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Big Brother is watching you !

Orwell écrivit son roman « 1984 » en 1948. Il lui suffit de transposer les deux derniers chiffres de la date, pour le titre et en faire un roman d’anticipation.
Vingt cinq années se sont passées depuis 1984, date de l’action, et rien n’est survenu de comparable.
Sauf que le concept de Big Brother, entré depuis dans le langage de la critique des techniques modernes de surveillance, n’était pas si mal vu. Il existe bel et bien !
Aujourd’hui en 2009, on pourrait écrire sans trop grand risque d’erreur « 2090 », roman d’anticipation. Non pas que nous fussions de meilleurs devins, mais parce que nous disposons de données plus précises à moyen terme, sur le devenir de notre civilisation.
Le propre des fables est de noircir le monde dans lequel nous vivons. Cependant, sans être trop extravagant, on peut situer entre 2009 et 2090, la possibilité d’une nouvelle guerre mondiale, pour des raisons précises.
A la fin d’une vie d’homme, ceci pour les enfants qui seront nés dans la première décade du troisième millénaire, Big Brother sera complètement au service du pouvoir économique qui règnera sans partage sur les États qui auront toujours une vocation démocratique sur le papier, mais dont la réelle portée aura complètement dénaturé le sens de la liberté individuelle.
Les prévisions de Hubbert (voir sa théorie du Pic) ont situé vers 1995 l’équilibre de l’offre et de la demande en matière pétrolière. En 2050, nous serons largement dans la phase d’extinction du produit. C’est alors que les intérêts arabes de conserver des relations amicales avec les Occidentaux n’auront plus de sens.
Sans autre alternative d’une nouvelle force motrice toujours à découvrir, les dernières réserves de pétrole seront des enjeux stratégiques de première importance. Les moyens écologiques de produire de l’énergie et principalement du courant ne pourront suffire. La plupart des centrales atomiques seront sur leur fin et le problème se posera du stockage des déchets.
Le monde pourrait alors se diviser en deux blocs. Big Brother essayera de maintenir sa puissance économique sans les moyens de croissance. Il se verra contraint de ravir les dernières réserves de pétrole en faisant la guerre au bloc intégriste religieux islamique.
La parabole du despotisme moderne d’Orwell n’aura pas le scénario original prévu, sauf que le vainqueur des deux blocs sera obligé d’appliquer le totalitarisme orwellien pour survivre.
Un parti unique aura la mainmise sur les archives et fera accepter sa propre vérité historique en la truquant. La désinformation et le lavage de cerveau seront des techniques d’usage courant pour asseoir sa domination. Il fera disparaître des opposants trop encombrants et on les fera passer pour des traîtres, des espions ou des saboteurs.
En d’autres temps, des dictateurs ont essayés ces techniques avec succès.
Et ce, quelque soit le camp vainqueur.
Tôt ou tard le travail de l’homme se modifiera.
Les monuments les plus impressionnants finissent par s’effondrer. Il n’est pas d’exemple qu’une civilisation résistât au temps de façon constante. Le déclin suit nécessairement l’apogée, donnant naissance à autre chose, parfois aussi en touchant le périgée, avant de disparaître.
Nous n’avons pas su partager équitablement les richesses dans les démocraties. Ce sera leur perte. Nous avons cru intelligent de sanctifier un travail qui rend esclave, ce sera la fin de l’économie capitaliste. Mais pas celle des riches.

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L’enfer de Dante était le lieu où il précipitait ses ennemis. Depuis 2001, nous avons le nôtre où le pouvoir précipite ceux qui lui résistent.
Déjà nous ne sommes plus certains que la démocratie n’est pas un leurre mais un acquis, que nos hommes politiques sont efficaces et disent le droit des peuples, avant le droit du commerce et de l’industrie.
Le consumérisme a désagrégé la cellule familiale, à défaut d’avoir dissout le corps social qui n’a jamais été vraiment solidaire.
Qu’arrivera-t-il à l’économie lorsque la croissance seul facteur d’entente s’essoufflera au point de ne plus repartir entre deux crises ?
La crise en 2008, la reprise certainement pas en 2010, quoique en disent les Je-sais-tout.
La croissance zéro ou la décroissance, sait-on au juste ce que cela signifie pour des millions de gens qui glisseront de la médiocrité qui était leur sort à la pauvreté la plus complète ?
La population acceptera-t-elle que des parcs privés soient les seuls endroits où il fera bon vivre ?
Trouverait-on justifié qu’on les gardât par la police comme des trésors devant la fureur populaire ?
On voit bien inéluctablement que cette situation telle décrite conduit à la guerre, nécessaire, sainte, voulue par les deux blocs pour des raisons apparemment différentes, mais secrètement les mêmes !
Les dirigeants des deux bords seraient apparemment opposés mais secrètement d’accords pour épuiser dans le sang la vigueur des peuples.
D’un côté au nom d’une démocratie décidément bien morte, des millions de soldats partiraient défendre une utopie aux confins du monde Occidental, tandis que leurs adversaires crieraient au milieu de leurs déserts « morts aux infidèles ».
Sans oublier qu’à cette apocalypse fût épargnée l’arme atomique que les antagonistes emploieraient simultanément en étant persuadés que l’autre camp l’utilisera de toute façon.
A cette effrayante suite d’Orwell, les éléments naturels dont il ne soupçonnait pas la puissance hausseraient les océans, chassant des terres basses des centaines de millions de personne, tandis que la faim gagnerait de part et d’autre du champ de bataille.
On en frissonne à l’avance !

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