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La fin des collabos ?

Quelle est la raison qui me pousse à battre et rebattre le parti socialiste, comme un forgeron mécontent de la courbure que prend son fer rougi ?
C’est que je ne le hais point comme les marchands de soupe du MR qui confondent morale et économie pour le seul bénéfice de leur confort.
Je suis comme un parent désolé de voir comme devient un être proche qui « tourne mal ».
Le PS belge n’est comparable en rien au PS français, pour des tas de raisons dont la plus importante réside dans le fait que le PS français est talonné par une autre gauche, en même temps qu’il en tire l’obligation de s’accorder avec elle, s’il veut remporter les élections présidentielles.
Le PS de Di Rupo se lie aussi à des partenaires sauf qu’ils sont de droite et du centre, avec un parti écologiste qui en faisant la synthèse gauche droite, est devenu un parti équivoque, sans consistance politique en-dehors de la défense de l’environnement.
L’erreur impardonnable, le vice rédhibitoire, c’est Jacques Julliard qui nous le dépeint, si bien dans les colonnes de Marianne du 1er janvier, que je lui laisse la parole : « …parce qu’elle était persuadée (gauche-vision PS) que le suffrage universel finirait par opérer l’alliance entre classes moyennes et classes populaires, et qu’une telle conjonction imposerait sa loi au capitalisme. »
Abandonnons le cas français, si différent, pour le PS belge qui nous intéresse.
Cette erreur de jugement, le PS belge n’a pas fini de la payer.
On pouvait admettre le raisonnement qui consistait à trouver des alliances à droite et au centre. Il se justifiait au moment de l’expansion économique et l’élévation constante du niveau de vie, de sorte que la dilution de la classe ouvrière dans la petite bourgeoisie pouvait aider à résorber les différences et que cette carte était jouable.
La crise de 2008, que personne n’avait prévue, fut un révélateur pour beaucoup. Elle nous a montré la véritable nature du capitalisme. Son côté prédateur, étranger aux compromis avec les forces du travail, n’est sans doute pas assez démonstratif qu’il faille pour certains attendre qu’après la rigueur revienne la croissance, comme si cela était encore possible !

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La mondialisation progressive modifie profondément le capitalisme déjà dissocié de la morale conventionnelle. Une économie de casino chapeaute une « usine universelle », une sorte de bagne généralisé où ceux qui subissent les pires conditions de travail voient leur servage transformé en modèle de société !
Les dirigeants du PS ne sont pas plus bêtes que les autres. Ils voient bien où cette erreur déjà ancienne les a conduits. Les efforts qu’ils font pour maintenir dans l’esprit des gens une image de gauche prometteuse d’espoir, sont devenus dérisoires. Ils réfléchissent sur leur multiple collaboration avec le MR. Le PS n’a pas fait beaucoup de différence par le passé entre le CDH et le MR. Aujourd’hui, il est devenu indispensable de le faire. Le dilemme dans lequel le PS se débat a été effleuré par Antoinette Spaak chez Vrebos, ce dimanche.
Qu’a-t-elle dit ? « Puisque Bart De Wever est devenu insupportable, essayons de nous en passer dans la formation d’un gouvernement d’union de tous les partis à l’exception des deux partis nationalistes flamands. »
Cette majorité est possible sur le papier, pour autant que les partis traditionnels flamands le veuillent… il faut pour cela que le PS renoue avec ses anciens alliés du MR et se lance à nouveau dans une collaboration avec la droite ! Les collabos le disent déjà « Qu’est-ce que ça change, puisqu’il faudra de toute manière collaborer avec le CDNV, bien plus à droite que le CDH et le MR ?... et pire encore la NV-A si les Sept tombent d’accord.
Sans doute. Mais, il est à remarquer que le PS considère déjà la Région comme un petit pays, puisque ce qui importe à Di Rupo, c’est de rompre avec la droite en terre wallonne ! Implicitement, le président du PS reconnaît de la sorte l’Etat flamand !
Cette perspective pourrait avoir des effets néfastes à long terme. Sans déjà beaucoup de consistance, le PS est parvenu à garder sa majorité en Wallonie. S’il continue à ressembler de plus en plus à un parti du centre, allié au MR du centre-droit, pourra-t-il encore longtemps jouer sur son passé socialiste pour maintenir son score électoral ?
C’est la grande question que l’on devrait se poser boulevard de l’Empereur, dans cette alternative suggérée par Antoinette Spaak.
Je cite à nouveau Julliard, en guise de conclusion « …si la révolution est impossible, la collaboration des classes est aujourd’hui mystificatrice. De cette situation nouvelle, il faut tirer les conséquences ».

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