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Vols groupés.

L’affaire est délicate. En n’employant pas les mots justes, je crains d’être mal compris.
En gros voilà l’idée : « Les diplômes servent d’instruments de sélection sociale. Le plus clair de la population reste sur le carreau, s’en culpabilise et trouve juste la sélection qui s’opère sous les auspices des grandes écoles. Des familles se saignent et s’endettent pour que leurs enfants « réussissent ». Le résultat n’est pas à la mesure de ce que l’on espérait. »
Ouf ! voilà le paquet-cadeau.
Pour me dédouaner du soupçon qui pourrait peser sur une répulsion éventuelle que j’aurais pour les études, j’ai plutôt bénéficié de cette sélection sociale pour avoir le droit de démonter cette machine d’aspect plutôt sympathique, mais qui se révèle être un formidable étau écrasant les petites gens.
Ce qui me fait crier au loup, c’est l’héritage de la culture ouvrière que les universitaires d’aujourd’hui ont perdu. Heureusement, il survit toujours quoique en péril parmi une élite ouvrière soutenue et c’est le paradoxe, par quelques beaux esprits issus des plus grandes écoles, et notamment celles de philosophie.
Il faut arracher le masque de l’université passe-partout. Les spécialisations les plus pointues ne peuvent plus conduire ceux qui les pratiquent à être aussi autre chose. Je suis surpris de voir le peu de connaissances qu’ont certains grands professionnels sur la société comme elle va, et des hommes comme ils sont. Leur manque de temps ne justifie pas tout, la nature des programmes y est pour beaucoup. L’humain n’y est lui-même décrit que comme une machine avec des organes qui fonctionnent selon un processus archiconnu, même le cerveau est perçu comme une sorte d’ordinateur dont on sait à peu près correctement à quoi correspondent les scissures des circonvolutions comme un vulgaire disque dur chez Microsoft.
Il y a dans certaines disciplines exigeantes un tel accaparement du candidat à sa réussite, qu’en fin de compte le système duplicate à l’infini un bel et bon robot, qu’on aura le tort d’écouter ailleurs que dans le métier où il excelle. Hélas ! fort du respect qu’entraîne sa profession, il ne verra pas qu’en dehors d’elle, il a tout à apprendre avant de pérorer et qu’à l’université, on ne l’aura pas formé sur les autres matières que celle qu’il perçoit si bien. D’étudiant « formidable » il passera à « praticien performant », mais ce sera un bélître, un con pour dire comme tout le monde, si, en partant de ce qu’il sait, il ne s’attache pas, sa vie durant, à percer les secrets de ce qu’il ne sait pas. La connerie contamine mieux que H1N1, parce qu’elle est militante.
L’Etat est grand gaspilleur du génie du peuple. Les universitaires l’y ont aidé en attirant sur eux tous les pouvoirs et tous les droits, sur le temps qu’on remplaçait le savoir faire de l’artisanat par l’ingénierie et les machines, et qu’on réduisait les anciens de la belle ouvrage à l’état d’esclaves productivistes, espérant ainsi faire croire que la masse est imbécile, même si parfois « une intelligence » perce la croûte de bêtise crasse, « le reste n’a que ce qu’il mérite ».

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Ce qui est étonnant, c’est qu’à presque un siècle de système Taylor, le pouvoir universitaire ne soit pas parvenu à faire croire tout à fait que le génie est de son ressort exclusif !
Attachés à l’ignominie d’un parcours industriel souvent indigne d’une civilisation soi-disant humaniste, les travailleurs d’aujourd’hui ne sont pas tous atteints de la folie productiviste, du besoin animal de paraître, comme le coq dans la cour de ferme. Ainsi le revenu minuscule et le travail abrutissant au service de la dialectique libérale n’a pas tout saccagé ! Le début du retour des masses à l’animalité, les démocraties s’en félicitent puisqu’elles voient disparaître les mouvements populaires qui traitent de l’égalité, au profit des revendications salariales, comme par exemple les producteurs de lait en ont fait la démonstration récemment.
Aucun d’entre eux n’a perçu l’intérêt qu’il y aurait à pasticher Jean-jacques Rousseau en s’écriant « la terre n’est à personne et le lait est à tout le monde ». Ouvrant ainsi la contestation sur un autre terrain que les cotas européens.
Reste que la situation est préoccupante. Le travail à la chaîne, à l’usine comme à la ferme, a réduit l’opposition à la douleur de « l’exploit » physique d’une journée de travail. On ne parle plus de Proudhon dans les cours d’usine et on ne rêve plus au grand soir dans les cafés du Commerce…
Le relais dans les sphères syndicales et politiques ne se fait plus. L’université est passée par là.
Jadis émancipatrice, elle se réveille de loin en loin secouée par des étudiants qui dès qu’ils sont inscrits dans un programme, puis dans un métier, oublient vite ce pourquoi ils bouillaient dans les auditoriums.
Quelques âmes bien trempées résistent cependant et perpétuent la tradition ouvrière avec le précieux concours d’universitaires sans prétention. L’extrême gauche est le dernier refuge de cette élite pensante.
Subsiste ainsi un état de profondes réflexions sur la condition humaine et son mal être dans une société qui se bâtit sur les égoïsmes, comme on le voit dans les partis de pouvoir.
Etonnant, certes, mais quand on va au fond des choses, le génie n’a jamais été une question de CV et de grandes écoles, mais d’esprits libres et hardis..

Commentaires

Bonjour Richard, tes chroniques sont super. (s).
Aurais-tu STP, quelques numéros de Gsm des filles qui posent pour toi ?
Bien à toi,
Dieu

Certainement, la jeune femelle gorille est actuellement au zoo d'Anvers. J'ignore son numéro de GSM. Désolé.

Merci Richard, en regard à ta judicieuse réponse je n'ose même pas envisager, quel aurait été l'animal choisi, si j'avais demandé des n° GSM de certains de nos politiciens.
Toujours un ravissement à te lire.
Fidèlement...

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