« Politicopithèque. | Accueil | Ils sont partout. »

Petit bilan du XXme siècle.

Voilà dix ans que le siècle précédent a plié bagage. A part les enfants de dix ans ou moins et qui n’ont pas accès à la maîtrise des choses, nous sommes tous le produit du siècle dernier.
Le dixième anniversaire de sa disparition serait peut-être l’occasion d’un petit bilan ?
Qu’est-ce qu’un siècle ? Le temps d’une vie quelconque dans le futur, puisqu’il deviendra de plus en plus courant de croiser dans la rue des centenaires. Peut-être en serez-vous?
Démiurges ou marionnettes, qu’avons-nous fait de ce siècle ?
Peut-être ce que nous faisons de celui-ci ?
Il est bon de revenir sur le passé, c’est là que nous puisons l’enseignement du futur !
Qu’est-ce que cent ans, qu’est-ce que mille ans, s’écria Bossuet, puisqu’un seul instant les efface !
Devant le foisonnement des événements du siècle dernier, quels sont les événements qui en effacèrent d’autres ?
Les deux guerres et leurs millions de morts ? La chute du mur de Berlin ? Le séquençage du génome ? Le largage de la première bombe atomique ? Encore que ce dernier événement se rattache à la seconde guerre.
Une première constatation, du seul point de vue de l’Histoire, un siècle selon les événements qui le composent, ne durent jamais un siècle. Par exemple, en-dehors des Arts et du foisonnement de la pensée, le dix-huitième aussi brillant pût-il avoir été, est le plus court des temps modernes qu’il annonce, puisqu’il n’eut que onze ans (1789).
On pourrait dire que « notre » siècle n’a eu que septante-cinq ans. Il commence à la guerre de 14-18, dans laquelle s’inclut un autre événement majeur, la révolution d’octobre 17 en Russie, et il s’achève avec l’écroulement de l’URSS, mettant un terme à la guerre froide et consacrant le système économique libéral, les Etats Unis y devenant le leader mondial.
Le siècle s’articule autour des deux conflits majeurs, ce qui le rend tout de suite antipathique pour l’historien, ces septante-cinq années ayant été le théâtre de massacres à peine imaginables depuis la Déclaration des Droits de l’Homme !
Nous serions donc les enfants de l’horreur, du crime organisé, de massacres sans nom, de génocides et de camps de concentration, rarement vus dans l’histoire des peuples.
Le vingtième siècle s’inscrit dans les siècles maudits, au même titre que ceux des invasions normandes, de la peste noire et des razzias des Huns sur l’Europe !
Tout le bilan du XXme s. passe par le dénombrement des morts !
Tant à Nagasaki par la super bombe, tant à Dresde par la bombe classique, tant dans les camps d’extermination, etc, etc.
Ce dénombrement macabre est le seul bilan vrai que l’on puisse opposer à ce qui aurait dû être l’impératif moral qui allait ébranler les consciences de l’Europe – enfin qui aurait dû – depuis les onze années que dura le siècle des Lumières.
Chose curieuse, ces onze années se firent aussi dans le sang, le sang bleu des nobles, et celui plus rouge des guerres de la Première République. Et pourtant, de ces massacres allait surgir le « plus jamais ça » de la Déclaration des Droits de l’Homme, même si l’Empire qui lui succéda fut le régime le plus meurtrier du XIXme siècle.
Mais le nôtre, celui dont nous sommes issus ? Quel est le message d’espérance que nous étions en droit de recevoir après les massacres des deux guerres : la Société des Nations et l’Organisation des Nations Unies, l’une étant la réplique de l’autre ? Est-ce sérieux ? ces deux organisations n’ont rien empêché. La première vit la montée du nazisme et la guerre de 40, avec en prélude la guerre d’Espagne, la seconde fleurit dans les disputes, les génocides, les guerres « locales » et les millions de morts « exotiques ».
Le siècle que nous quittons est le siècle totalitaire par excellence !
C’est celui dans lequel triomphe le capitalisme aussi bien dans les régimes totalitaires que dans les démocraties.
Celui-là même qui vient de muter en marché globalisé et mondial.
Ce siècle a vu la victoire écrasante de l’économie et du pouvoir absolu de l’argent, devenant, par un raccourci dont les hommes ont le secret, le seul critère désormais supplantant la morale, au point de se substituer à elle, devenant « elle » par un hiatus déraisonnable de la pensée.

155a.jpg

C’est le siècle libéral, comme on dirait en paléontologie le temps des dinosaures !
A l’aune de l’argent, tout s’étrique, s’appauvrit !
La démocratie devient une enveloppe vide. Le parlementarisme accouche d’idées minuscules. Si bien que le XXme siècle à la mesure de la morale est le plus court de tous !
C’est aussi le plus sanglant de l’histoire des hommes. La guerre de Quarante a inauguré les dégâts collatéraux, les pertes civiles, les transhumances désastreuses. Les conquêtes d’Alexandre, en comparaison, n’avaient rien à voir en déplacement d’hommes, en morts au combat, des prises d’otages des populations, à ce que le XXme siècle a permis.
Comment méditer philosophiquement cela ?
L’imbrication du libéralisme, les systèmes totalitaires, et les guerres, semble devoir perdurer au XXIme siècle qui serait le hideux prolongement de l’autre.
Quant à ce qui s’y est pensé, dieu en est la clé. Les croyances se sont accrues en même temps que les massacres, on pourrait dire à cause d’eux, sans que personne – si l’on excepte certains philosophes – n’ait fait le rapprochement ontologique du mal et du bien dans le seul pouvoir de dieu ! Si bien que dieu serait la cause principale du mal. Pour l’innocenter, il faudrait aussi innocenter le mal…
Mais les croyants, acteurs et spectateurs du siècle, n’en ont cure et poursuivent en son nom, la plupart des crimes qu’ils commirent ou qu’ils subirent au XXme s., dans un contexte de plus en plus libéral, de plus en plus meurtrier, de plus en plus immoral.
On pourrait s’étonner que la fin du siècle qui vit la démocratie libérée de ses ennemis être aussi le théâtre de nouveaux crimes !
On devrait pouvoir établir la responsabilité immense de l’argent dans les massacres des personnes. Mais on ne le fera pas, parce que rares sont ceux qui crachent dans la main du maître, et comme le maître, c’est l’argent…
Tant de gens sont morts et mourront encore croyant lutter pour une juste cause, alors que ce n’était que pour des industriels…

Commentaires

cette analyse se passe dans la tête d'un provincial belge.
Le taux de change pour les siècles est très variable : 11 ans pour le 18ème, 75 ans pour le 20ème.
Les guerres d'ici n'ont pas eu lieu en Afrique, en Amérique du Nord ou du Sud etc.
Quant aux religions, elles sont remplacées par des idéologies (des croyances).
Le Stalinisme a fait plus de morts que le Nazisme, mais nous est plus agréable car nous ne l'avons pas subi.
Si on laisse le PS former une identité wallonne, nous irons à la catastrophe car toutes les identités collectives sont des dictatures.
Il n'y a d'identité que pour des PERSONNES.

Poster un commentaire