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Les voix de l’abstention.

La propagande des médias et du monde politique autour de l’action de voter, avait pour but de mettre l’accent sur l’importance du droit de vote ; de la même manière, la diabolisation de Bart De Wever avait pour objectif « d’aider » les partis traditionnels flamands à maintenir leur influence.
Bien que le vote soit obligatoire, une part en hausse des citoyens est restée chez elle, tout au moins en Wallonie. La diabolisation de Bart De Wever a donné un résultat inverse de celui qu’espéraient « nos curés » royalistes.
On peut considérer que beaucoup de citoyens ne croient plus au bon fonctionnement des Institutions, parce que la démocratie est en panne de crédibilité.
En allant déposer mon vote, je faisais la réflexion du peu d’effet de mon geste sur le pouvoir.
C’est tout le ressort d’une démocratie telle qu’elle nous apparaît en Belgique et, d’une certaine manière, un peu partout en Europe, qui se montre singulièrement déformé et en même temps toujours utile à l’entretien du mythe.
Oui, l’illusion que nos choix influencent le pouvoir, détermine encore ce sentiment d’agir en toute liberté dans une société librement consentie.
Cependant la question majeure du choix reste la pierre d’achoppement qui rend toute action entachée de favoritisme, donc suspecte. Or, la démocratie ne peut justifier sa raison d’être que dans la constante recherche d’une vérité incontestable.
Parmi les prospectus dont les partis ont inondé nos boîtes à lettre, émergent des portraits de femmes et d’hommes « belgiquement » connus.
On ne s’attache à leurs mérites qu’en fonction de l’influence qu’ils ont dans leur parti. On ignore si la responsabilité qu’ils réclament l’est au nom de leur savoir faire et de leur sincérité ou si c’est part le jeu d’un pouvoir de couloir qu’ils ont le droit d’en défendre le bien fondé par rapport à d’autres militants, plus malheureux dans leur démarche.
C’est le drame de tout pouvoir et celui de la démocratie n’y échappe pas : il est impossible de sélectionner le meilleur !
Ce constat est accablant. Le contraire aurait pour effet que chacun puisse voir les limites de tout gouvernement dans le système de représentation par délégation de pouvoir.
Nous en sommes restés à l’ordalie, quand les guerriers assemblés élevaient le chef sur un bouclier au-dessus de leurs têtes.
Là, comptaient la vaillance et l’origine familiale de l’élu. En 2010, la vaillance fait place à la popularité.
On n’a pas avancé d’un iota !

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La popularité est d’origine mystérieuse, souvent le fruit d’une hystérie collective, bien orchestrée depuis une publicité habile, secondée par l’argent dépensé à cet escient.
La catégorie sociale, avec sa variante « le fils de » est le second tremplin, le premier étant l’argent.
C’est l’incroyable sort fait à la démocratie telle que ne l’imaginait pas Platon dans sa vision de la république et comme les écrits sur le pouvoir de Michel Foucault (1) l’ont démontré.
Que peut-on y faire ?
Le sens d’une élection n’en a aucun sur celui de la démocratie. C’est l’occasion de sacrifier à une coutume, dans le but de flatter l’orgueil des masses Il n’a aucun effet sur la politique de la conduite des affaires. Ces dernières dans les normes d’une société libérale, varient à peine selon la sensibilité de gauche ou de droite.
Nous verrons vite comment Bart De Wever va s’engluer dans l’ensemble des lois ou en sortir à grands coups de gueule par conformité à son électorat nationaliste de droite.
Election pour rire ? Election pour rien ? Les deux, mon général.
Sauf, que la plupart des citoyens auront eu l’illusion que leur choix est déterminant et que ce sont eux qui font la démocratie, n’ayant pas perçu que ce qu’ils appellent la démocratie, n’est qu’un des moyens d’asseoir un arbitraire dans une dictature étrange, où les dictateurs alternent par peur d’être démasqués.
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1. L'ontologie foucaldienne est une expérience sur les signes de notre présent, l'expérimentation de nos limites, et « notre impatience à la liberté ». Ce qui explique l'intérêt qu'il portait au rapport de pouvoir entre l'institutionnel et l'individu. c'est la notion de « savoir-pouvoir » et la subjectivation qui ont orienté ses derniers travaux (1984).

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