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Plein le dos du grand commandeur

Ainsi donc, comme tout grand chef dit de gauche, Elio Di Rupo a d’abord été s’imbiber de morale et de culture « des lumières » dans un temple maçonnique.
Ce n’était pas une grande nouvelle, mais puisque les gazettes en écrivent…
Pourquoi pas, après tout, même « s’ils en sont tous », enfin ceux qui dépassent d’une tête « les camarades » Di Rupo, Onkelinx, Moureaux, Van Cau, Busquin, Magnette, Daerden, Lizin, Despi, etc… etc…, tandis que des esprits malins disent que la confrérie n’est pas anodine au sein de nos pouvoirs publics et que les Loges ont colonisé le Parti Socialiste là où le frère militant pouvait se faire du fric.
Personnellement, je m’en fous.
On a le droit en Belgique de s’inscrire à quelque club, association, église, convent, temple que ce soit, d’y faire de la messe basse, du chant grec, de la philosophie, de la guitare électrique et même des partouzes.
Je m’en contrefous.
Il n’est pas interdit de s’associer à des projets, de rêver en groupe ou en solo, de prêter serment sur des crânes en plastique, de brandir des épées, de mettre des petits tabliers, de tendre des locaux de tentures noires, de jouer les Pythies, de se vouloir de rite écossais et même d’exclure les femmes dans des assemblées de vieux garçons. Je m’en balance le chou.
Les adolphins pendant la dernière guerre avaient interdit les conciliabules, les sociétés secrètes et les palabres dans des lieux couverts, donc les Loges, raison de plus pour défendre le droit qu’ont ces gens, même s’ils ont colonisé le PS, tiré les marrons du feu et se sont fichés de la gueule du militant de base, je m’en tape le coquillard dans les suspensions électriques, bougies et candélabres des obédiences, n’étant cotisant d’aucune formation politique, je ne suis pas concerné, au « ground » zéro ; je ne le suis que d’une façon générale, quand d’une manière ou d’une autre, le citoyen ordinaire verse sa modeste contribution afin de graisser les essieux des roues du char de l’Etat, grandeur civique qui ne devrait pas servir à graisser ses palefreniers. Encore, qu’il me faudrait prouver que les palefreniers maçons coûtent plus cher à cause de leurs goûts dispendieux et le nombre plus élevé de créatures qu’ils ont à pourvoir, que d’autres, moins attachés à des sociétés secrètes, mômeries et galipettes de ce genre.
Ce qui est impossible.
Alors, laissons les jeux de ces vieux garçons et de ces vieilles filles se dérouler dans les arrières salles, même si certains locaux sont dévoyés de leur fonction municipale et culturelle pour ce genre privé de réunions, avec la complicité des autorités communales.
S’il est bien recommandé quelque chose à un maçon, c’est de la fermer aussi en public sur le fait « d’en être » en désignant quelqu’un d’autre, qu’on croise parfois dans les ténèbres d’une association maçonnique. Si le nom et l’adresse de la Loge sont aussi des « secret-défense », par contre, il est libre à un maçon, à l’extérieur de son cercle, de s’en réclamer.
C’est ainsi que Di Rupo, du bout des lèvres, a dit au « Soir » : j’en suis !

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Est-ce lui ou le journal ? Quelqu’un a abondé dans le genre « réunion philosophique » des Loges, procédant de l’esprit de méditations des Lumières, cherchant dans le discours du XVIIIme siècle, la réponse au social et à la liberté des individus du XXIme !
A les entendre, ce serait la réunion parfaite de curés laïcs œuvrant au bonheur des peuples !
Alors là, stop !
Quand on voit les grands dignitaires, apprentis, maîtres et compagnons se mouvant dans la société belge comme poissons dans l’eau, alors que cette société est carrément par terre, crise ou pas crise, que les salaires et les emplois reculent, que la misère monte, une seule question vient aux lèvres : ils parlent de quoi dans leurs réduits obscurs ?
Quand on entend le discours carrément obscène de Di Rupo sur le « merveilleux » de sa réussite, alors que sa mission d’élever les peuples au-dessus de leur condition a échoué, que son incroyable incapacité à se mettre en situation d’un parti qui se voulait proche des humbles et des pauvres est atterrante, on reste confondu devant la sotte vanité rayonnante du personnage.
Nous ne sommes certainement pas « heureux » dans une société qu’il a largement contribué à faire ce qu’elle est.
A tous ces amoureux du silence et de la discrétion, je leur dénie la capacité d’interpréter les grands écrits de liberté du siècle des lumières, fussent-ils les Grands Maîtres de la première loge égyptano-écossaise, grand cordon du Chose avec ou sans trois points de suspension !
Qu’il me soit permis, aux maçons qui ne sont pas encore séniles, à ceux qui ont du mal à trouver des sujets autre que celui du CAC 40 et de l’emploi des frères dans les administrations, de proposer ce très vieux texte de Nietzsche, qu’ils peuvent encore trouver en feuilletant « Aurore », œuvre dans laquelle le philosophe à collationner 575 aphorismes de son crû. Peut-être trouveront-ils un aliment à leur fringale de mots dans celui qu’il a intitulé « Les louangeurs du travail ».
« Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Aussi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ... » Nietzsche.

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LES VIEILLES FILLES

J'aime les vieilles filles. Et lorsqu'elles sont laides, c'est encore mieux.

Les vieilles filles laides, acariâtre, bigotes ont les charmes baroques et amers des bières irlandaises. Ces amantes sauvages sont des crabes difficiles à consommer : il faut savoir se frayer un chemin âpre et divin entre leurs pinces osseuses. Quand les vieilles filles sourient, elles grimacent. Quand elles prient, elles blasphèment. Quand elles aiment, elles maudissent. Leurs plaisirs sont une soupe vengeresse qui les maintient en vie. Elles raffolent de leur potage de fiel et d'épines. Tantôt glacé, tantôt brûlant, elles avalent d'un trait leur bol de passions fermentées. Les vieilles filles sont perverses. C'est leur jardin secret à elles, bien que nul n'ignore leurs vices.

Les vieilles filles sont des amantes recherchées : les esthètes savent apprécier ces sorcières d'alcôve. Comme des champignons vénéneux, elles anesthésient les coeurs, enchantent les pensées, remuent les âmes, troublent les sangs. Leur poison est un régal pour le sybarite.

L'hypocrisie, c'est leur vertu. La médisance leur tient lieu de bénédiction. La méchanceté est leur coquetterie. Le mensonge, c'est leur parole donnée. Elles ne rateraient pour rien au monde une messe, leur cher curé étant leur pire ennemi. Le Diable n'est jamais loin d'elles, qui prend les traits de leur jolie voisine de palier, du simple passant ou de l'authentique Vertu (celle qui les effraie tant). Elles épient le monde derrière leurs petits carreaux impeccablement lustrés. Elles adorent les enfants, se délectant à l'idée d'étouffer leurs rires. Mais surtout, elles ne résistent pas à leur péché mignon : faire la conversation avec les belles femmes. Vengeance subtile que de s'afficher en flatteuses compagnies tout en se sachant fielleuses, sèches, austères... C'est qu'elles portent le chignon comme une couronne : là éclate leur orgueil de frustrées.

Oui, j'aime les vieilles filles laides et méchantes. A l'opposé des belles femmes heureuses et épanouies, les vieilles filles laides et méchantes portent en elles des rêves désespérés, et leurs cauchemars ressemblent à des cris de chouette dans la nuit. Trésors dérisoires et magnifiques, à la mesure de leur infinie détresse. Contrairement aux femmes belles et heureuses, elles ont bien plus de raisons de m'aimer et de me haïr, de m'adorer et de me maudire, de lire et de relire ces mots en forme d'hommage, inlassablement, désespérément, infiniment.

Raphaël Zacharie de IZARRA

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