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Pleins aux as.

Pourquoi y a-t-il toujours un bon pourcentage d’électeurs qui se décident pour la gauche ou pour la droite dans des proportions relativement stable, dans une fourchette assez proche de 50/50, alors que la droite n’a en réalité que 10 à 15 % de potentialité de voix par rapport aux intérêts réels de voter pour elle ?
L’appoint décisif viendrait donc de gens en situation inadaptée à un vote conservateur telles les catégories défavorisées, les salariés de base, les personnes âgées, les chômeurs, etc.
Il y a bien à cela de bonnes raisons de jouer contre son camp.
Si l’on en déduit l’inattention, l’absence de raisonnement, l’influence médiatique et l’attirance du riche par la fascination pour ce qui brille, il reste un sacré gros paquet de mondes qui n’a aucun intérêt à voter pour la droite et qui cependant le fait par conviction !
Nos sociétés, quoique fortement remises en question, ont adopté les critères du consumérisme et de la profusion comme valeurs depuis plus d’un demi siècle. Ces supposées valeurs se maintiennent assez curieusement malgré la crise et le nombre de plus en plus élevé de gens, qui tout en étant exclus de la société d’abondance, y croient toujours fermement.
On peut vérifier cet engouement quasiment général par l’attraction que notre mode de vie exerce sur les pays émergents, la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. Dès que ces pays virent leur niveau de vie s’élever, ils envisagèrent le « progrès » comme un accès massif à la consommation. Il ne faut voir que la conséquence de ce phénomène dans l’engouement de ces pays pour des produits comme Coca-Cola, des services comme les Quick shop et autres commerces de proximité, symbolisant le mode de vie occidental.
On entretient parmi les pauvres d’Europe l’illusion que tout le monde peut s’enrichir et que ceux qui ne le font pas sont des losers. Les tentatives de sortir de la masse, qui finissent devant les tribunaux de commerce ou les juridictions correctionnelles, l’ont été parce que leurs auteurs étaient des has been, s’il faut croire ceux qui cherchent à se dissimuler derrière l’opinion publique.
S’enrichir sous-tend aussi l’adoption des idées et du mode de vie des « réussites sociales », sans vérifier si les « modèles » le sont autant qu’ils le paraissent. Cela signifie la fin tragique de ce qui était la meilleure opposition à la classe possédante : le souci du collectif, le syndicat, les assemblées revendicatives des maisons du peuple, tout cela disparaît évidemment comme faisant partie du passé.
Payer de sa personne, contribuer à aider son prochain, comprendre la nécessité de veiller à la sauvegarde des malades et des sans travail par les taxes et les retenues sur revenus, toutes ces choses enfin qui justifient une organisation, deviennent autant de freins à l’enrichissement, donc inacceptables.
Quand on se rêve dans l’abondance et le confort, celui qui parle de solidarité est un rabat-joie, un intrus qu’il faut éliminer au même titre qu’un membre d’Al-Qaida.
Les partis de pouvoir l’ont compris. Ils se reconnaissent dans les citoyens attirés par l’égoïsme si bien vendu au peuple et complètement intégré par lui.
C’est sans doute la principale raison qui conduit tant d’opposants à s’éloigner des partis de pouvoir.
Une certaine droite, celle de la vie austère et de la foi chrétienne, dont la population de la guerre 40-45 se souvient, puisque cette droite n’hésita pas à rallier le nazisme pour lutter contre l’athéisme stalinien, s’est diluée dans la consommation de luxe et la frivolité. Le plus bel exemple de cette droite volage, n’est-il pas incarné par Silvio Berlusconi ?
Entré dans la voie du délitement, la prospérité s’achève en farce. La société de consommation, la vie facile dans la croyance en une croissance indéfinie jettent leurs derniers feux dans les paillettes et la communication télévisuelle. Alors qu’il y a toujours du monde sur les plateaux et que tout semble vouloir rester en place, le décor change et les joyeux fêtards ne le voient pas, comme ils n’ont pas vu le quart du pays s’enfoncer dans la misère.

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Ce qui reste de bonne conscience s’est réfugiée dans les organisations humanitaires, ainsi on pourra regarder les images venues de Haïti sans développer une mauvaise conscience.
La gauche n’est plus capable de tenir un discours sur la pauvreté.
C’est sans rougir de honte que la RTBF et RTL ont tenu leurs assises du dimanche sur le sentiment d’insécurité et le marketing, cher à la droite, de la tolérance zéro.
Personne n’a subodorer que cette tolérance zéro va s’étendre à tous les domaines et que bientôt les pauvres eux-mêmes ne seront plus tolérés.
Il est à craindre que les illusions perdues, la gauche et la droite au pouvoir se verraient bien dans la mission de chercher les raisons du déclin dans ceux qui ne « veulent pas travailler », les accusant d’être à l’origine de la fin du consumérisme.

Commentaires

1. La "droite" ne défend pas que les riches
2. Devraient voter pour ceux qui défendent les riches les gens dont les revenus sont au dessus de la médiane (pas la moyenne)
3. Devraient voter pour ceux qui défendent les pauvres les gens dont les revenus sont en dessous de la médiane.
Donc, comme il y a exactement 50% des gens au dessus et 50% des gens en dessous de la médiane ....

Il se fait que les fonctionnaires et les enseignants sont au dessus, mais ce sont les personnes les plus syndiquées (parce que les syndicats défendent les plus nombreux plutôt que les plus démunis comme les petits agriculteurs ou les petits indépendants). Ces fonctionnaires et enseignants croient qu'ils sont en dessous de la médiane, mais ce n'est qu'une croyance dont on (qui?) leur bourre le crâne.

La contradiction est ailleurs.
Est pour moi de droite ceux qui persistent à défendre un système à bout de souffle. Voilà beaucoup de monde !
Mais puisque tout le monde l'est, il y en a qui le sont plus que d'autres. Et ces ultras ne défendent que leurs intérêts. Ils se trouvent que ceux-ci passent par une dialectique "miséricordieuse" vis-à-vis des pauvres. En Wallonie, cette droite-là a pris ses quartiers au MR.
Une autre remarque :
Les enseignants et les fonctionnaires sont, pour la plupart, en-dessous de la moyenne.

Veuillez vérifier pour les enseignants et les fonctionnaires. Et ne pas confondre moyenne et médiane.
Quelle est donc votre dialectique?
Celle de Socrate, de Hegel ou de Schopenhauer.
J'ai mis beaucoup de temps à étudier Hegel (son allemand est très viellot), mais si vous avez du temps, je peux vous "former" :-)

Ce n'est certes pas Zénon d'Elée. Shopenhauer me plaît davantage. Je suppose avoir été plus influencé par Marx que Hegel dans le cadre spécifique à ce qu'il vous plaîrait de m'enseigner. Justement notre différend tient peut-être à cela.
Marx est aux antipodes de la dialectique hégélienne. Il est le premier à tenir compte de l'humain dans le déroulement du procédé dialectique. En ce sens que le temps joue chez Marx le rôle du matérialisme didactique dans l'histoire. Marx prétendait que les conditions matérielles d'existence déterminaient la conscience et non pas le contraire. C'est ce que je crois. Quant au reste, ce qui me pose problème chez lui, c'est le sens "vertueux" qu'il donne au travail. Aussi, si Marx est une référence, ce n'est pas un absolu. Je ne suis donc pas Marxiste au sens "hégélien" du terme, si je puis me permettre cette hardiesse.
Ne chipotons pas sur "moyenne et médiane". Un régent et un ouvrier communal gagnent dans les 1500 euros net par mois, après cinq ans de métier. Les ouvriers d'usine, parfois moins, sauf ceux qui font 50 heures semaines. Ce n'est pas le Lumpenproletariat (puisque vous connaissez l'allemand), mais ce n'est pas non plus l'âge d'or qu'on nous promet depuis trop longtemps pour que cela soit sérieux.
Bien à vous et merci pour votre offre.

Hegel dans ses exemples sur l'amour montre très bien le sens de l'humain dans la relation entre personnes. La conscience de soi et la conscience de l'autre.
Marx, pour moi n'est pas un philosophe mais un journaliste comme on les connais aujourd'hui. Je suis marxiste aussi mais tendance Groucho

On voit bien que vous n'avez pas lu "le capital".
Un journaliste qui écrirait cela serait fichu à la porte de n'importe quel journal.
C'est d'un lourd ! Enfin, comme tout écrit philosophique.
C'est un peu le reproche général, les philosophes sont rarement drôles, sauf... Pierre Dac, bien entendu.

J'ai essayé de lire "Das Kapital", comme la Bible. Souligné et annoté. Trop de bla bla pour dire ce que sont des PLUS et des MOINS.
Dans une optique de volonté d'action (prendre le pouvoir, mais pour quoi faire ?), j'ai trouvé le "Manifeste du parti communiste" plus intéressant.
Quant au développement humain, chaque fois que les "philosophes" (et les "politiciens") essayent de faire de la politique, du développement social
et de l'économie, ils se sont gourrés. Parce qu'il refusent de mesurer, surtout, le résultats de leur politique.
.

Pour revenir au premier commentaire de Hermione. On ne calcule pas l'appartenance à la droite en fonction de statistiques sur le revenu moyen (le flic de base est en dessous de la médiane, mais il affiche généralement sont drapeau bleu dans les manifs). On calcule l'intérêt de voter à droite en fonction de l'amélioration que cette politique amène à votre niveau de vie. Et que nous montre les chiffres? Ben, que 0% des plus riches se font des c.... en or et que les autres y perdent petit à petit. Le seuil de profitabilité d'une politique de droite pour un "ménage" n'est valable qu'à partir d'une fortune ou un patrimoine (généralement les deux) d'au moins 1 million d'euros en boni (actif moins passif). Les profs et les fonctionnaires ont donc intérêt à se lever tôt pour rattraper le "million". La politique libérale ne devrait pas avoir plus de 10% d'adepte. Mais c'est compter sans une partie de la population qui se croit riche ou touchée par le message de la droite; le petit vieux en mal de sécurité, le patron de petite boîte qui se prend pour un riche car il a 10 ouvriers, le cadre supérieur tant qu'il n'est pas licencié, le flic en mal de matraquage, la femme d'ouvrage placée par le bourgmestre MR, etc. Bref, les cocus magnifiques du libéralisme. Il ne faut pas oublié également les imbéciles qui croient dans le libéralisme sociale, alors même que la droite ne fait que détricoter la secu (le libéralisme social, c'est peut-être un ticket par jour pour la soupe populaire?). Et enfin, le dernier piège à gogo, il ne faut pas confondre libéralisme politique et libéralisme économique. J'en ris encore...

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