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Croissance sur le fleuve bleu.

On s’angoisse tellement que la croissance ne pourrait plus se faire, qu’on n’a pas idée comme ça fait du bien de voir la génération suivante plus grande de cinq centimètres !
Voir plus grand est la recette de la survie du système capitaliste. Se contenter de peu est sa mort certaine.
Pas de repos, pas de palier, pas le moindre arrêt entre deux étages, « Lift » est le mot d’ordre.
On sait bien que ce n’est pas possible pour tout le monde, un STH sortant du cadre de la médecine pour l’apothéose de la rentabilité en économie. Comme on ne saurait offrir un I-Phone ou une bagnole à tout un chacun, ça tombe bien. Les méritants, c’est-à-dire ceux qui ont un boulot, seront récompensés et que les autres aillent se faire foutre.
Seulement voilà, la croissance devient parcimonieuse, se marchande à coups de restrictions. Cela a pour effet d’augmenter le nombre de ceux qui devraient aller se faire foutre, d’un contingent supplémentaire de travailleurs qui traîne la patte dès le 15 du mois, vu la minceur de la paie dont on crédite ses efforts.
Evidemment cela fait désordre, mais grâce à l’innocuité du parti socialiste et de la bénignité des syndicats, cela se remarque peu, d’autant qu’il y a compensation de la croissance molle par la croissance accélérée du haut de la pyramide.
Reste que pour l’option fondamentale de l’appareil économique d’un capitalisme serein et en croisière d’agrément, la nécessité d’une croissance est l’évidence même.
On garde l’effroi du souvenir des avortons en 1900 avec une croissance à la bougie et des déplacements en coche. Voilà pourquoi les ouvriers dépassaient rarement le mètre cinquante et les cinquante ans de vie, ce qui confortait les maîtres de forge à susciter un bel esprit de croissance chez les ploucs !

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Longtemps, ce fut une croissance contreproductive, à hue et à dia, une croissance de cloporte.
Enfin des méthodes modernes sont venues pousser les feux ! Tout dans le geste pour que rien ne se perde ! De ces cohortes humaines en vagues bien moussantes des saloperies de la misère, qu’on les étrille un peu, qu’on les récure pour qu’elles endossent les sacro saintes salopettes, les bleus bien libéraux du travail ennoblissant la pouillerie, des bienfaits du savon de Marseille pour tous, aux coupons actionnariaux des particuliers méritants.
Behavioristes pires qu’un magasinier chef de chez Trouduc, les ingénieurs du geste arrivèrent, maîtres de ballet des corps, dans des chorégraphies réglée sur la vitesse du tour et du vilebrequin en précision suisse. Le temps de mettre l’art de Petitpas à la cadence maison, et voilà l’engeance naguère désœuvrée, au chant d’amour du soufflet sur braises de la démocratie par le travail !…
-Demain, les gars, on passe à la cadence supérieure, question de croissance accélérée. Les Chinois font mieux que nous, rien qu’avec leurs petits bras de pince à sucre !
-Oui, m’sieu, l’ingénieur…
Et voilà qu’il n’y a plus surchauffe, que le volant de sécurité de la main-d’œuvre disponible devient le monstrueux tas de flemmards que Wathelet et l’ONEM ont juré de pourchasser. Dix vaillants à l’ouvrage valent mieux que cinquante flemmards. Ça gagne moins et ça a peur de perdre sa place !
Aujourd’hui, alors qu’aux cohortes faméliques, on la promettait infinie, la croissance se fait attendre ! On la lésine ! On la marchande, comme par exemple la promesse qu’elle reviendrait à condition de décroître en prétentions et outrances revendicatives.
Quand les actionnaires se réunissent chez Herman de la Serpillère et Barroso de Lisboa, après un conseil d’administration, ils la réclament comme du pain, cette foutue croissance ; tandis que des grossiers se rassemblent sous les fenêtres de l’Europe, pour casser des carreaux !
Et tout ça à cause d’une malheureuse prise de bénéfice qui dérapa en 2008 !
L’Europe va reprendre tout ça en main, pour une nouvelle croissance.
L’exemple, ce n’est plus l’ouvrier d’Herstal ou de la Courneuve, c’est l’ouvrier chinois, sa capacité à vivre en bon sous-développé dans la joie et la bonne humeur !
La croissance, c’est le coolie ! Il la personnifie, la symbolise. Il devient l’exemple suprême. L’Europe se mettra à l’esprit chinois. Herman fait des efforts de symbiose, se chinoilise, se met dans les brancards du pousse-pousse, montre à la gueusaille européenne comment il faut aller de l’avant au pas de course, avant de monter derrière. Après tout, c’est lui le Blanc !
Déjà, il ressemble vaguement à un Confucius qui aurait suri dans la haine de Wezembeek-Oppem francophonisée.
Somatotrophine pour tout le monde, l’hypophyse au résultat... merde, croît ou crève !
Déjà quand Van Rompuy en parle, on sent qu’il remonte le Yang-Tseu-Kiang, la jonque bourrée de chemises, productions « made in Belgium », pour vendre aux Chinois à prix cassé garanti !

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