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La connerie et son principe anthropique.

Si nous lisions un peu plus souvent les philosophes grecs anciens, nous ne la ramènerions pas trop sur nos connaissances et à commencer par celles de l’univers.
Ils disent, ces madrés, que si nous observons l’univers tel que nous le connaissons, c’est avant tout parce que nous nous y trouvons. C’est une lapalissade qui n’est pas aussi sotte qu’elle en a l’air.
Certes, c’est un avantage pour certaines observations. C’est comme si nous nous serions miniaturisés afin d’entrer dans le corps du virus AH1N1 pour l’observer de l’intérieur.
L’inconvénient, c’est qu’il nous est impossible de faire certaines observations qui ne peuvent être faite qu’en-dehors de l’univers, comme nos observations AH1N1 sous les lentilles du microscope. Cela nous est évidemment impossible.
D’où l’impossibilité de décrire parfaitement l’immensité qui nous entoure, donc de percer nos origines et celle de l’univers.
C’est Schopenhauer qui définit le principe en l’élargissant à toute science incapable d’atteindre une réalité en soi, d’où la confusion faite entre l’univers conçu et un univers supposé objectivé en dichotomie du sujet concepteur.
Si bien que toute théorie qui nous implique colle à notre existence propre, soit pour la démontrer, soit pour déboucher sur une impasse.
Ainsi se dépeignent les deux principes anthropiques : le faible et le fort.
Qu’on se rassure, je ne vais pas entrer dans les deux définitions.
Ce préambule est là juste pour affirmer ce que Malebranche a écrit de plus censé de toute son existence, à savoir qu’un doute supérieur plane sur toute spéculation.
Qu’on se rassure encore, ce n’est nullement par des détours subtils vous écrire ce que je pense sur la « raison classificatoire » de Patrick Trot, mais tout simplement pour dénoncer le ton péremptoire, la face pleine de certitudes de nos docteurs, qu’ils soient du barreau ou des cliniques universitaires, lorsqu’ils nous démontrent que nous n’y connaissons rien.
C’est le grand malheur de la plupart des « érudits » de s’isoler dans un savoir qui les place – selon eux – dans des sommets à ce point inaccessibles que la plupart des gens n’y ont pas accès.
Certes, le rôle d’un médecin n’est pas de réduire au compréhensible la somme des recherches qui ont conduit à son diagnostic, mais, il y a dans certaines arrogances plus qu’une distance de celui qui sait à celui qui ne sait pas, qui s’appelle l’arrogance du savoir ou la muflerie.
Au reste, la simplification est un art extrêmement difficile, et la plupart des gens doctes y sont complètement étrangers. C’est comme si on demandait à un épicier d’écrire dans son livre de compte à la manière de Flaubert.

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Cette société, puisqu’il faut bien en venir à cela, dans ses façons de spécialiser tout et n’importe quoi, en est arrivée à créer des strates comme un géologue les découvre en coupe sur le terrain, avec des lignes bien nettes des périodes qu’il étudie, si bien qu’une hiérarchie de l’esprit s’est créée dans laquelle se meuvent comme des poissons dans l’eau des gens dont les disciplines embraient directement sur l’argent qui tombe dans leur porche en vertu de la spécialisation choisie.
C’est le critère majeur. Ce que vous gagnez par votre savoir est directement lié à l’importance sociale que vous en retirerez. Autrement dit, Bernard Palissy était un con, puisqu’il n’a jamais tiré un sou de sa découverte.
De toute évidence, un philosophe, malgré son cursus, passe nécessairement pour un imbécile face à un grand spécialiste tellement pointu dans sa spécialisation qu’il est pratiquement le seul dans un territoire grand comme une province à prendre des airs sérieux et des mines compassées en vous accordant cinq minutes pour vous dire qu’il ne donne pas cher de votre peau, ce qui n’empêche personne de finir centenaire.
On a l’impression que parfois certaines grandes spécialisations sont le propre d’une catégorie de professionnels qui sont au-delà de leur prestigieux savoir, de parfaits cuistres, sinon de parfaits imbéciles.
« Les diplômes et les statuts qui en sont les causes directes et les récompenses constituent une compensation facile, un masque commode derrière lequel se dissimulent les insuffisances, les débilités, les inconsistances personnelles ». Cette citation de Jung (Dialectique du moi et de l’inconscient, édition Folio Essais), correspond tout à fait à ce que je pense depuis longtemps. Et je me demande si cette société de petits cons instruits ne devrait pas d’abord et avant tout se demander si on ne va pas un jour se faire avoir par des gens qui ont dépassé leur niveau de compétence dès l’école primaire dans la connaissance de ce que valent les hommes et qui saturent les médias et les allées du pouvoir de leur présence ô combien célébrée.

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