« Détestation de Vande Lanotte. | Accueil | Tout bascule. »

Stratégie à gogo.

Le déséquilibre, entre ce que pensent les Flamands et ce que pensent les Wallons, est un des obstacles à la formation d’un gouvernement commun qui passerait sans encombre au moins une législature.
C’est un truisme de dire que les Flamands ont une sensibilité de droite et les Wallons une sensibilité de gauche ; la difficulté est en partie liée à cela.
Il n’y a plus en Wallonie qu’un vaste parti du centre englobant les libéraux et les socialistes, si bien que la droite et la gauche n’existent plus.
En Flandre prospère une droite dure et nationaliste. Elle n’est pas majoritaire, mais pourrait le devenir. Que se passerait-il si la N-VA et le Vlaams Belang devenaient majoritaires à eux deux ? Leterme aurait pu réussir sa stratégie en attirant la N-VA pour mieux l’étouffer. C’est le calcul que fit Mitterrand dont le PC français fut victime, au point qu’il a presque disparu aujourd’hui.
Hélas ! les stratèges du CD&V ne sont pas de la même trempe que Mitterrand. Et ce qui aurait pu être une réussite, s’est vérifié un désastre.
Jusqu’à présent les partis flamands se sont bien gardés de diaboliser la N-VA comme le Vlaams Belang. Pourtant, à y regarder de près, à bien peser les propos de Bart De Wever, tout concourt à qualifier ce parti d’extrémiste, très proche du Vlaams Belang. Ce qui fait la différence et qui donne à la N-VA ce petit rien de légitimité pour en faire un parti « comme les autres » tient surtout dans l’impossibilité de rejeter le premier parti de Flandre dans l’opposition. Le CD&V l’a bien compris, puisqu’il a déjà reconduit des alliances avec lui pour les élections communales futures.
Il existe donc bien deux forces d’importance équivalente en Flandre. Une du centre regroupant les Chrétiens, les socialistes, les écologistes et les libéraux et une d’extrême droite avec le Belang et la N-VA.
La coalition objective centriste – même si les libéraux flamands en sont momentanément exclus – ne peut pas laisser filer la N-VA vers le Belang, en prévision des développements futurs de ce parti dans l’état actuel des pourparlers. Ils sont donc condamnés à suivre la N-VA jusqu’à ce qu’il y ait un revirement de l’opinion flamande.
En Wallonie, la situation n’est pas la même. Le mécontentement général n’a pas encore produit des effets aux extrêmes, droite et gauche. Les partis retiennent bien leur clientèle. C’est aussi un drame. Sans opposition interne – il faut compter le MR comme tacitement d’accord – dans les pourparlers des Sept, les partis wallons auraient tendance à signer des accords avec les partis flamands, qu’une réelle opposition en interne aurait considérés comme inacceptables.
C’est un enchaînement fatal qu’une coalition flamande entraîne les partis wallons centristes vers la droite.
Cela pourrait avoir deux conséquences bien différentes.
La première serait la mise sur pied d’un gouvernement hautement technique pour apurer la dette publique et réduire drastiquement le niveau de vie des Belges, selon la rigueur prônée par Madame Merkel à toute l’Europe.
La seconde verrait les partis flamands non extrémistes résignés à aller aux élections, non sans s’être rassurés par des sondages de l’arrêt de la progression, voire la régression de la N-VA.
La N-VA n’a pas intérêt à former un gouvernement de régression sociale, malgré les rodomontades de Bart De Wever sur les chômeurs et les junkies wallons. Parce que les mesures tomberaient aussi sur les électeurs de la N-VA et il deviendrait de plus en plus difficile à ce parti d’accuser les « fainéants wallons » de leur malheur.
Par contre si Bart De Wever est joueur, il peut risquer les élections, des fois qu’il serait en mesure de diriger la Flandre avec le Vlaams Belang, ce qui dans ce cas, sonnerait vraiment la fin de la récréation. On pourrait alors en Wallonie faire le reproche à Di Rupo d’avoir lancé, comme écrivit Nietzsche, « quelques paroles en l’air » et que pourtant à cause de cela « une femme est tombée » (en imaginant que la femme soit la Wallonie).
Mis à part les relents de xénophobie toujours présents dans les programmes de l’extrême droite, on voit que pour la politique ordinaire le boulevard qu’a ouvert la chancelière allemande aux partis de droite, pourrait servir d’alibi à la N-VA, puisque l’Europe s’est inscrite dans un programme de stabilité.

lab5.jpg

Voilà qui devrait plaire à Bart De Wever : rigueur budgétaire, réduction des acquis sociaux, poursuite d’une large participation de l’Europe à la mondialisation, etc.
Ce que c’est quand même de ne plus avoir vraiment un parti de gauche en Belgique pour opposer à cette régression, une autre logique !

Poster un commentaire