« Un café de l’amour à Liège ? | Accueil | Je suis un con ! »

Le Club des 54 !

Si vous ne savez quoi faire comme métier, un qui a de l’avenir et où on embauche, c’est celui de ministre en Belgique.
On ne sait pas qui les a comptés. C’est une sorte de record dont nos finances auraient pu se passer. Ils sont beaucoup. Pour un petit pays, c’est le record absolu et je crois que pour un grand comme la France, qui en compte 38, nous leur en imposons avec nos 54 ministres !
La vie politique nourrit son homme en Belgique. Tout qui monte sur une estrade avec deux idées en tête, il y en a au moins une qui pousse à postuler un ministère.
Ah ! l’être au moins une fois ! « J’en suis » a dû rugir de bonheur l’ancien du Patro, Jean-Mi Javaux, quand il est revenu ce soir-là à la maison. Il en est même tellement que les jeunes socialistes (je croyais qu’il n’y en avait plus !) ont dénoncé ce nouveau cumulard, surtout dans un parti qui s’était fait une vertu de détruire l’instinct de cumul chez nos bêtes politiques.
Nos 54 ministres ont la javauxite depuis toujours.
Le Belge est épargnant. C’est une fourmi qui a horreur des cigales. Une raison qui rend la vie d’artiste quasiment impossible, mais prépare le terrain des cumulards, dans l’esprit de « on ne sait jamais ». Et c’est vrai que ces bougres qui ont traversé si facilement la crise qu’ils croient que nous en sommes sortis, sont à la merci d’une disgrâce d’apparatchik, d’une affaire qui tourne à l’inculpation, d’un désintérêt des foules, etc… tant de facteurs perturbants qu’ils ont le cumul plus en réflexe qu’en réflexion…
Et dire que Di Rupo, toujours en toute modestie, se vantait d’avoir œuvré à la diminution des effectifs par l’intégration des mêmes majorités régionales et communautaires dans l’organisation nouvelle ! Ce qui frappe justement, malgré les dégraissages claironnés, c'est la quantité de maroquins attribuée à nos excellences !
Vingt-trois ministres et secrétaires d'Etats au fédéral. Huit à la Région wallonne, huit à la Région bruxelloise, sept à la Communauté française (avec cinq ministres émargeant déjà aux entités régionales), neuf à la Région flamande et quatre à la communauté germanophone.
Le total est donc arithmétiquement de 54 ministres et secrétaires d'Etat.
C’est une sorte de triste record que d’aucuns trouveront indispensable pour assurer un semblant de pacification entre les Communautés, même si les compétences finiront pas se chevaucher et qu’il y a déjà sous roche cent et une manières de se faire la gueule entre ministres sur la répartition des pouvoirs.
Il y a étoffe pour monter un club d’anciens et de nouveaux ministres et, avec ceux qui y sont passés et qui n’y songent plus, il y aurait de quoi remplir la grande serre de Laeken pour une réception aux anciennes gloire du royaume. On voit d’ici les fils d’Albert circuler parmi les groupes comme des ouvreuses avec leur petit panier et crier « qui en veut ? » en montrant les décorations en vrac, les ordres de ceci, les léopoldineries de cela, agitant les rubans, épinglant et congratulant qui en souhaite ! Car, et de bien entendu, les congratulations, les médailles et les cordons, ça se passe toujours entre eux et jamais entre nous… Qu’en ferions-nous ?
Pourtant le Belge n’est pas particulièrement ardent patriote. Il serait plutôt échaudé par les forts en gueule qui veulent à eux seuls le petit bout de patrie sur lequel ils sont nés. Par contre, avoir un boulot de ministre…

caballero.JPG

Revenons à Javaux, 42 ans : « une légende est née ». C’est fou comme il a changé depuis le Patro des culottes courtes et des messes dominicales. La plus radicale transformation, elle se vit au présent. Javaux n’est plus le même homme depuis que l’électeur l’a consacré, d’abord roi d’Amay, puis roi de Béotie avec l’écologie porteuse du songe (creux diront les sceptiques) de modeler le capitalisme en parc naturel, avec moulin à vent et enclos pour les biches. Son œil de pétillant est devenu brillant de ruse. Son argumentaire s’est enrichi de son assurance. Il a lâché son meilleur ami Reynders (qui se ressemblent s’assemblent) pour des raisons de fine politique, afin de constituer une majorité tout aussi libérale que celle que son choix a évincée, mais qui offre l’avantage de l’illusion que celle-ci va œuvrer plus étroitement avec le peuple !
On entre de plein pied dans la realpolitik du campionissimo du genre : Elio Di Rupo, lui aussi « homme de gauche » et partie prenante d’une organisation tricéphale dirigeant une armée mexicaine de caballeros prête à tout pour passer l’été à l’ombre de ses grands chapeaux.
Ce qui est tragique pour l’électeur qui a cru en changeant d’hommes qu’on va changer les mauvais principes contre les bons, c’est de s’apercevoir que le système économique avec ses énormes inégalités, les fantasmes des richissimes et l’absence de scrupule généralisé, est lui toujours bien en place, avec ou sans Reynders, Michel et consort, et cela que l’on ait fait du droit ou de l’économie politique, que l’on soit sorti d’Harvard ou d’« aux buses » des hauteurs d’Amay.
Les Verts succèdent aux Rosés dans la manipulation de l’opinion.
Capitalistes résignés ou capitalistes convaincus qu’importe, les voilà entrés dans la ronde des soutiens aux banques, des marchés mondiaux et de la loi de l’offre et de la demande, passant pareillement de l’ampoule classique à 50 cents à l’ampoule « économique » à 5 euros cinquante pour bientôt. Cela ne va pas bouleverser le monde, cela va seulement bouleverser le pouvoir d’achat des petites gens. On voit bien l’insignifiance de la critique résiduelle d’une infime partie de la population…
Au nom du club des 54, merci.

Poster un commentaire