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Au choix : Daerden ou Van Rompuy ?

Tout qui écrit sur les événements impliquant des personnes se pose des questions « Est-ce juste d’accabler celui-ci, plutôt que celui-là ? Mes griefs sont-ils fondés ? Est-ce que je n’obéis pas sans réfléchir à l’impression de la meute ? Est-ce que ce n’est pas une caricature plutôt qu’un portrait, que je suis en train d’écrire ? ».
« Nichts sagt » dit Kant qui trouve qu’un visage régulier est inexpressif.
Passer du portrait physique au portrait moral relève de la gageure. Cela suppose qu’on lirait sur le visage des gens ce qu’ils sont, leur trognon dévoilé dirait L.-F. Céline. Ce n’est pas chez certains une lecture aussi simple que sur la physionomie d’un Eric Besson !
Ceux qui écrivent pour être lus des autres, c’est-à-dire pratiquement tout le monde, forcent le trait psychique plutôt que physique. Pour une fois, la morale semble en harmonie avec la société d’apparence qui juge très mal de se moquer des imperfections des disgraciés de la nature.
A juste titre, si Dehaene et Michel sont des obèses, on ne peut pas l’écrire sans risquer d’être vilipendé par des censeurs. On aura beau dire que le rapport qualité poids transparaît dans les personnages, le défaut se retournera contre son dénonciateur. La couleur de peau et la nationalité n’ont plus leur place dans l’écrit, puisque cette partie du discours est aux franges de la loi. Si bien qu’à la limite, il vaudrait mieux écrire que son Excellence Paul BIYA est Camerounais, plutôt que Paul BIYA est Noir.
Je passe sur la façon d’aborder les « portraits » des protagonistes du conflit palestiniens. Les débordements verbaux friseraient la Correctionnelle dans le chef d’une hardiesse d’expression qualifiant les Israéliens, tandis que l’opinion serait moins attentive à une insulte qualifiant les Palestiniens. Dame, nous sommes des occidentaux qui avons choisi notre camp, n’est-ce pas !
Enfin, il reste les faits de tous les jours que l’on trouve en pâture dans les Agences de presse et dont on picore à volonté le garde-manger selon ses sympathies. .
Ils ne sont pas simples à démêler. Heureusement la vie d’un homme public, comme le qualificatif l’indique est à verser parfois dans la rubrique des faits divers politiques et donc parfaitement traitable au même titre que le non-événement médiatique des mêmes qui n’ont rien à dire, mais qui le disent d’autant. La bourde, le ridicule et le mauvais usage de la langue font un vivier de la rue de la Loi et autres hauts lieux du pataquès.
On se souvient de la manière de Michel Daerden d’apostropher les gens afin de démontrer sa popularitéde devant les caméras au sortir du terrain du Standard. Il faisait penser à Amin Dada appelant par des claquements de main les alligators d’une rivière sur laquelle il naviguait en compagnie de visiteurs étrangers. « voyez semblaient-ils dire, l’un et l’autre, sans s’être donné le mot, comme ils m’aiment ! »
On en déduit aisément que le ministre Daerden est un ivrogne, doublé d’un guignol.
Par la suite, tout faux pas de l’homme sera étiqueté « populiste ». Ses virées seront définies comme une manière « clownesque » de chercher la sympathie des foules. La question est de savoir si vraiment, c’est bien le personnage et si ce n’est pas de la caricature ?
On a trop souvent devant soi des « mannequins du droit » qui se surveillent trop pour laisser voir aux autres ce qu’ils sont réellement. Un excès d’engouement, une naïveté, l’amour légitime d’un père, sont-ce des défauts ou une certaine forme de franchise qui rendrait l’homme plutôt sympathique, s’il ne s’agissait d’un homme de parti ?
Si j’avais à choisir entre deux vérités, celle d’un Herman Van Rompuy et celle d’un Michel Daerden et que les arguments seraient équilibrés de part et d’autre, je me demande si je n’opinerais pas plutôt pour ce dernier, en faisant abstraction que l’un est Flamand et l’autre Wallon ?
Parce que je me méfie des gens qui se retiennent. On ne sait pas ce qu’ils pensent. Il entre dans leur réserve une peur bleue d’être démasqués qui passe pour de la retenue.
En bref, nous faisons de la physiognomonie (1) plus souvent que de la déduction d’après les faits politiques..

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Or, nous sommes dans un système dans lequel les individus « du dessus du pot » ne possèdent qu’une autonomie de décision assez faible par rapport aux contrats qui les lient dans les partis et dans les instances des parlements et des gouvernements.
Autrement dit, nous exagérons leur rôle et l’importance de leur personne. Nous croyons qu’il font la politique, alors que c’est la politique qui les fait !
Ils ne se démarquent de l’ensemble que lorsqu’ils oublient de respecter un contrat, lorsqu’ils volent dans les caisses, comme c’est le cas parfois ou lorsqu’ils contestent un président, comme le fit Christine Defraigne.
« Tout ce qui s’écarte du sens, s’individualise et contrevient » ainsi se résume la pensée secrète des présidents de parti.
Dans de rares exceptions l’éditorialiste n’a pas besoin de forcer le trait pour être compris. C’est paradoxalement dans ces moments de vérité qu’il devient prudent !
On se souvient des affaires en cascade qui ont découlé de l'enquête de la juge Ancia sur l’assassinat d’André Cools. Jamais les éditorialistes n’ont été à la fois aussi près de démonter les rouages d’un parti, en l’occurrence le parti socialiste, et aussi éloignés de le faire à cause de l’idée reçue de ce qu’est une démocratie en Belgique et du lamentable simulacre dans lequel le pays était plongé. Et c’est à cause de leur hésitation, de leur manque de courage que nous vivons toujours dans l’équivoque d’une large particratie (2) en Belgique.
C’est dans les tensions d’une crise comme celle que nous traversons que nous nous en rendons compte avec le plus de regret.
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1. La physiognomonie est l’art de juger d’après la forme visible d’un homme, et donc d’après l’extérieur, ce qu’il est à l’intérieur de lui-même, dans sa sensibilité ou sa pensée.
2. Pamina « Sous les pavés, la plage », in La Libre Belgique, 10-XII.09 (La Belgosphère)

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