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Ecolo et les lodens verts.

On s’en doutait, les milieux branchés ont contribué au succès de l’écologie. Des statistiques faites dans de grandes villes françaises où la poussée Ecolo a été particulièrement forte montrent nettement la particularité sociale des électeurs de Dany, du moustachu du Larzac et d’Eva Joly.
C’est probablement ce qui s’est passé en Wallonie, les bobos n’ont pas boudé un parti qui par certains côtés est plutôt « chicose »... même si Isabelle Durand et Jean-Michel Javaux nous la jouent bon enfant « en toute simplicité » ; mais c’est une simplicité de bon aloi, celle que l’on rencontre d’habitude parmi les visiteurs des réserves naturelles, les parcs aux essences rares et les salons de thé attenants aux magasins bio.
A Ecolo, on ne crache pas un chewing-gum dans la rue. Et c’est très bien ainsi.
Il ne faut pas oublier que l’emblème du « bon chic bon genre » est le loden vert, tout à fait écolo avant la lettre, non ?
Il faut avoir vu Evelyne Huytebroeck, charmante de simplicité éducative sur une trottinette, séante à tortiller des fesses, pour se demander si elle aussi à l’instar de Jean-Michel Javaux n’a pas débuté au Patro et reçu le diplôme d’enfant sage à l’école primaire.
L’afféterie supposée fait un peu peur dans les anciens corons et les maisons de Commune. Sans atticisme, Ecolo manie cependant un vocabulaire technique souvent nouveau.
L’électorat du bas dans les couches profondes du peuple de Jaurès n’a donc pas trop déserté le PS, pour s’aller verdir à Ecolo. Il est vraisemblable d’imaginer une défection à l’étage supérieur chez les chouchous et leur parentèle des milieux que Di Rupo affectionne. C’est qu’au PS on peut être élu(e)s et faire les magasins pour la dernière collection de fringues avenue Louise, tutoyer Marie-Dominique Simonet – solidarité d’université et partage des évangiles - et s’étonner avec Christine Defraigne de l’agressivité dans les transports en commun.
C’est encore un des méfaits de la social-démocratie de vouloir péter plus haut que son cul.
Les kublanistes et les delaruellistes ont perdu une partie de leurs snobs de choc. Les renégats libéraux n’écoutent plus que la planète. A force de parler compost et aliments naturels entre deux parties de bridge avec les écolos du week-end dans leur Ardenne profonde, ils pourraient dire singeant Claudel : « l’écologie, il y a des maisons de campagne pour ça. »
La nouvelle priorité de ces milieux vaguement catholico-libéralo-socialistes, à l’aise partout quand la société n’y est pas vulgaire, n’est pas en liaison sur la crise avec l’étage en-dessous. La peur partagée du trou de la couche d’ozone est le seul lien. La priorité d’ordre supérieur n’a aucune inquiétude sociale, elle est plutôt métaphysique.
Ainsi Javaux et Durand ne sont de gauche que par l’horreur d’un consumérisme excessif des milieux libéraux aux antipodes des réformes qu’Ecolo préconise…
L’éducation qu’ils ont reçue les empêche d’aller plus loin.
Et la cause des gens qui travaillent, des chômeurs et des pensionnés ?
On va tout de suite savoir si Ecolo y pense. Car c’est ce parti qui à l’issue de ce scrutin légitimera les rois à la Région et à Bruxelles.
Ce parti est-il armé pour conduire conjointement une politique de la terre et des hommes ?
Est-il - éoliennement parlant - pour la justice sociale ?

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Ses asemblées ne sont pas structurées pour.
La social-démocratie arrivée à terme, avec un PS pas encore adapté à une autre politique, comment Ecolo sans cadre déterminé, sans assise profonde dans le peuple si ce n’est pour « respecter la nature », saura-t-il aussi respecter les gens ?
Pour avoir assisté à une de leurs assises en tant qu’accompagnateur d’une charmante, c’était je crois à Laroche-en-Ardenne, voguant d’une Commission à l’autre, j’ai été surpris par le manque d’empathie entre ce qui se disait de beau, de noble, de grand, d’utile et les besoins élémentaires d’une vie décente de gagne-petit !
Je ne déteste pas le rêve. Il est nécessaire à l’homme. Le vol de l’aigle réintroduit dans son milieu naturel m’émeut, je hais les marchands de mort qui tuent les petits phoques au Canada, je fulmine contre les pollueurs qui souillent nos rivières et marquent les sols en profondeur ; mais il m’insupporte tout autant de savoir le travail à la chaîne, de connaître ce que gagne une caissière ou une réassortisseuse de Carrefour sans me mettre en rogne.
Or, à la Roche-en-Ardenne, je n’ai pas senti l’association de la terre et de l’homme.
Et pour cause, tous les dirigeants, ceux qui parlaient le plus vivement et le plus intelligemment de la complexité d’une nature en danger, n’avaient, semble-t-il, aucune notion de ce qu’est un travail en trois postes et de quelle manière on pouvait survivre avec 700 euros par mois.
L’écologie fait son chemin. L’éthologie et la cause animale sont parties intégrantes du respect nouveau dû à la nature. C’est bien. Mais l’étiologie (étude et recherche des causes) n’y est nulle part.
Je m’interroge seulement sur la capacité des petits nouveaux à bouger les lignes du système suffisamment vite pour que les autres partis n’aient pas le temps de se ressaisir.
On se souvient des taxes sur le recyclage des bouteilles plastiques et comme Isabelle Durand a porté le chapeau des mesures proposées contre le bruit à Bruxelles causé par Zaventem et la façon dont Laurette Onkelinx avait repris avec délectation son mandat, sans un seul mot pour les intentions louables de la ministre démissionnaire.
Les gens ont la mémoire courte, au contraire des politiciens qui n’oublient jamais.
Loin de moi la volonté de minimiser la portée de la victoire des Verts.
L’intérêt pour l’écologie ne serait-il qu’une mode, un vote urbain comme le suggère la statistique ? Les socialistes résistent très bien au courant écolo justement là où le chômage est massif et où la misère est grande. Une majorité verte en pleine crise économique à Seraing paraît aussi incongrue qu’un loden vert en botte Hutchinson qui part à la cueillette du polypore écailleux après la pluie en forêt d’Anlier. Ce n’est pas pour demain.
Souhaitons que l’écologie rabote les prétentions de la commercialisation de la planète et de l’homme, afin de réussir où le PS a échoué. J’en doute. Mais, sait-on jamais ?

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