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Vraiment…

- Partons sur de nouvelles bases. Soyons amis et tout ira bien.
- Si c’est comme tu veux.
- Tu te décides bien vite !
- Je me résigne. Cependant, il faudra régler certaines choses.
- Lesquelles ?
- Par exemple, quand nous serons au lit, l’amitié, c’est bon la journée… mais la nuit ?
- Ah ! pas de ça par exemple. L’amitié que je te propose, c’est de jour comme de nuit.
- Plus question de…
- Plus question.
- Si nous sommes amis, nous pouvons aussi en avoir d’autres…
- A qui penses-tu ?
- Les Enfré-Montanlère.
- Pour te retrouver avec madame Montanlère, comme son nom l’indique…la grande prêtresse des pieds : science, mer, fraîcheur isotonique ! Tu sais qui fréquente son cabinet ?
- Non. Elle est réputée bonne rhumatologue…
- Tous les frustrés qui depuis Marthe Richard se plaignent de la fermeture des maisons closes…
- C’est une amitié exclusive en quelque sorte que tu proposes
- C’est ça.
- Autrement ?
- Autrement, je te demanderais des explications pour ce que tu as écrit le 27 juin sur ton agenda.
- Tu fouilles dans mes affaires à présent !. L’agenda, c’est comme la correspondance. C’est personnel.
- Pas pour moi.
- Tu lis mes lettres aussi ?
- Ne tourne pas autour du pot. Je répète, ça signifie quoi le 27 juin, Béa, 3 heures ?
- Je ne sais pas ce que tu veux dire.
- Ce que tu peux être menteur ! « Béa 3 heures. », c’est bien ton écriture ?…
- Tu inaugures mal notre nouvelle amitié. Il est vrai qu’elle est récente…
- Béa 3 heures. Je t’écoute ,
- Ecoute… là, vraiment… Est-ce que je sais, moi ? Béa, d’abord qui c’est Béa ? Et à trois heures en plus !
- Oui, je ne te le fais pas dire.
- Et bien sincèrement, je n’en ai aucune idée.
- C’est tout ce que tu as à me dire ?... Je t’ai connu avec plus d’imagination ! Veux-tu que ce soit moi qui te rafraîchisse la mémoire ? Béatrice Pantum, ça ne te dit rien ?…
- Rien.
- Mon ancienne coiffeuse !

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- Alors là… je tombe des nues… Ce trou à bitte ! Non, tu l’as déjà vue ?
- Oui, elle est pas mal du tout, avec de gros nichons comme les vieux cochons les aiment… Et quinze ans plus jeune que toi, mon pauvre ami… Et qu’est-ce que tu as fichu avec Béatrice le 27 à trois heures ?
- Tu es d’un soupçon !... Tu es… alors là vraiment… avec ta coiffeuse… vraiment… vraiment… cette mégère ! Avec son cul, ses gros doigts qu’on dirait des bigoudis… vraiment… les bonnes femmes ! Ah !... Ce que tu peux être… Vraiment !
- Voilà les épiphores, les « vraiment » en paquet que rien ne suit… Son cul expliquerait plutôt beaucoup plus que tes « vraiment »…
- D’abord, je ne la connais pas…
- Mensonge.
- Ce n’est pas mon type.
- C’est faux !
- On n’est pas chez le juge d’instruction pour que je te serve mon alibi.
- D’autant que le 27 juin, c’était un samedi et j’étais chez ma mère.
- Et moi, je ne sais pas où j’étais à 3 heures ce samedi-là et je trouve insupportable qu’une femme qui était ma femme et qui est devenue mon amie parce qu’elle ne veut plus faire l’amour avec moi, ose me faire une scène de jalousie.
- Je ne fais pas l‘amour avec quelqu’un qui me trompe.
- C’est donc ça. Tu fouilles dans mes affaires pour trouver quelque chose à me reprocher, ma pauvre amie ! Comme si je te trompais, comme si je t’avais toujours trompée… Moi.. mais c’est… mais c’est… enfin c’est… vraiment…
- Monstrueux !
- J’allais le dire.
- Alors, le 27, ça ne te revient toujours pas ? Le trou de mémoire…
- C’est chaque fois pareil. Tu montes sur tes grands chevaux… tu vas… tu vas… tu m’accuses, et quand enfin, je reprends mes esprits et que je me souviens, alors tu ne sais plus où te mettre, tu comprends trop tard comme tes soupçons étaient injustifiés et comme tu as eu tort… et que le mal est fait… car tu me fais mal…
- En attendant, tu es coincé… Je vois bien que tu réfléchis. Ton petit front se plisse…
- Moi, coincé ! mais je vais m’en souvenir de ce que je fichais le jour où t’étais chez ta mère, nom de dieu !... Si tu n’étais pas si méfiante, fouilleuse et interprète de notes qui ne te regardent pas, j’aurais déjà trouvé… Ah ! j’y suis… ça va te clouer le bec… Le 27 juin quand tu vas le savoir, tu vas regretter, me supplier de te pardonner…
- J’attends !...
- …J’étais à la messe ! Béa veut dire béatitude à 3 heures…
- A quelle messe ? Quelle paroisse ? T’es devenu chrétien, toi ?
- La religion, c’est perso... C’est ainsi. Je ne cherchais rien… pour moi, la foi, c’était des blagues, en arpentant je ne sais plus quel boulevard, j’ai voulu en avoir le cœur net. Je suis entré dans une église, sur la porte était écrit « messe de béatitude à 15 heures ». Je suis entré.
- L’illumination… t’as entendu des voix !... Pascal sur le pont-Neuf !
- J’ai écouté. Puis non, ça n’a pas marché. En sortant, je n’y croyais toujours pas.
- C’est curieux de noter dans ton agenda des rendez-vous après coup ! C’était bien le hasard, n’est-ce pas ? Tu ne savais pas que c’était à cette heure-là que tu avais rendez-vous avec la foi ! Je t’ai connu plus inventif…
- J’ai noté après. Pour me souvenir. C’est pas tous les jours que je vais à messe… Voilà tu me fais avouer des choses… tellement intimes… mais quelle femme es-tu ? C’est bien un discours de bonne femme, cette suspicion, cette mauvaise foi… ah ! c’est vraiment… vraiment…
- C’est dommage que tu n’as pas trouvé la foi le 27, il te faudra autre chose le mois prochain, quand j’irai chez ma mère…

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