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Sarko bien embêté.

La majorité aura beau dire qu’une élection régionale n’a de sens que pour les régions et qu’il ne faut pas confondre cette élection avec celle des législatives et celle du président, c’est tout de même rare qu’un parti au pouvoir, majoritaire dans les deux Chambres ait été battu aussi nettement par une opposition à la tête de laquelle le PS, dont on ne donnait pas cher après l’élection de Martine Aubry dans des conditions plus que douteuses, paraît tout requinqué !
Il est vrai que les victoires asseyent une légitimité, même si la fille de Jacques Delors n’est pour rien dans les bons scores qu’il faut seulement attribuer aux présidents de Région sortants, comme l’a fait remarquer Georges Fraîche, élu malgré l’anathème de la première secrétaire.
Le mini remaniement que Sarko semble vouloir mettre en route cette semaine n’est pas à la mesure de la remise en question qu’il faudrait faire au gouvernement Fillon.
Non seulement les réformes engagées n’ont pas été efficaces, mais encore leur plein développement n’a pas encore produit les dégâts que le vote de dimanche semblait vouloir prévenir. On peut donc s’attendre à la poursuite des mouvements sociaux confortés par l’obstination de Sarkozy à vouloir imposer des réformes dont les gens ne veulent plus, parce qu’ils en ont pris l’exacte nuisance depuis qu’elles ont été progressivement appliquées.
On voit bien aussi que l’électorat de droite semble vouloir abandonner la politique de Sarkozy pour d’autres raisons, que celles de l’électorat de gauche. Les godillots de l’UMP traînent les pieds. Ils sont déçus par l’ouverture à gauche qui, tout en les privant de placer les leurs, a eu aussi comme conséquence de « gauchir » le gouvernement Fillon sans pour autant rallier le courant du PS favorable au centrisme. Ils rendent même les ministres socialistes responsables de l’image défavorable des réformes, avec un Eric Besson qui s’est lancé dans une lutte de « l’identité française » qui le couvre de ridicule.
On a cru que Besson allait faire partie de la charrette des condamnés post-électoraux. C’est ignorer que cette stratégie de l’identité française qui allait fidéliser une extrême droite à l’UMP plutôt que de retomber dans les bras des Le Pen, père et fille, est celle du président de la république lui-même dont Besson n’était que le fidéicommis.
On sait bien que Sarko n’est pas à une infidélité près vis-à-vis de ses faire-valoir, mais s’il a conservé Besson, c’est sans doute qu’il prépare un autre coup, quand fin 2010, début 2011, il s’agira de monter un nouveau gouvernement en débarquant Fillon, en vue de l’élection présidentielle de 2012.
On voit comme il tente déjà de désamorcer le trublion Villepin en proposant un emploi dans l’équipe Fillon à un villepiniste-chiraquien (oui, c’est rare, mais ça existe).
Ce que je retiendrai de cette élection régionale en France, outre le taux record d’abstention, quoique moins élevé au deuxième tour, c’est la volonté des Français d’arrêter les réformes et celle de Sarkozy et de ses partisans de les maintenir.
On comprend le chef de l’Etat qui ne peut pas avouer à deux ans d’une possible réélection qu’il s’est trompé et qu’on va faire machine arrière. Mais, c’est presque aussi grave de maintenir la volonté d’un changement dont on voit bien l’échec de la première partie et dont on devine qu’il en sera également ainsi dans la seconde.

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Cette obstination est devenue le mot d’ordre des apparatchiks, comme le discours de Bertrand, responsable-délégué du président à l’UMP, l’a laissé entendre juste après les résultats aux 20 heures des journaux télévisés.
Le flop de Jean Sarkozy que son père voyait bien assis dans le fauteuil de la présidence de l’EPAD (aménagement du quartier de la Défense) est encore dans toutes les mémoires et y compris dans celle de la majorité.
Les mois qui vont venir seront décisifs pour la gauche qui doit absolument trouver un moyen de s’entendre avec un PS qui peut à chaque instant retomber dans ses démons qui ont poussé les chefs, à se déchirer en public, ce qui a probablement fait perdre Ségolène Royal à l’élection de 2007.
L’idée de coopérative lancée par Daniel Cohn-Bendit est à creuser, même si Dany ne sait pas lui-même sur quoi cela pourrait déboucher.
Bref, la gauche à tous les atouts en main. Il faut cependant se méfier de Sarkozy qui est une bête politique et un fonceur. Il ne va sans doute pas rester sur un échec. Il faudra surtout s’ingénier à trouver un(e) candidat(e) à la présidence qui le soit de toutes les gauches rassemblées.
Déjà, on entend au PS que le candidat idéal serait Strauss-kahn, avec un ticket Aubry. Si c’est ça le changement et l’ouverture, c’est fichu à l’avance, d’autant qu’Aubry a déclaré dans un de ses discours qu’il fallait remettre en question le système capitaliste et la social-démocratie, or, s’il y a bien une figure archi compromise dans le système, c’est bien son « ami » Dominique.
Il est vrai que les sondages donnent à ce couple deux longueurs d’avance sur toutes les autres combinaisons.

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