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Le trognon des gens.

Ce n’est pas moi qui le dis, mais Pascal Blaise, un gars bien vu des sacristies, rapport à sa conversion miraculeuse et puis à ses écrits rigoureux et sa fin de vie qui fut austère.
« Il vaut bien mieux s’examiner par nos comportements « au-dehors » que par nos motifs « au dedans ».
Lui aussi sentait déjà l’oignon, de ces grandes envolées fracassantes sur la morale et l’avenir de l’humanité, suivies de quoi ? Mais de rien, Madame, sinon de cette petite vie toute dévouée au fric, à la manière de s’en gaver ou de s’en passer faute de talent adapté à son ramassage, de ces talons rouges de l’orgueil et de la haute opinion de soi et la manière de se faire reluire par la plus sotte postérité qui soit au monde : l’opinion publique quand elle est manipulée.
Nos grands de la politique sont tout de même passés par les écoles, ont étudié les classiques et il n’en sort pas de tout ça une once de dérision à propos de leur orgueil, de leur langue de bois, de leur pose devant l’histoire, quand la population s’appauvrit et que la misère monte !
Quoique le mot « comportement » fût fraîchement introduit dans la langue du temps de Pascal pour désigner « l’objet de la psychologie de réaction », les Anciens philosophes, de Socrate à etc. se posaient déjà la question : Pourquoi tant d’écart entre ce qu’on dit et ce qu’on fait ?
Bien plus tard, L.-F. Céline gouaillera : l’hiatus de ce qu’on paraît et ce qu’on est, passe par la connaissance du trognon de l’être !
Ah ! le trognon de ceux qui se réclame de la démocratie au pied de l’Acropole !
L’idiotie de vanter le précurseur Solon, c’était il y a deux mille cinq cents ans et des poussières, Solon l’inventeur de la démocratie, puis de brailler contre la lutte des classes, cette antinomie parfaite de la démocratie, alors que précisément c’est lui l’inventeur de la lute des classes, parfaitement, bien avant Marx, puisqu’il avait divisé la société athénienne en 4 classes bien distinctes, selon « la richesse » des citoyens ! A la différence avec les durs Bakounine et Engels, qu’une classe ne savait prendre le pouvoir sans les trois autres.
Ce qui n’empêcha pas le système de tomber souvent sous la coupe de tyrans

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Le trognon des gens !... Je ne parle pas des enfoirés qui prennent pour du bon pain tout ce qu’on leur balance, mais des aigrefins, ô quelques-uns qui sont parfaitement au courant et qui agissent comme s’ils étaient convaincus de ce qu’ils pensent.
Alors, eux, leur comportement « au dehors », c’est quelque chose, par rapport à « l’au-dedans ».
Un autre ancien, moins lointain, puisque du Bas-Empire (faillite de l’empire romain), Boèce, homme d’Etat, issu d’une grande famille à pognon et philosophe par goût, incarcéré pour trahison par Théodoric, roi des Goths et roi d’Italie, eut tout loisir durant une année d’incarcération de se faire à l’idée de ce que nous allions devenir, puisque lui, son sort était fixé. Il ne se trompait pas puisqu’il fut décapité, et sur le nôtre, non plus, tant on le croirait un de nos Européens modernes.
Il s’intéressait à notre trognon, selon Chinon, dont on ânonne dans les écoles son « connais-toi toi-même », sans expliquer aux adolescents qu’on ne se connaîtra que rarement et pour beaucoup, jamais. Tant mieux dit Bernanos : « Se connaître est la démangeaison des imbéciles ». Mais ce n’est pas partir à la connaissance de ses limites, afin de devenir de plus en plus performant « en se connaissant mieux ». Se connaître selon Chinon, s’est s’approcher au plus près des noirceurs du fond de l’âme..
Boèce entendait la voix de dame Philosophie de sa prison où il vivait dépouiller de tout : « Tu devrais me remercier, disait-elle, d’avoir eu l’usufruit de biens qui ne t’appartenaient pas ! et tu n’as pas le droit de te plaindre comme si tu avais perdu tes propres biens ».
C’est à méditer pour tous les détenteurs de parachutes dorés et de traitements de nabab.
Et dame Philosophie de poursuivre : « Si tu voyais dans une assemblée de rats, un seul d’entre eux revendiquer d’exercer des droits et une autorité sur tous les autres rats, de quel éclat de rire ne tremblerais-tu pas de tout ton corps ? ».
J’attends de nos illustres qu’ils parlent un peu de leur trognon de cette façon-là afin d’illuminer nos jours des vérités enfouies dans la société d’apparence.
Et enfin, juste avant de se faire trancher le col, Dame Philosophie lui susurrera : « il nous est impossible d’estimer, en raison de leurs fonctions honorifiques dignes de respect, des gens que nous estimons précisément indignes de les exercer. »
Mais allez leur dire cela à nos illustres que leur trognon, s’ils nous le cachent le plus souvent, c’est parce qu’ils savent combien il est méprisable.

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