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Et l’Algérie ?

L’Europe continentale, a contrario de l’Europe insulaire, est sinon une terre d’accueil du moins une terre d’exil pour les trois pays du Maghreb qui bordent la Méditerranée du mauvais côté.
Au-delà des clichés et de l’attrait pour une vie meilleure, l’un d’entre eux, l’Algérie est assez bien représenté en France et également en Belgique par ses ressortissants, dont la plupart ont les deux nationalités.
L’Algérie n’est toujours pas débarrassée des anciennes blessures de ses guerres et de toutes ses violences.
Le Régime y est depuis fort longtemps sous le traumatisme des souvenirs douloureux et sous la botte des militaires qui se sont emparés du pouvoir au départ des Français, et ne l’ont jamais abandonné en surmontant toutes les crises, toutes les révoltes et en payant le prix du sang.
Le pays est sans force, le pouvoir s’est gavé et n’a pas eu la sagesse des colonisateurs en laissant une part aux pauvres.
Le Régime assailli de toutes parts, critiqué et combattu par les intégristes, les travailleurs, les Berbères et les intellectuels, revenu de tout au prix fort en drames humains, n’a pas trouvé une autre porte de sortie que de remettre en mémoire la guerre que la France fit là-bas, il y a bien longtemps.
Au point que plus de cent vingt parlementaires, tous plus ou moins issus du pouvoir FLN ont mêlé leurs voix au député Moussa Abdi pour réclamer que la colonisation par les Français soit « criminalisée », le tintamarre ne dépasse pourtant pas le cercle fermé des nantis du Régime, tous plus ou moins issus des fondateurs et qui l’ont conservé en le transmettant en partie à leurs parents et affidés.
Les gens accablés par la misère, le chômage, un temps réfugiés dans la religion au point d’avoir suscité un terrorisme sanglant par une adhésion conséquente, sont aujourd’hui sourds à toute révolte, hébétés par le travail sans espoir, quand ils ne sont pas contraints à la mendicité ou survivant grâce aux mandats de la parentèle installée en France.
A l’exception des milieux intellectuels qui poursuivent une opposition que combat la police d’Etat, c’est une sorte de résignation, une prostration de nature dépressive, que l'étranger perçoit, s’il a le sens de l’observation de la foule.
Le calme règne, mais à quel prix ?

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On parle d’un peu plus de cent euros quand on essaie d’évaluer le salaire moyen des gens. A voir les villas ceinturées de hauts murs, les piscines cachées par les palmeraies qu’on y devine, tout le monde n’est pas à la diète. Les colonialistes ont bons dos. La prospérité qui aurait dû profiter à tous à la suite de l’exploitation des zones pétrolifères et gazières, tous ces milliards de profit des découvertes géologiques presque toutes activées après le départ de la puissance coloniale se diluent dans le sable des domaines réservés. En-dehors des maîtres d’Alger, personne ne saurait dire où elle est passée.
Depuis 1962, ce Régime s’est maintenu par les crimes qu’ils perpètrent sans que l’Europe le sache ou s’en émeuve.
L’histoire à la dent dure et les récits de guerre entre Algériens montrent souvent les combattants loin d’être unis devant l’occupant français..
Des voix s’élèvent demandant avec le fils du colonel Amirouche, assassiné par les Français, que « le gouvernement algérien demande pardon au peuple pour ce qu’il lui a fait subir ! » concluant par un déni aux pseudos héros de la guerre avec la France : « Ceux qui aujourd’hui veulent reprendre la guerre idéologique avec la France sont ceux-là qui ne l’ont pas faite en 1954 ! ».
Ainsi, l’Algérie d’aujourd’hui serait encore aux mains des planqués et de leurs descendants, assassins pour certains de combattants algériens dont le seul tort était de ne pas appartenir au FLN !
Des usurpateurs, de faux moudjahidin, d’anciens agents parfois de l’administration coloniale seraient inscrits sur les listes des anciens combattants de l’Armée de libération. Des noms circulent dans les rédactions de journaux, des journalistes détiennent des listes mais n’osent aller plus loin de peur des sanctions. Fermetures et prisons attendent ceux qui contreviendraient à la loi du silence.
L’assassinat de Mohamed Boudiaf en 1992 a sonné le glas des espoirs de beaucoup pour qu’enfin puissent sortir les dossiers dans un climat moins liberticide.
L’Algérie est aujourd’hui secouée par l’affaire Mellouk, 68 ans, dénonciateur des exactions du Régime, certains milieux - encore timidement - soutiennent ce vieillard honnête qui veut tout dire, des femmes aussi en ont assez du poids de la religion, des faux combattants, de la dictature, de la cherté des choses.
Mais qui s’en soucie en Europe ?
A part quelques journaux dont Marianne d'où certains de ces arguments ont été tirés, la France et la Belgique ont bien d’autres chats à fouetter.

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