« Ils me les cassent… | Accueil | Quand Pierre-Yves passe à côté… »

Du donnant, donnant ?

A y regarder de près, dans la légende du gros pognon ouvert sur des œuvres caritatives, Bill Gates et Warren Buffet, ne sont pas si « attendrissants » de générosité qu’ils veulent bien le paraître.
Les dons importants sont bien plus détaxés aux Etats-Unis qu’en Europe, et particulièrement en Belgique où la Région wallonne toujours avide de liquidité sabre dans tout ce qui peut lui rapporter.
En choisissant de créer une fondation, non seulement le milliardaire ne laisse plus grand-chose à l’Etat, mais encore, il peut jouer le rôle principal dans sa Fondation et doter n’importe quelle association, ainsi que toute personne qu’il juge méritante.
Jadis, on laissait son nom sur une toile d’un peintre fameux à l’occasion de la réfection d’une église ou d’un couvent, ainsi la toile perpétuait le souvenir du donateur, tel a été le sort de « La Vierge du chancelier Rolin » tableau peint par le peintre Jan Van Eyck pour Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne. Aujourd’hui la Fondation Rockfeller pour « promouvoir le bien-être de l'humanité dans le monde » a ses bureaux à New-York et perpétue dans le marbre de l’entrée le souvenir du mécène.
Du coup, tous les milliardaires s’en trouvent gratifiés. Les arts, les sciences et les pauvres composent des hymnes et chantent les louanges de ces généreux donateurs.
Le milliardaire aime ça : la tête du client. Il ne lui échappe pas qu’il peut poursuivre d’une certaine manière une influence qu’il aurait due abandonner à l’Etat.
Il préférera de loin verser son obole à une association de droite et arroser des activités « méritantes » et même philanthropiques, en tous cas fidèles à l’orthodoxie capitaliste.
Payer ses impôts en usant de sa capacité de citoyen afin de vérifier à quoi ils servent, est une autre manière, plus anonyme d’aider les autres. Mais – justement – elle est anonyme et donc ne produit pas des effets que l’on peut appeler de propagande. Le milliardaire pourrait, de son côté, contribuer à la revalorisation des salaires en payant mieux ses gens de maison, en aidant son entourage dans certaines situations difficiles, comme pendant la crise. Ce qui serait logique puisqu’ils en sont en partie responsables et que leur fortune s’est accrue au détriment des autres.

632_1000.jpg

C’est bien connu, le plus râleur des hommes, qui menace pour un oui ou un non d’aller vivre ailleurs et qui place son argent dans des paradis fiscaux, c’est bien le milliardaire. Et quand on voit Johnny Halliday courir en Suisse pour ne pas payer ses impôts en France et que malgré tout on est au petit soin avec lui au gouvernement Fillon, il faut être vertueux pour résister à tous les avantages offerts, sans aucun inconvénient.
Evidemment, en Belgique, avec les gouvernements multipliés par 5, les affaires du genre de celles qui ébranlèrent le PS de Charleroi, l’administration mexicaine de Namur, le citoyen honnête est au minimum pris pour une cruche, et quand on est milliardaire et que l’on a les moyens de passer à côté de la tonte générale, il est vexant d’être pris pour une cruche. (1)
Enfin, un hyper riche qui se dépouillerait même de 95 % de sa fortune, ne l’empêcherait pas d’avoir une villa à Malibu et de mouiller son voilier Wally au large de Cannes, le temps du festival.
Le grand public s’esbaudit des actes « généreux ». Il ne voit pas toute la différence entre la charité et la solidarité.
Dans un Etat démocratique qui se veut exemplaire, la solidarité est essentielle. C’est ce que l’on peut attendre de mieux des humains : l’entraide. La charité est autre chose. C’est une notion altruiste attachée à la foi ou à un système économique, donc ségrégationniste en ce sens qu’elle permet de « choisir ses pauvres ».
Alors, Gates et Buffet, des hommes admirables ?
Pas tout à fait... mais quand même, des hyper riches moins bornés que certains…
---
1. L’exemple du circuit de Francorchamps, tonneau des Danaïdes, qui coûte chaque année quelques dizaines d’euros à chaque contribuable wallon, si je pouvais éviter d’y mettre un cent, en versant une certaine somme à autre chose de plus utile, je le ferais bien volontiers, n’en déplaisent aux frères Happart, les inconditionnels du circuit.

Poster un commentaire