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Tragédie à ciel ouvert…

Cela fait quelques années, que régulièrement j’écris sur le problème palestinien. Le lecteur finirait par croire que c’est à bout de sujets que celui-ci, fort à propos, me sauve de la page blanche, puisqu’il est peu commun de voir un utilisateur de la Toile aussi intarissable.
Le lecteur se tromperait, car l’affaire palestinienne est récurrente et possède pour tous les citoyens, ayant le sens du juste et de l’injuste, un côté lancinant et permanent qui est comme une écharde dans le cœur.
A la suite d’un récit sur la misère terrible des gens à Gaza ou en Cisjordanie, une sorte de remord s’empare du citoyen de ne pouvoir faire plus qu’écrire quand on ne sait rien faire d’autre pour dénoncer une injustice.
Comment dire la veulerie des médias qui n’ont même pas la décence du témoignage honnête ?
Tout le monde sait qu’il n’y a pas d’autre solution que celle de deux Etats séparés et, cependant, on attend qu’Israël ait fini par grignoter le plus clair de la Palestine avant de commencer les négociations ! Cela se fait au vu de tout le monde et en parfaite illégalité.
Il y a ainsi de la part des pays les plus favorables à cette politique des deux peuples séparés et égaux en droit une grande hypocrisie qui consiste à dénoncer les grignotages par implantation de colonies, puis après le grand coup d’épée dans l’eau, à poursuivre un dialogue « fructueux » avec l’Etat d’Israël sans aucune autre suite.
La réalité est éclatante : Israël veut tout à commencer par Jérusalem en son entier. Il ne veut pas discuter, il veut tergiverser en attendant qu’il ait tout pris aux autres.
D’abord surarmé par les USA, si complaisant qu’ils iront jusqu’à filer à Tel-Aviv des secrets atomiques, puis ensuite autosuffisant dans les questions d’armement, l’Etat hébreu a profité des guerres stupides que les pays voisins lui ont faites pour ronger les terres limitrophes, avaler le plus gros de Jérusalem et dominer la région.
La contribution du monde occidental à cette hégémonie est patente et malgré les protestations aux Nations Unies, elle ne s’est jamais démentie.
Au nom de la sécurité de ses ressortissants, Israël, au mépris des remarques et de la réprobation unanime, a construit un mur, reléguant les Palestiniens dans une sorte de réserve comme les Indiens aux USA, mais qui rappelle fâcheusement d’autres murs, celui de Berlin et celui du ghetto de Varsovie. De sorte qu’on a pu dire que les Israéliens ont hérité des techniques de leurs anciens bourreaux dans leur phobie de l’encerclement par des murs. Bien entendu cet ouvrage « d’art » a été presque entièrement construit sur des terres palestiniennes, quoique cela ne veuille plus rien dire de nos jours.
Assez curieusement, ce mur, voulu du temps de Sharon, est dépassé par les « colonies » qui l’ont débordé depuis longtemps et qui poursuivent le dépeçage d’un problématique Etat palestinien en occupant ses plus beaux morceaux.
Les quelques rares journalistes qui rendent compte de la vie à Gaza et dans les camps des Palestiniens déplacés un peu partout autour de l’Etat hébreu, sont effrayés de ce qu’ils ont vu et ont peine à témoigner de la souffrance des gens.

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C’est ainsi que Gaza pourrait être secouru facilement par mer. Eh bien ! non. La flotte de Tsahal monte la garde et rien ne peut entrer à Gaza par mer. Il est impossible à un habitant de la bande de Gaza de pêcher. Il s’agit en réalité de la plus grande prison à ciel ouvert au monde !
Du côté de la terre, le mur fait le reste.
Qu’est-ce qui empêcherait les Nations Unies d’affréter une flotte de secours qui se mesurerait éventuellement à la flotte adverse ? Rien, sinon, l’hypocrisie des Etats et… la flotte américaine.
Quant à forcer la main d’Israël pour que naisse tout de suite un Etat palestinien, c’est ce à quoi s’est attelé Salam Fayyad, premier ministre palestinien. En effet, s’il avait fallu attendre l’accord des Palestiniens pour que Ben Gourion fonde l’Etat hébreu, on en serait toujours aux négociations préliminaires, donc, il est logique de se passer de l’accord d’Israël pour unilatéralement proclamer la naissance de l’Etat donnant de la consistance aux palestiniens.
Tout dépend donc des Nations Unies et de son Conseil de Sécurité.
A en juger comme vont les choses, on pourra attendre encore longtemps.
On a rarement vu un consensus aussi général n’avoir pratiquement aucune chance d’aboutir !
La duplicité règne en maître dans les couloirs de l’ONU. Pour les peuples qu’ils représentent, les délégués des pays sont unanimes à rappeler « l’urgence » d’un Etat palestinien. En petit comité, il en va différemment. Il est devenu impossible à cause des ramifications des colonies juives en territoire palestinien de tracer une frontière – ce qui paraît indispensable – entre les deux Etats !
Alors, qu’est-ce qu’on attend ?
Deux solutions, celle impensable de clouer le bec à l’arrogance de l’Etat d’Israël et de le réduire à démanteler toutes ses colonies, ou bien d’attendre que ce même Etat ait digéré l‘ensemble du territoire confinant ceux qui résistent sur des bouts de territoire, comme Gaza, sans droit, sans déboucher et sans espoir.
Une sorte de génocide par la faim et le désespoir des victimes.
C’est à cette dernière solution que les Etats hypocrites des Nations Unies se sont résignés. Voilà pourquoi, longtemps encore nous aurons à subir la vindicte du monde arabe dans son juste combat pour la reconnaissance du droit d’un peuple à vivre en liberté.

Commentaires

Nous pensons qu'il n'y a qu'une solution: celle de deux Etats séparés. Il y en a peut être d'autres comme celle d'un seul état avec des citoyens égaux (actuellement la carte d'identité israélienne montre si l'on est juif ou non, et la constitution de l'état israélien fait une différence entre les citoyens )
Voici un livtre très instructif : "Comment le peuple juif fut inventé" de Shlomo SAND (professeur d'histoire à l'université de Tel-Aviv) d'abord édité chez Fayard, mais aujourd'hui chez Flammarion (collection : Champs) (12€)

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