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Un pensum pas comme les autres.

-Delphine, je suis emmerdé !
-Voilà ce qui arrive à force d’emmerder les autres, on finit par s’emmerder soi-même.
-Ce n’est pas de cet emmerdement là qu’il s’agit…
-Ah bon ! C’est quoi alors, à propos de ton sujet du jour ? Tu sèches, ma vache… J’en étais sûre.
-C’est rapport au genre.
-T’as le génie du mauvais genre !
-Non, justement. J’ai de plus en plus de lecteurs…
-Tu ne vas pas dire que c’est ça qui t’embête, vaniteux comme tu es…
-Bien vrai, ça me fait plaisir. J’en suis flatté. Mais, j’ai l’impression qu’on me prend pour ce que je ne suis pas.
-Sans blague ! Le succès te monte à la tête. Ça débute toujours ainsi. On se croit incompris. Je ne suis pas fan de ton blog, si c’est ça que tu veux savoir. C’est trop long et c’est en trop petits caractères.
-Parfois, j’en ai marre d’écrire ce que j’écris. Voilà ! Je veux pas jouer un rôle…
-Mais n’écris plus. C’est facile.
-Non, j’aime ça, l’écriture. Avec la lecture, ce sont mes seules passions.
- Pour une femme, ça fait plaisir à entendre.
-Je ne veux pas parler de nous, bien entendu. Il s’agit d’une passion métaphysique…
-…et non pas physique ! de mieux en mieux.
-Je suis victime du goût des autres et je m’y spécialise. Par…
-…hypocrisie. C’est que tu es un affreux faux cul, je sais…
-Et puis, merde, ce que je voudrais dire, c’est que je sais faire autre chose et que je ne le peux plus, puisque c’est ma fine description des bas-fonds de la politique politicienne qu’on demande.
-T’es pas journaliste, tu dépends de personne, en plus tu touches pas un rond de ta chronique au quotidien ! Mille fois non ! Alors qu’est-ce qui te dérange ? Fais autre chose ! Mais si tu le fais, c’est pour épater les gens, qu’ils disent : « Richard, tout de même, où va-t-il chercher tout ça ? ». Hein ! ma vache, tu veux épater la galerie… Tu délires, pauvre cloche…
-C’est que parfois je me lève avec le sentiment profond que je m’en fous, que je vais me sortir vite fait de ce blog à la con, que rien ne sert à rien et que s’il y a bien une chose que je sais…
-…c’est que tu ne sais rien. T’es pas le premier pour le coup… Alors, ne le fais plus.
-Puisque je te dis que j’aime écrire.
-Tu commences à m’embêter. Si je comprends un peu ce que tu essaies de me dire, c’est que ton côté jean-foutre voudrait voir resurgir ton côté anar… la crapule veut prendre le dessus…
-Oui.
-Eh bien ! lâche-toi. Fais-le. T’es déjà un rien vulgaire en balançant mes photographies que tu mélanges avec celles de tes vielles putes…
-Sans compter que ce truc dérive dans le bon sentiment, les conseils et les remontrances. Bref, j’attrape une âme de scout, et ça me fait chier. Les bons sentiments m’usent…
-Hier, tu volais au secours des malheureux qui se sont fait avoir par le travail et qui ont mis fin à leurs jours. C’est bien, d’avoir balancé ce que tu avais sur le cœur ! T’étais humain…
-Oui, pourtant j’ai bridé ma nature. Je me suis tu sur ce qui grouille en moi, mes tréfonds.
-Pourtant sur la fin tu y allais fort…
-Je suis comme Flaubert, je pense que la seule attitude possible pour un honnête homme, c’est de courir dans la rue et pousser à l’émeute. Le malheur, c’est que je ne suis pas Flaubert…
-Tu peux toujours descendre dans la rue, invectiver les gens, gueuler que la guerre civile, c’est la seule solution… et te faire embarquer chez les dingues pour une cure.
-…en même temps, je ne me sens pas l’étoffe d’un héros…
-T’es quoi, alors ? Un pousse-au-crime ? Un lâche ? Un Sancho Panza ? Un nul ?
-Tout ça et rien à la fois. Il m’arrive aussi de me dire « ce soir, je vais leur balancer ma poésie en pleine tronche »…
-Ah ! nous y voilà. L’artiste réclame son parterre. Son moment de grâce ! T’es malade, parole !.
-Tu trouves qu’elle est boursouflée, démodée, cucu en un mot ?
-Richard, tu m’emmerdes. Tu te mets à plat ventre pour que je te dise que ta fabrique d’alexandrins ronsardisant, tes guimauves grivoises, tes dysenteries énamourées, tes cunnilingus verbaux sont malgré les boursouflures, dentelles et vieilles peaux, finalement montrables ? Compte pas sur moi…
-T’as raison, c’est de la merde.

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-Voilà un quart d’heure que tu me gonfles. On parle de quoi, sinon de toi, toi tout seul, égotiste parfait, Narcisse admirable, éjaculateur précoce dès qu’il pense à lui ! Et moi, alors, je n’existe plus ? Je suis quoi, moi, pour toi, pauvre cloche qui joue aux grands auteurs ?
-Ecoute Delphine, notre conversation prend une méchante tournure.
-C’est ça. Quand je te pose les questions que j’ai envie de te poser, ça prend une méchante tournure.
-Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
-Oui, mais tu l’as dit.
-Franchement, je croyais que tu pouvais m’éclairer.
-Voilà, nous y sommes, la muse dont la mission était d’éclairer, n’éclaire plus ! Fiche-moi la paix avec tes états d’âme. T’es un anarchiste aux petits pieds. T’es le plus parfait Jean-foutre que je connaisse. Sauf que t’agis pas comme tu voudrais, tout ça pour qu’on t’adule… T’as peur qu’on admire pas tes mille-pattes à quatorze pieds… tes descriptions de paysage et tes fines perversions quand il t’arrive de bander… T’es un libéral rentré, une sous-merde... j’aurais dû épouser Albert !
-Qui c’est celui-là , Tu m’en avais jamais parlé !
-C’est un type qui sait pas écrire, qu’a jamais lu un livre, qui s’en fout qu’on exploite le péquenaud de l’horloge pointeuse, vu que lui a une Rolex.
-Comme ce pou de Séguéla !
-Et alors, Albert tire une fortune de ses pets. Il est débile, mais heureux. Il veille à ses intérêts, donc il est de droite. C’est pas un besogneux de ton espèce. On sent le pognon chez lui. Dès le vestibule… le parquet grince, il dit que c’est la plainte des cons qui travaillent…
-Où t’as rencontré ce phénix ?
-Il fait trader chez Lévy et Lévy et il t’emmerde.
-Je suis Alceste. Tu es Célimène… frivole, coquette et moi l’amoureux penaud…
-Exact, atrabilaire en plus…
-C’est dégueulasse, ce que tu me fais.
-Au moins, ça te fera une copie pas comme les autres. C’est ce que tu souhaitais, non ?

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