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La haine des autres.

Clémenceau aurait pu le dire aussi, après les militaires : la politique est une affaire trop sérieuse pour la confier aux politiciens !
Pour une fois, les éditorialistes des deux communautés sont d’accord. Les dirigeants des partis ne communiquent plus : ils monologuent. Les négociations restent sans issue, même si la Gazet van Antwerpen désigne les francophones responsables. A défaut d’appliquer aux négociateurs un devoir de résultat, la réflexion de Cheron, pour un gouvernement sans Bart De Wever, tient la route.
Mais personne parmi les médias et, ce qui est le plus surprenant, parmi les élus, n’a mis en rapport la déclaration de principe statutaire de la N-VA, à savoir la fin du royaume de Belgique, avec l’échec des négociations !
C’est pourtant clair !
Qu’on défende ce principe de séparation définitive qui est celui de la N-VA ou qu’on souhaite la pérennité du royaume, cela n’a rien à voir avec le fait qui plus est, s’écrit et s’expose au grand jour : la N-VA est un parti séparatiste et indépendantiste.
Dès lors, pourquoi faire le reproche à son président de ne pas souhaiter conclure un accord, quand il sait que de nouvelles élections lui seraient encore plus favorables et qu’il pourrait entraîner le CD&V vers le séparatisme qu’il souhaite ?
Le Club des Sept n’est pas un rassemblement d’imbéciles instruits comme les humoristes veulent bien le laisser croire.
Les trois partis francophones n’ont pas délégué des inaptes ou des incapables. Ils savent bien qu’il n’y a que trois issues aux négociations.
1. On accepte toutes les propositions de la N-VA et ont fait un gouvernement qui sous l’impulsion de Bart De Wever sera une entreprise de longue haleine chargée de la déposition du roi, des Institutions et de la Belgique, par petites étapes, mais dès son premier coup de pioche.
2. On ergote à chaque nouveauté introduite par la N-VA et on retarde à l’infini la formation d’un gouvernement, dans l’espoir de faire basculer l’opinion flamande vers le CD&V et ainsi dégonfler la N-VA en chargeant ce parti de tous les péchés du monde, jusqu’à ce que le CD&V soit assuré de ne pas être traité de traître à la cause flamande.
3. Si le CD&V hésite à faire un accord de gouvernement sans la N-VA, il reste l’alternative de poursuivre des pourparlers que personne ne veut rompre pour des raisons électorales, afin de pousser le roi le plus tard possible à dissoudre les chambres et à refaire des élections, suite à l’exaspération du public.
Didier Reynders, raccommodeur de porcelaine, est mis sur le coup. Est-ce le bon truc, dans ce magasin de théière et d’objets délicats, d’y voir entrer aussi l’éléphant Maingain ?

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Ce dernier point comporte un risque aussi grand que le premier. C’est celui de voir l’opinion flamande ramassée derrière la N-VA et augmenter son score, plutôt que reprendre le chemin du CD&V. En cas de succès de la N-VA, le risque est grand de se rapprocher encore plus vite du moment où la Belgique n’existera plus.
De ces trois points, aucun n’est meilleur que les deux autres. Il se peut même qu’un gouvernement sans la N-VA soit le pire. Personne n’ignore, dans la logique libérale qui est la nôtre, que la population sera appelée à de grands sacrifices touchant à l’économie afin de rétablir les finances publiques à une moyenne européenne voulue par Trichet. Cela signifie que les partis dans l’opposition vont voir leur crédit augmenter auprès de l’opinion publique et à l’inverse, les partis composant le gouvernement verront le leur décroître. Ce qui ne laisserait qu’un répit de trois ou quatre ans aux loyalistes pour renflouer la barque Belgique et retourner l’opinion flamande.
C’est fort peu !
Reste bien une solution dont on parle peu et qui consisterait à jouer la carte de la démocratie par référendum.
Il faudrait poser la question clairement aux gens : « Voulez-vous encore de l’Etat belge dans sa formule fédérale ? ». Et si le référendum y est favorable, il faudrait dans la foulée un vote d’une loi qui proposerait l’interdiction pendant une période de dix ans de toute réforme séparatiste comme étant contraire à la Constitution ou toute formule allant dans ce sens.
Si le référendum est favorable à la fin de la Belgique, reste à organiser des états généraux pour les formes que devront prendre les actes de séparation afin d’établir les inventaires des biens et propriétés appartenant à chacune des Régions et donner à la frontière linguistique le statut de frontière.
Cela prendra du temps. Un gouvernement intermédiaire sera nécessaire pour la liquidation.
Personnellement, je préfère cette dernière formule et un retour à la France des francophones, dans le cadre d’une association autonome. Et si c’est impossible et qu’on chicane à Mons et du côté de Charleroi, alors que renaisse le Département de l’Ourthe et de son chef-lieu, Liège et que les autres aillent se faire foutre.
Je ne sais si je suis Français. La seule chose que je sais, c’est que je parle la langue et que je n’en veux point d’autre, parce qu’elle est ma culture et donc ma seule et vraie attache. Quant au patriotisme et sa verrue, le nationalisme, je pense à Voltaire qui a écrit « Le patriotisme, c’est l’amour des siens, le nationalisme la haine des autres. »

Commentaires

Les grands orateurs sont en effet ceux qui savent se taire

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