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Des prisons à gogo.

Personne ne se pose vraiment la question de savoir pourquoi il y a un tel afflux de détenus dans les prisons belges ? Chiffres en augmentations partout en Europe et tout à fait en expansion aux Etats-Unis répondront nos élites, qui, dès lors que le phénomène est répandu en Occident, se bornent au constat.
Qu’une société devienne « emprisonnante » dans des circonstances locales, par exemple une augmentation de la prise de drogues ou une ghettoïsation d’une immigration mal intégrée, cela peut se comprendre ; mais que ce phénomène soit répandu à l’ensemble des pays occidentaux, signifie qu’il s’est généralisé à cause d’un ou des facteurs communs, relativement aisés à découvrir.
Il faut citer en premier une identité des mœurs et des modes de vies influencées par l’évolution économique.
C’est donc presque à coup sûr le facteur économique qui est responsable pour beaucoup dans l’augmentation du nombre de détenus.
L’argument qui tendrait à expliquer l’accroissement du nombre de détenus par les performances de la police ne tient pas pour deux raisons : la première va à l’encontre des discours sur la sécurité selon ceux-ci la société civile aurait besoin d’être mieux encadrée par la police ; la seconde tient dans l’impression grandissante d’insécurité ressentie par le citoyen, un peu entretenue par les discours dénoncés au premier point, et aussi par les multiples récits de vols et agressions de proximité dont sont victimes des gens ordinaires. Beaucoup d’entre eux ne prennent plus la peine de déposer une plainte, tant ils sont certains qu’elle ne sera pas prise en considération, détruisant ainsi, s’il en était besoin, la thèse de l’efficacité policière.
Les USA détiennent le triste record de citoyens en détention, comme ce pays a toujours été le précurseur de l’évolution des mœurs liés à l’évolution de l’économie, nous pouvons nous attendre à de plus fortes augmentations encore du nombre de nos prisonniers, dans les prochaines années.
Ce qui est étonnant en Belgique, c’est que l’on consacre des sommes importantes – mais insuffisantes – à la construction de nouvelles prisons, alors que les causes de cette pléthore de prisonniers ne sont aucunement abordées par nos responsables, si ce n’est sous la forme superficielle de la démonstration d’un désir inassouvi à la vue de magasins regorgeant de tout, quand on n’est incapable de rien posséder par un travail mal payé ou des indemnités dérisoires.
On tend à ranger le problème de pauvreté dans la question de l’ordre et de la loi. C’est, ce que Zygmunt Bauman appelle « la ‘criminilatisation’ de la politique sociale ».
On construit de nouvelles prisons, sans se demander s’il ne conviendrait pas mieux de construire de nouvelles usines ! On peut admirer l’espèce d’extase avec laquelle on annonce la construction de nouveaux édifices pénitentiaires sur le temps qu’à Bruxelles il va manquer au bas mot cinquante écoles maternelles et primaires pour lesquelles le budget n’est pas trouvé.
Voilà un gouvernement qui a des positions éminemment classiques, consensuelles sur une évolution mondiale de l’économie et qui ne cherche même pas à en désigner les nuisances ! Bien au contraire, loin de crier au danger de cette évolution, il l’appelle de tous ses vœux, comme le MR, Didier Reynders, porte-parole de l’ensemble de la classe politique en ce domaine !
Ces gens agissent comme ces villageois assaillis régulièrement par les eaux et qui passent leur temps à ériger de petits barrages devant leurs portes, alors qu’il faudrait en amont voir comment on pourrait construire un seul grand ouvrage.
Nous sommes dans cette position imbécile de nous efforcer de trouver des solutions locales à des problèmes globaux.
Que dis-je des solutions ?... il faudrait plutôt dire que nous nous ingénions à trouver les moyens de « caser » nos délinquants, comme s’il allait de soi qu’il y en ait davantage d’année en année. Et cette politique de l’autruche est applaudie par tous !
C’est affligeant d’entendre nos économistes et nos moralistes, discourir à l’infini sur les problèmes de place dans les prisons sans qu’aucune des personnes accréditées dans les médias n’attaque sérieusement la base de ce surnombre : la dérive sociale.
Nous ne verrons jamais que sous une forme aseptisée et volontairement floue, les acteurs principaux du pouvoir, dénoncer le monde capitaliste en pleine débandade morale et en pleine déliquescence !

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C’est que le peuple n’est pas encore détrompé et tant que le désamour ne sera pas consommé, il ne faut pas s’attendre à voir ceux qui ont toujours manqué de courage, en avoir brusquement.
Le siècle précédent a été l’occasion de vastes crimes, le nôtre entend se distinguer dans le crime individuel, au moment où le système économique globalisé fait office de troisième guerre mondiale et entend surpasser les deux précédentes par des génocides à « l’étouffée » et des guerres « locales » qui sont les causes des engorgements des prisons à l’échelle du monde.
Jusqu’où l’aveuglement de cette dérive ira-t-il ? Faudra-t-il atteindre et dépasser le pourcentage US du nombre de détenus par mille habitants ?
C’est la question que ne se pose même pas Stefaan De Clerck !

Commentaires

De nouvelles usines ? Pour qu'y produire ? Et pour y placer des prisonniers ? Pourquoi pas ? Ne sommes-nous pas tous des prisonniers ?
Peut-être vous êtes-vous intéressé à cette femme qui n'a pas compris qu'elle avait des enfants et qui n'a pas cultivé la plante qui poussait dans son ventre ?
Il est remarquable q'une employée de la prison de Mons se soit occupée d'elle et l'ai comprise.
Mais pour quelques personnes rémunérées ayant encore le bon sens de l'humain,
combien sont là pour percevoir seulement les fruits de leurs contrats sans même être conscientes de leur rôle social.

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