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La main qui les nourrit.

La politique dans le respect de l’opinion des autres et la liberté de chacun d’adhérer à un parti sont les valeurs essentielles si nous voulons que le système devienne un jour celui d’une démocratie.
La politique est donc un instrument nécessaire et respectable, quand il tend à atteindre ce but.
Ce sont les hommes qui la font, dont certains ne sont pas honnêtes, qui par faiblesse et insuffisance, donnent l’impression que cette société n’est nulle part, mieux, qu’elle est sans but, si ce n’est celui d’enrichir quelques-uns au détriment de tous les autres.
L’évolution des mœurs entre pour beaucoup dans la désagrégation de notre système ; mais, c’est surtout dans la finalité de la société, essentiellement aujourd’hui conduite par le profit, que l’on voit se dissoudre les valeurs humaines.
Il n’y aurait pas de plus haute ambition que faire de la politique, si celle-ci était entre des mains altruistes. Militer pour ses idées afin de les faire partager par une majorité devrait être un sacerdoce, plutôt qu’un métier.
Le spectacle navrant qui se déroule sous les yeux des électeurs est édifiant.
Partout on ne voit que des gens intéressés, plus à des statuts ouvrant sur des avantages et des salaires conséquents, que des hommes et des femmes dont le souci majeur serait l’intérêt général.
Sortis de la nécessité, les gens en place ignorent superbement la condition du plus grand nombre. Vous les voyez attristés et compréhensifs au récit de vos malheurs, mais en même temps, ils digèrent le rôti qu’ils ont mangé à midi en vous rotant à la gueule.
Il leur semble que les égards et les revenus qui leur sont octroyés, leur sont dus. La sensibilité au vu du bilan social, produit du système, leur devient étrangère. Ils croient que leur situation est une référence. Ils s’étonnent au lieu de s’effarer de l’incompréhension que leurs politiques suscitent.
N’importe quel homme juste croisé dans la rue, les cent fois plus que ceux qui ont le pouvoir. C’est que leur politique, la façon dont ils la pratiquent, les corrompt au même titre que l’argent les grise.
Que dire alors de la lie de cette nébuleuse du pouvoir, quand faisant de leur mission un négoce, volant dans les caisses et usant de tout, sans se préoccuper de rien, des mandataires tombent dans une délinquance que la justice n’estime pas assez criminelle, et qui, pourtant, est cent fois pire que le voyou qui bouscule une vieille pour lui voler son sac ; car eux, ce sont des centaines de gens qu’ils détroussent en une seule fois.
Sans oublier qu’entre eux et l’honnête homme, toute une faune encore respectée quoique déjà peu respectable, use et abuse des pouvoirs qui lui sont conférés pour des enrichissements personnels ou des caisses de partis, des voyages inutiles et des notes de frais personnelles !
Un homme politique devrait entrer en place avec son patrimoine et en sortir sans l’avoir agrandi.
Il n’est pas normal qu’on puisse parler de carrière ou de juste récompense du travail accompli. Il est indécent de penser que chaque brique, chaque tuile, chaque pneu d’une vie au-dessus du commun, que l’on soit ministre ou parlementaire, ait été payée par le citoyen au prix de ses impôts, au prix de sa propre vie rendue médiocre, car coincé entre un employeur qui en tire un profit, et un personnel politique qui en tire des dividendes.
Vu sous cet angle, le régime dans lequel nous sommes ressemble plus à une dictature molle qu’à ce qu’on voudrait que soit une démocratie.
Au lieu d’être humbles, effacés, respectueux de ceux qui les nourrissent, puisqu’ils font un métier ils semblent bien que nous soyons par cet aspect des choses leurs employeurs, voilà qu’ils nous accablent de leurs erreurs et nous le disent d’une façon arrogante. Voilà qu’ils le prennent de haut et font claquer les portières de leurs grosses cylindrées nous laissant sous la pluie ! Voilà qu’ils nous imposent comme sous l’Ancien Régime et font la moue au bouclage du budget.
Voilà qu’ils rendent responsables ceux qui n’en peuvent et donnent l’accolade à ceux qui nous ruinent !
Est-ce juste ? Est-ce raisonnable, quand on y pense ?
Comme ils sont installés bien en vue et pas prêts de redescendre parmi nous, voilà qu’ils nous imposent des créatures que l’on soupçonne être passées dans leur lit avant de monter aux tribunes ! Voilà qu’ils scrutent les plateaux de télé, les théâtres et les cinémas, les stades et les salles de sport pour nous en mettre plein la vue et racler nos fonds de tiroir, tandis que nous restons bouches bées !

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Et de cette avalanche de « forces nouvelles » d’une démocratie abonnée à Gala, ils pensent que nous ne tirerons pas les conclusions éthiques qui s’imposent.
Elles touchent à l’impossibilité des citoyens ordinaires de s’exprimer de manière identique aux intégrés des pouvoirs. Elles démontrent les limites d’un système de représentation par délégation, puisque n’importe qui disposant les leviers afin d’attirer les regards peut se faire élire, alors que le discours du juste sera ignoré.
C’est donc bien à une société de spectacle à laquelle nous assistons.
Le propos revient à la case départ.
Nos personnages redondants ont un premier défaut, bien avant la liste de tous les autres, ils ne sont pas humbles en nous parlant. Ils n’ont pas l’attitude modeste. Ils ne respectent pas ceux qui les nourrissent. Ils sont à l’identiques des gens du pouvoir économique…

Commentaires

Tout aussi critiquable est la tendance naturelle des foules à se chercher un "deus ex machina" qui les sortira de leur médiocrité, "deus" qu'elles se hâteront de vilipender lorsqu'elles s'apercevront qu'il a d'abord travaillé pour lui. Et, elles, qu'ont-elles fait d'autre que d'attendre le bec ouvert que les alouettes leur tombent toutes rôties dans la bouche?
Il faut dire qu'en prônant l'individualisme à tout crin, en déifiant "ceux qui ont réussi", "ceux qui ont du fric", "ceux qui sont célèbres", la société leur a offert un modèle qui détruit l'homme,le tissu collectif, l'entraide et la solidarité.
Ce n'est pas tant critiquer les hommes politiques qu'il faut faire (après tout, ils sont à notre image...), c'est se prendre en main. Après, il sera toujours temps de déboulonner les idoles de leur socle. Mais le tournant mental est très difficile à prendre. Et si on commençait par encourager les rares qui montrent le bon exemple?

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