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L’élite vue par Nollet.

Il fallait s’y attendre, Jean-Marc Nollet se prépare à modifier le système d’embauche de la Fonction publique de la Région wallonne et de la Communauté française.
Dans le recrutement actuel, ce qui choque c’est le népotisme des partis, avec la visibilité et la gêne pour tous, des passe-droits et du petit coup de pouce au bon moment.
Il faut bien sûr moraliser le secteur.
Mais, est-ce bien la manière dont Nollet veut le changer qui est la bonne ?
Il préconise un système à l’américaine pour la grosse centaine de hauts fonctionnaires concernés (administrateurs généraux, directeurs généraux, secrétaires généraux…) des administrations et des OIP (organismes d’intérêt public), c’est-à-dire les huiles, ceux qui nous coûtent la peau des fesses pour souvent un maigre résultat.
Et que veut-il faire ? Créer une école d’Administration qui serait en gros copiée sur l’ENA en France. C’est-à-dire former une élite à nous administrer. Comme si, avec le métier d’avocat surreprésenté et le diplôme en économie politique, la Belgique n’était pas arrivée à une saturation corporatiste !
Et pour quel résultat ?
D’où la question, comment une telle condensation de certificats de garantie en QI peut-elle nous fournir autant de cuistres, aussi éloignés des gens comme il n’est pas permis ?
De l’Administration aux Partis et dans les gouvernements de nos « bons élèves », chaque année voit son ballet de chaises musicales. Tout se passe en vase clos. Si bien que le citoyen a la désagréable impression, qui se confirme souvent, qu’il n’a plus voix au chapitre, que son opinion ne les intéresse pas. Il en découvre vite la raison principale. Ces personnages de la vie publique sont complètement déconnectés des réalités. Ils ne vivent plus comme des citoyens ordinaires. Les hauts salaires, l’argent facile ont transformé leur vie. Le public les découvre comme des extraterrestres.
Les mélanges savants s’étalent au grand jour. A telle place, il faut un socialiste, puisqu’elle était occupée précédemment par un MR, etc.. Ainsi se nomment encore les hauts grades, les magistrats et les généraux.
Pourquoi les partis socialistes d’Europe sont-ils particulièrement visés par ce décalage entre le politique et le citoyen ? Parce que ces partis sont en principe ceux qui devraient être au plus près de la sensibilité des gens. Il ne suffit pas de faire la tournée des mains à serrer sur les marchés pour savoir comme va la vie en temps de crise. Or, à bien voir les parcours de ceux qui ont la prétention de conduire le peuple vers un mieux être, on s’aperçoit qu’ils sont depuis longtemps parfaitement adaptés à une autre vie qui fut celle de leur père ou grand’père et que s’ils s’en revendiquent encore, ce n’est pas parce qu’ils en sentent toujours les fibres, mais parce que c’est électoralement profitable ; de même qu’ils s’enorgueillissent d’en être sorti en privé, sans trop oser pouvoir s’en prévaloir en public, hormis quelques vaniteux redondants.
Alors parfait, sélectionnons, resserrons davantage les boulons, Nollet va fabriquer une élite de l’élite, un jus super concentré, mais sera-t-elle plus efficace pour autant ? Sera-t-elle moins « prétentieuse » et élitiste, je me permets d’en douter.
Nos écoles supérieures produisent autant de cuistres et de petits cons, que nos écoles de coiffure y font succomber les intelligences supérieures qui s’y sont fourvoyées, parce que cette société est incapable de discernement et que son critère supérieur reste la condition sociale de départ. L’exemple du contraire y confirme la règle.
Autre anicroche, Nollet veut lier ce « brain-trust » aux heurs et malheurs des ministres et des cabinets. Bien, comment va-t-on les « recaser » dans la vie sociale ? Ils vont rentrer dans leurs administrations pour la plupart, mais avec quel grade et pour quoi faire ? Gare à ceux qui, entre-temps auront pris leur place ! Cela promet de sérieuses bagarres de pouvoir, avec doublons et dépenses supplémentaires.

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L’usage actuel n’est pas bon, c’est entendu. Ce sont les partis – souvent par leurs présidents - qui se chargent de recaser les « victimes » des changements de majorité. On en a même vus qui, par le fait du prince, se voyaient attribués des nouveaux postes, exprès pour eux !
Quant aux PDG des services publics, poste, télé, et parastataux, on les bourre tellement de billets de banque, qu’on est tranquille pour eux. Ce qu’ils ont amassé à la tête de leurs entreprises est leur meilleure carte de visite.
Une question intéressante qu’on ne pose jamais : pourquoi les paie-t-on aussi généreusement ?
Question que le privé pourrait poser aussi.
Parce qu’ils iraient voir ailleurs ? La bonne blague. On ne les attend plus nulle part depuis longtemps !
Comment faire pour que cela change ?
D’abord il faudrait changer Monsieur Nollet, une tête d’œuf qui n’a rien compris. Ça l’électeur pourrait le faire difficilement. Ces caïds sont toujours bien mis sur les listes électorales.
Ensuite, il faudrait revoir à la baisse les traitements de l’ensemble de cette haute administration qui tranche carrément sur les petits salaires de la majeure partie des employés de l’Etat et du privé.
Enfin, casser le moule de l’exclusivité universitaire, c’est un des moyens d’intéresser la population à la haute administration.
Notre société fonctionne cahin-caha sur quelques stéréotypes dictés par des professions dont la plus prégnante est celle d’avocat. Rien d’étonnant à ce que quiconque veuille arriver, en vienne ou en procède. De sorte que les personnalités faites du même grain, produisent la même farine.
Les exigences tournent autour d’un conformisme qui ne sert qu'à fabriquer un masque interchangeable entre les partis.
Hélas ! Monsieur Nollet est aux antipodes de tout cet argumentaire.
Je me demande s’il a jamais été jusqu’à faire ces réflexions en préparant les réformes qu’il propose à ses pairs ?
Va !... forcément, il est des leurs ! (licence en Sciences Politiques, option Relations Internationales). Mais quel néant !...

Commentaires

"Bien, comment va-t-on les « recaser » dans la vie sociale ? Ils vont rentrer dans leurs administrations pour la plupart, mais avec quel grade et pour quoi faire ? Gare à ceux qui, entre-temps auront pris leur place ! Cela promet de sérieuses bagarres de pouvoir, avec doublons et dépenses supplémentaires...". C'est déjà d'actualité. Devinez qui va enseigner à l'ERA (Ecole Régionnale d'Administration), quels vont être les titres académiques reconnus pour y pénétrer (surement le droit, science po, mais également ingénieur et économie + les professions organisée en Ordre)? On va recréer la situation de l'ancien MET (Ministère de l'Équipement et des Transports), où les ingénieurs civils et industriels (surtout les premiers) phagocytaient les postes de pouvoir (même chose avec l'ex-MRW, mais avec d'autres professions). Directeur de la compta, surtout pas un comptable, mais un ingénieur. Directeur des RH, surtout pas un psy ou un sociologue, un ingénieur. Etc. Le corporatisme règne en maître. Mais la pire des situations hiérarchiques pour le secteur public, ce sont les "top-managers" (Copernic au fédéral) ou mandataires (Région) qui viennent du privé. Ces types non, d'abord, aucune idée des objectifs d'une administration (Donner un service au public sans discrimination et appliquer les lois votées par les "représentants du peuple")et installent leur bonne doctrine libérale. Il ne faut plus accompagner l'usager ou le citoyen, mais donner dans "l'orientation client" (SPW). Tu es noir et fauché, dois-je ne pas te considérer comme un "client"? Tu sais payer? Non, j'emmerde leur "orientation client". La démocratie est véritablement en jeu. Pardonnez moi, Richard et visiteurs du blog d'avoir débité mon ressenti. Il y a un Honneur a être fonctionnaire (au delà du cliché), c'est celui de servir la collectivité sans profit personnel. Merci.

Je me suis rendu compte de mes fautes d'orthographes. Je vous prie de m'excuser. Je suis pris par mon émotion.

Je comprends votre émotion et je la partage aux noms de ceux qui ont fait le pays, de si petites gens dont les noms n'apparaissent nulle part et pourtant, si grands devant ces guignols !

Il y a un honneur à être fonctionnaire.
Mais les fonctionnaires qui n'ont pas d'honneur salissent celui des autres.

L'Allemagne a recommencé après guerre avec 300 fonctionnaires. Aujourd'hui, ils sont encore proportionnellement moins nombreux que chez nous. Ils sont aussi plus performants ce qui leur permet d'avoir des salaires élevés et les vacances "scolaires"

Pourquoi nos fonctionnaires sont-ils syndiqués? ils ont la stabilité d'emploi et de très bons salaires ainsi qu'une pension importante. Mais ils n'ont pas le courage de défendre leur salaire individuellement; ils ont besoin de sous-traiter cette action à un syndicat.

Les fonctionnaires suédois ont négocié leur salaire individuellement. On peut trouver dans une classe un instit. avec un salaire x et dans la classe à côté une instit. avec un salaire moindre à âge égal. Pourtant la Suède est un des pays les plus "sociaux" d'Europe. Et même un pays très socialiste.

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