titanic financier qui sombre devant la statue de la Liberté de NY ?
C’est fabuleux qu’une campagne électorale se déroule en oubliant la crise comme si elle n’existait plus et que nous en serions sortis indemnes !
La Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Arabie saoudite, Abou Dhabi, l’Inde, la Norvège et pourquoi pas la Belgique ?... ont des bons américains du Trésor. Si les uns comme la Chine en ont des montagnes, d’autres, comme la Belgique, pourraient perdre moins, mais perdre quand même des centaine de millions d’euros, si ces bons devenaient comme les emprunts russes, des chiffons de papier.
L’inflation rampante en Belgique n’est pas vraiment celle qui découle des chiffres statistiques du Ministère des Affaires économiques. La vérité est que le processus est entamé depuis la conversion du franc en euro. Il suffirait une allumette jetée de Washington pour que tout s’embrase.

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Le dollar à la baisse constante aurait tout à gagner d’une inflation qui serait directement liée à la création excessive de la monnaie des Etats-Unis. Ce pays pourrait faire perdre de l’argent à tout le monde au nom du soulagement de sa dette d’une inflation à deux chiffres.
La Chine a choisi le désengagement discret. Ses dirigeants ne veulent pas aller trop vite pour ne pas provoquer de « panique bancaire » mais pas trop lentement non plus pour ne pas être le dernier à fermer la porte « avant le sauve-qui-peut », du moins c’est W. Joseph Stroupe qui l’écrit dans Asia Times.
Et nous ? Qu’est-ce que Reynders, relais de Barroso, a comme politique vis-à-vis des USA ? Personne n’en sait rien !
La Chine achète et revend à petites quantités les bons du Trésor américain. Elle préfère des obligations à court terme. La Chine diversifie ses encaisses dans des « swaps » avec d’autres pays, comme l’Argentine, de sorte que le dollar disparaît des transactions.
Ne serait-il pas temps que Barroso qui n’a jamais pris d’initiative dans ce sens passe la main à un Européen moins sottement amarré au ponton qui prend eau des USA ?
Et si au cours d’une transaction importante payée en dollars à terme de 3 à 6 mois comme cela se fait couramment, une inflation monstre et la chute du dollar intervenaient entre-temps, qui boirait le bouillon ?... les entreprises et par delà les personnels belges, pardi !...
Tous les principaux acteurs espèrent qu’une transition ordonnée soit trouvée pour une sortie en douceur du dollar américain.
Tous ? Pas sûr ! Et si nous demandions des comptes à notre Ministre des Finances plutôt que lui faire la leçon à propos de sa sœur Danièle ?
A dix jours des élections, qui veut le faire ?

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