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Nos médias et une autre Tunisie

C’est facile de saluer « la révolution du jasmin » dans nos médias, alors que jusqu’à l’immolation par le feu du marchand ambulant, Mohamed Bouazizi, on n’entendait que des éloges de la république de Ben Ali, Tunisie pays modèle, agent modérateur du Maghreb, etc.
Depuis que le despote chassa du pouvoir « le vieux » Bourguiba pour faire du neuf jusqu’à ces jours derniers, rares ont été les journalistes qui se sont inquiétés d’une atteinte aux droits des gens, dans le régime tunisien.
Le couplet entendu traduisait souvent la satisfaction occidentale vis-à-vis d’un pays sans intégrisme musulman et riche de son tourisme.
Au cours de quelques voyages en Tunisie et sans prétendre jouer les enquêteurs, en me mêlant à la population, j’ai pu me rendre compte qu’il n’en était rien. Depuis plus de vingt ans, un malaise règne dans les villes de la côte qui s’amplifie dès qu’on entre à l’intérieur des terres, loin des centres commerciaux et des hôtels de luxe.
Intrigué et pour ne pas mourir idiot, j’ai eu quelques conversations au hasard des rues. Quand on sait susciter la confiance, c’est possible, malgré les mouchards, les polices secrètes et cette affreuse angoisse de vivre là où il n’est pas besoin d’un mandat, ni d’un juge d’instruction pour aller en prison sur le simple soupçon de ne pas aimer Ben Ali.
Le sans-gêne imbécile des touristes qui n’ont jamais rien vu de cela ou qui feignaient de ne le pas voir, est indécent ! Comment peut-on vivre auprès des populations pour prendre exclusivement le soleil et manger comme des porcs parce que la bouffe est comprise dans le prix ?
Comment se fait-il que presque aucun journaliste n’ait senti le climat délétère ? Comment des socialistes, dont les nôtres, ont pu siéger vingt ans à l’Internationale socialiste à côté de Ben Ali, sans jamais avoir éprouvé ni regret, ni remord ?
Je vois encore le portrait officiel du despote, obligatoire dans les cafés et restaurant, regardant l’objectif d’un œil gourmand en se frottant les mains. Il représentait la concupiscence jusqu’à l’obscène !
Il suffisait de s’intéresser à la presse de l’économie traitant des fortunes pour savoir que Ben Ali et sa famille pillaient sans vergogne le pays ! La deuxième femme du président et sa parentèle étaient les propriétaires de la quasi-totalité des grandes surfaces commerciales !
Comment expliquer ce quart de siècle de connivence occidentale avec une dictature ? Probablement de la même manière que nous apprenons de nos médias les nouvelles de pays comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite, voire d’Israël, vantée comme la seule démocratie du coin, sans pour autant trop en dire.

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Par contre, en compensation, on nous apprenait et on nous apprend encore à détester des pays comme la Lybie ou la Syrie, dictatures odieuses, certes on en convient, mais ni plus ni moins que les autres pays du Proche et du Moyen-Orient.
Du point de vue commercial, il doit exister des « bonnes » et des « mauvaises » dictatures. Comme quoi, malgré notre esprit « mêle tout » et « responsable » du monde, les limites à notre engagement à défendre les Droits de l’Homme tournent autour du fric !
Est-ce une bonne méthode d’informer le citoyen en prenant comme guide nos intérêts commerciaux ?
Les responsables des informations vous rétorquent que savoir comment les gens vivent et ce qu’ils supportent de leurs dirigeants ne nous concernent pas. Depuis quand sélectionne-t-on une information selon l’intérêt supposé qu’elle suscite ?
Reste que lorsque le climat se détériore, voilà que les morts nous intéressent. Sur RTL ils sont 40 et FR. 2, 56.
Puisque les grands médias se sont tus jusqu’à la mi-décembre 2010 et que jusqu’à la fuite, la télé tunisienne a poursuivi ses nuisances propagandistes, il fallait bien qu’une information libre circulât. Ce fut celle du WEB et des téléphones portables.
Le pouvoir ne peut pas tout contrôler. Réduire au silence les vecteurs nouveaux de l’information est à l’étude, mais pas encore réalisé à 100 %. Même la Chine, dont les dirigeants sont doués pour la censure, ne parvient pas à filtrer tout.
Les « spéciaux » de Ben Ali ont été submergés par les techniques nouvelles. Que les Internautes en soient remerciés.
Quel dommage que les journalistes professionnels ne puissent toujours pas exercer leur métier librement en Belgique et dans les démocraties en général ! Ben Ali n'avait quand même pas des intérêts au Soir et à La Libre ?

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