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Diam’s, à voile et à sueur !

…après son concert à l’Ancienne Belgique et les critiques élogieuses de la Libre.

Pour beaucoup, le rap est une poésie « libérée » d’expression populaire. Et on a raison de ne pas chercher plus loin, parce qu’elle n’est que ça dans la consécration officielle des médias. Ce n’est déjà pas si mal comme le dit Diam’s dans « Petite banlieusarde »
« Moi j'ai que ça, j'ai pas le bac, j'ai qu'un niveau de troisième
Mais malgré mes échecs scolaires ma nouvelle vie est une croisière »
C’est donc bien l’engouement populaire qui a relancé une forme « brute » - comme en peinture - de la poétique. Il y a un public qui finance Diam’s, sans rendre pour autant ses anciennes richesses à la langue, bien du contraire, en l’adaptant aux banlieues, en faisant fi du « bon usage » de feu Grevisse.
Le rap fait la nique aux « stylos des bobos », et perturbe les messieurs d’académie par son langage déstructurant. On y vient doucement dans les maisons de la culture, où les mots du patrimoine s’enterrent, tandis que s’y fortifie un langage qui n’est pas l’argot incisif des voyous, juste un patchwork décalé de mots puisés dans le brassage des peuples sans destin..
A une époque où ne s’achète et ne se vend que ce qui se désire, le rap a trouvé « un créneau » comme disent les commerciaux, avec ce que cela implique de rancoeurs et de frustration du côté des légions de laissés pour compte de la poésie, en regard des quelques rappeurs qui ont fait leur trou dans le commerce, et qui font écran à tous les autres, selon la règle de l’économie à l’écume des jours.
Cette dernière chance à la poésie délivre-t-elle un message ? A-t-elle une portée révolutionnaire ou s’implique-t-elle dans une société de consommation à ces derniers avatars?
Une partie de la réponse est sur Internet.
J’ignore si vous êtes comme moi, mais les mots en cascade des rappeurs me font une indigestion mentale. Ils seraient totalement inaudibles, si de temps en temps, le leitmotiv ne surgissait d’un flux, comme une armature sur laquelle le reste s’articule.
Le sentiment dominant, c’est la rage ! qu’elle soit au moins révolutionnaire, qu’elle porte des fruits… Eh bien non ! On est déçu. C’est la rage pour la rage, la rage-recette, genre plat du jour ! Pascal Quignard est terrifié par la haine de la pensée et la haine de la culture. « Vous savez, la vulgarité est une politique », dit-il.
« Je la voulais ma vie de rêve
Loin de la vie de merde de ma mère,
Pleurant sous les rappels du système
Entre le shit, les guns et les flics »
Diam’s voudrait que l’on déclinât son nom comme celui de Madonna, mais pas du tout comme celui de Rosa Luxembourg. Elle navigue entre Karen Cheryl et Catherine Le Forestier.
Les rappeurs sont-ils des artistes qui ont la rage parce qu’ils n’ont pas encore réussi ? Et dans ceux qui ont réussi, gardent-ils la rage en fonds de commerce ?
Pour la plupart, sans doute, mais il ne faut pas négliger ceux qui découvrent que l’ont peut survivre et rester digne rien qu’avec les mots des banlieues les plus crades.
Ce n’est donc pas un genre dénué d’intérêt.
Le cas de Diam’s est des plus simples.
Victime du désastre du parcage des humains dans des banlieues humainement insupportables, étiquetée « mauvaise élève » dans une scolarité imbécile qui ne consacre que les médiocres, son goût à faire de la thune la pousse à vivre autrement que marginale sur les quais ou demoiselle de caisse dans un supermarché.
La vogue du rap passe par là et c’est justement tout ce qu’elle sait faire.
La chance moud son grain et vend la farine de la rappeuse.
C’est tant mieux et pourquoi pas elle ? Tant d’impostures ont ainsi fait leur trou.

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Elle n’a nullement envie que les choses changent, puisqu’elle s’en est tirée.
« Car pour une fois dans sa vie ma mère est fière de sa gamine
Ma mère je l'aime à en mourir mais j' sais pas lui dire »… que de bons sentiments chez Diam’s sans l’ombre d’une « vraie » révolte. C’est pour cela que Thierry Ardisson l’adore.
Qu’à 29 ans, elle ait décidé de porter le voile islamique n’est même pas une « originalité » l’engageant dans une contestation par l’absurde, mais l’absurdité d’un esprit chimérique qui persiste depuis le coin cuisine où, enfant, elle faisait semblant d’étudier.
C’est dans son instruction bâclée que le bât blesse. Elle aurait pu au moins faire un effort de lecture tant à l’école, que dans la rue, à la découverte des auteurs populaires. Ainsi elle aurait pris connaissance dans son adolescence, du manifeste des 343 et aurait peut-être été influencée par Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi ou Elisabeth Badinter. Evidemment, cela aurait pu l’empêcher d’écrire à sa manière les choses vécues, donc de ne pas ramasser des sous. A suivre ce point de vue, elle aurait raison et moi, tort.
Cependant tout n’est pas négatif et rien n’est perdu. On ne sait ce que serait devenue Diam’s restée dans l’anonymat, peut-être une authentique révoltée ?
Le réconfort à la lecture des textes de rappeurs vient parfois d’un blog. On est surpris et ravi de reconnaître de la graine d’artiste… du François Villon, du Boris Vian en devenir chez certains blogueurs.
Paul Valéry avait la prescience du défaut commun du rappeur à succès « Chaque esprit qu’on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu’il faut pour se rendre perceptible ».
En plus du pourboire, « le temps qu’il donne pour se rendre perceptible » est un chouïa trop long pour l’authentique. Les temps sont au trompe-l’œil, au stuc et au toc.

Commentaires

La petite bourgeoise de NEUILLY SUR SEINE dans le 9 carré qui a toujours vécu dans le luxe en prétendant être la porte parole des cités fait bien de se taire… Elle devrait même passer du voile à la burqa !…

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