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Tourisme en Grèce.

Une des tares du journalisme, une plaie profonde diront certains, c’est le manque de suivi de l’info. On pourrait faire une rubrique « Que sont-ils devenus ? » à propos de l’actualité dans sa fuite en avant, sans cesse renouvelée et rarement rétrospectives.
C’est que le journalisme ne fait vendre le papier que dans l’immédiateté de l’info, avec si possible, du sensationnel ou jugé comme tel par les augures du bon à tirer. Quinze jours avant l’éruption minoenne, la mer Egée était calme, évidemment. Comment faire un papier sur une eau plate d’où allait surgir Santorin ? Quoique bien des signes avant-coureurs d’une explosion sociale soient autrement visibles en Grèce en cette fin de décembre 2009.
Ainsi en Belgique et probablement quelques pays plus au Nord, les gens seraient en droit de se demander «Comment ça va en Grèce ? ». On avait quitté le pays à feu et à sang, « La Révolte des jeunes » titraient les journaux, puis plus une ligne !
Le pays s’était-il soudain rendormi à la belge ?
N’est-ce pas une politique banalisée de l’Europe par sa Commission de « cacher ce conflit que je ne saurais voir » étant entendu que Madame Placide et Monsieur Lourdaud, les archétypes européens, ne peuvent tenir le coup qu’un jour ou deux sur des nouvelles explosives, avant de revenir aux résultats du championnat de foot ?
Concernant la Grèce, il semble bien qu’un rideau soit tombé entre eux et nous.
La Grèce est une bombe que Barroso, le docteur tant mieux de l’Europe, ne saurait voir. Que nous n’allions pas bien, c’est évident, mais qu’il y ait des Européens qui aillent encore plus mal, pour notre moral, c’est quasiment insupportable. Que serait le discours rassurant de Guy Quadden, notre banquier à tous, s’il fallait y inclure la Grèce dans les frémissements de reprise que cet homme du grand devoir bancaire croit voir à l’horizon 2010 ?
Avec 300 milliards d’euros de dette pour un petit pays, l’effondrement financier de la Grèce à côté du déficit belge c’est le tonneau des Danaïdes à la puissance V.
Barroso et Trichet se bouchent le nez et les oreilles. L’Europe ne peut aller au secours de ce cheval malade sans propager la peste à toute l’écurie. C’est comme si les Grecs envoyaient leur cheval de Troie sur la Grand place de Bruxelles et qu’à la faveur de la nuit, les jeunes, les sans travail et les pauvres honteux de Sparte et d’Athènes envahissaient en silence la ville pour y assiéger la Bourse !
Barroso n’est pas la belle Hélène et Trichet n’est pas Pâris.
Oncques nouvelles vous avez de tout cela ? Aucune ! On les avait quittés à la révolte des jeunes. Déjà on se demandait pourquoi ? Aujourd’hui, on ne veut pas voir ce qui se passe dans ce pays, notre mère à tous et à qui nous devons l’essentiel de ce que nous sommes.
Car la Grèce, berceau de la démocratie dit-on, sombre dans des luttes de clans, les Papandréou et les Caramanlis ; des effondrements partout présageant les tyrans, malgré le cuisant souvenir de l’époque des colonels ; la corruption exponentielle étendue du sommet à la base de l’Etat ; enfin une jeunesse qui fait la guerre une fois par mois à tout ce qu’elle déteste, et comme on la comprend !
Que je sache, pendant qu’on se mobilise pour ou contre l’entrée de la Turquie à l’Europe, on en oublie sa rivale grecque qui y est géographiquement installée et à laquelle on ne prête plus attention.
Cela aurait été une belle suite logique des articles de nos gazettes après les émeutes et les manchettes à la une « N’avons-nous pas des responsabilités à prendre pour sauver la Grèce du chaos ? » devrait-on lire en cette fin 2009 à la une des kiosques !
A défaut d’un regard et comme il faut bien occuper le sien, on lorgne vers la Roumanie en revenant aux heures du départ en enfer du couple Nicolae Ceauşescu, on montre du doigt les voisins bulgares. On ferait bien de descendre un peu en-dessous et envoyer des envoyés spéciaux à Athènes.

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C’est un vieux partenaire de l’Europe qui va mal, un utilisateur de l’euro, bref, un de nos intimes qu’on laisse tomber comme Huytebroeck a quitté les égouts mal en point de Bruxelles au nom de l’écologie branchée de Copenhague pour d’illusoires tractations au « sommet ».
Cette politique du parent pauvre caché, voilà des années qu’elle se pratique Rond-point Schumann en ignorant superbement le malaise grec dans ses finances et dans son corps social.
Un des Papandréou au pouvoir secoué par une Agence privée de notation (FITCH) promet que le peuple grec retroussera ses manches, alors que ce même peuple a déjà tant donné ; mais c’était pour la nomenklatura.
Des paroles en l’air, comme Nietzsche, Bruxelles s’y entend ; mais elle ignore la philosophie et même les simples lois de la physique, car à cause d’elles « une femme est tombée » ajoutait la métaphysique nietzschéenne. Ici, c’est un peuple qui tombe et Bruxelles regarde ailleurs, en Afghanistan par exemple, dans la parfaite indifférence de ceux que le libéralisme laisse au bord de la route.
J’ai l’impression que le Soir et la Libre passent à côté de quelque chose : le portrait d’une Europe langagière et putassière dirait Rabelais.

Commentaires

hello very nice article

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