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Ah ! l’insoutenable suspense !

Tous ces personnages soudains illustres en charge de nous driller pour faire de nous une armée de citoyens ardents à la tâche, le choc y est, mais il est petit.
Ah ! ce nouveau gouvernement régional… il est… il est… enfin il est.
Rien que des visages connus, anciennes stars relookées, des fidèles des trois Grands récompensés, et quelques nouveautés qui ne le sont que par hasard. Avec plus de curiosité, on les extrayait des entourages, on les retrouvait sur des photos de parti, sur les feuilles stencils de la propagande locale, d’anciennes affiches des environs de Mons, placardées devant la Collégiale d’Amay ou papiers chiffonnés sur les trottoirs de la rue des Deux Eglises.
Méfiance du suffrage universel, les nominations se sont faites loin de l’engouement ou de la détestation du grand public. Le vote n’est qu’un courant qui ne désigne personne.
Papa Daerden ira cuver son vin au fédéral en compagnie de Didier Reynders. Nollet ne pouvait pas le sentir, sa popularité était de mauvais aloi.
Le monde entier a désappris la politique, puisque les partis en place nous serinent qu’il n’y a pas d’alternative possible au capitalisme, alors pourquoi serions-nous faits autrement ?
Madame Houard pourra hisser autant qu’elle le souhaite les trois couleurs, le petit peuple à l’aune des grandes décisions ne vaut pas grand chose. Mieux, le peuple est un obstacle à la nécessaire adaptation des ministres à leur ministère. C’est la souveraineté du peuple en son absence, en quelque sorte. Sans lui, les élites envisagent avec confiance des possibilités insoupçonnées, des alliances « freak » dont l’esprit échappe nécessairement aux êtres inférieurs. Avec lui, c’est comme faire des choses avec la voisine devant la belle-mère en espérant que celle-ci ne rapportera pas à sa fille, les gestes obscènes du gendre.
Marie-Dominique Simonet s’en va corriger les copies de nos chères têtes blondes. Depuis qu’elle a été appelée en politique par Milquet, le mimétisme de la fonction la fige en sœur supérieure du collège des Oiseaux.

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Quant aux anciens de la brigade, Jeunophile par le bec, jeunophobe par ses actes, cette génération de ministres n’en finit plus de trinquer à l’éternelle jeunesse, la leur, évidemment. La preuve, elle refuse obstinément depuis plus vingt ans de lâcher les commandes au profit de la génération d’en-dessous.
Ces hommes et ses femmes sans qualité particulière, sans engagement conséquent, représentent le capitalisme idéal, lisse et capable encore de magnificence en leur particulier.
Qu’on se le dise dans le monde de la statistique, le partage de la richesse entre les générations s’est fortement déséquilibré au détriment des jeunes, sans oublier le plongeon général des salaires et des emplois. A vrai dire, ce détail de l’histoire n’est pas du tout interprété par nos nouvelles célébrités comme une obligation d’arrêter les rêves d’Amérique, les salles de bain à bulles et les bureaux design.
Les droits de l’homme en ses principes, voilà le bastion. Les droits des travailleurs, c’est une autre histoire. Plutôt de Casamance que d’Outremeuse, nous n’entendrons les grandes phrases que pour l’Outremer.
Le vieil homo economicus, bien classique, bien rationnel que n’anime nulle passion que son propre intérêt est bien le fils de l’union Milquet Di Rupo, et Javaux, l’éternel amant, dont on ne sait qui l’attire, lui ou elle.
On voit les cinq cents pages qui se déploient en grande surface des cinq chapitres, le discours sur l’égalité des droits bâchant les vertus de la compétition, nécessaire au redressement wallon !
Dans la gazette de Liège de 1850, on en parlait déjà du nécessaire redressement. Voilà près de deux siècles qu’on se redresse au point que cette manie de redressement serait une sorte de priapisme patriotique dont seule madame Houart aurait l’art d’en extraire la semence !
Reste à faire sourdre de la crise les frémissements de cet inouï redressement.
Comme jadis Yves Montand, ce petit monde de la gauche est à tendance Reagan.
On en palpite d’émotion.
Tout l’art sera de nous vendre l’ultralibéralisme sous papier recyclé de la gauche écolo.
Ce ne sera pas si ardu qu’il y paraît.
Le peuple a été bien travaillé dans le pétrin de la crise. Brassé par Di Rupo en mitron national, vendu au commerce de détail par Milquet « in fine », c’est l’ancien patro Javaux qui colle l’étiquette du label. Notre redressement est à portée à condition de plonger dans le mercantilisme le plus plat. Les amours entre le royaume de l’argent et notre nouveau gouvernement marshallisé sont rassurées de notre bon redressement. Rudy voit bien à notre déculottée que les vits sont encore vaillants.
L’intellectuel naguère prétendait défendre la bonne et sainte cause du peule. Rien n’a changé sauf la tactique. Il convient à présent de plaider la cause des patrons qui passent, bien entendu, juste avant le défense de la cause du peuple, pour des raisons supérieures que le suffrage universel, une fois exprimé, n’a pas à connaître.
C’est donc un gouvernement d’entrepreneurs chargé de séduire d’autres entrepreneurs. Ceux qui ne peuvent pas comprendre seront investis de la mission de bosser sous les ordres des deux autres.
Voilà enfin l’incontournable modernisation que la Wallonie attendait.
Ce n’est pas rien, quand on pense avoir échappé à l’autre modernisation, celle de Reynders, on peut croire à notre bonne étoile de petits veinards, pas très malins, pas très patriotes, pas très travailleurs, pas très engagés. On va pouvoir revoir en boucle l’enterrement de Michaël Jackson et finir le feuilleton people qu’on avait commencé avant toutes ces histoire auxquelles nous ne comprenons goutte.

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