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Reynders, trois petits tours et puis…

C’est bien au 264me jour de crise (ou 262 je ne sais plus) que Reynders a déposé ses conclusions de l’ixième tentative de dénouer les aiguillettes de messieurs de la politique belge.
On dit le roi très fatigué, et nous donc !
Qu’a-t-il dit de neuf, notre grand libéral liégeois ?
Rien, sinon qu’il lui semble avoir fait œuvre utile à rapprocher les points de vue. Le comble, c’est qu’il est sincère. Il n’a même pas ce fond de clairvoyance et d’honnêteté qui devrait être partagé par tout homme public, pour nous avouer que sa médiation n’a eu que le mérite de retarder d’un petit mois le saut dans le vide...
Le roi qui n’en peut, mais… va charger le président du CD&V, Wouter Beke, d’une nouvelle et « importante » mission, celle d’amuser la galerie un nouveau mois, celui de mars, annonciateur du printemps. Après… on ne sait pas… On improvisera.
Exit Didier Reynders avec la fin de l’hiver. Comme l’a dit Carl Devos, politologue (propos rapportés par Le Soir) « Didier Reynders est le seul à croire que sa mission est une réussite. »
Sa « vraie » réussite aura été d’avoir suscité un consensus : celui d’avoir déçu tout le monde.
Le temps n’était pourtant pas si lointain d’un Didier Reynders qui croyait en son destin de grand raccommodeur des Régions !
L’Europe est perplexe ! Nous, davantage.
Il y a quand même une remarque et une leçon à tirer du pataquès le plus fameux depuis 1831. On a toujours dit que ces messieurs étaient bien payés pour éviter qu’ils aient la tentation de monnayer leur savoir-faire dans l’industrie et le commerce ! Aujourd’hui, qui les engagerait ? Mais, ils seraient capables de mettre en faillite la plus performante des entreprises en six mois de direction ! Quant à courir le risque qu’ils se laisseraient soudoyer si leurs salaires étaient revus à la baisse, on se demande qui aurait intérêt à les acheter, attendu qu’ils n’ont plus rien à vendre.
Quand un parlementaire courageux prendra-t-il l’initiative de déposer une loi selon laquelle les émoluments de la gentry seront diminués en cas d’échec, au prorata des jours de crise ?
Il paraît que maître Didier a mis en présence des interlocuteurs qui se faisaient la gueule depuis des mois. J’ignorais que dans un Etat comme le nôtre, les humeurs de ces messieurs constituaient un écueil supplémentaire ! Pendant que les gens piaffent et s’impatientent, ces grands diplomates boudaient ! C’est la première fois qu’on entend dire que bouder est une forme de non-dialogue capable de faire évoluer les choses.

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Pourquoi ne pas dire ce qui est ? A savoir qu’un bras de fer est engagé depuis six mois entre des programmes opposés. Qu’il est impossible de former une coalition sans que l’une des deux parties ne perde la face devant ses électeurs, que le nationalisme farouche doublé d’une vue ultralibérale du social, de l’une, n’est pas compatible avec le « loyalisme » à la Belgique fédérée, plus une vue laxiste du social, de l’autre !
Ne serait-il pas plus honnête et efficace d’exposer franchement l’état des lieux ?
Faudra-t-il un nouveau Cromwell pour faire plier une des deux communautés, mais de telle sorte qu’elle passe pour victime aux yeux de ses électeurs et qu’ainsi elle ne soit pas sanctionnée ?
Quand on nous explique que Didier a obtenu que les partis soient à nouveau disponibles, on nous prend tout simplement pour des imbéciles ; car, bien sûr, ils ne vont pas dire qu’ils ne sont pas prêts ! Cela équivaudrait à se mettre à dos les électeurs exaspérés du surplace.
Et, puisque des négociations sont impossibles, que de nouvelles élections n’apporteraient rien de neuf, pourquoi ne pas décider un statuquo de la Belgique dans sa forme actuelle, étant entendu que commencerait, selon une procédure à établir, un processus de fin de celle-ci ?
Dans une séparation de cette importance, il faudra des années de réflexions et de procédure.
Ouvrons l’examen de ce dossier, voyons comment il est possible d’y arriver. Peut-être bien que les unitaristes y trouveraient leur compte et les royalistes un espoir, devant la difficulté de la chose.
Après quelques années de palabres, les événements de l’Europe et du monde auront tellement modifié la donne, que le problème belge sera résolu ou dépassé par d’autres acteurs que ceux qui pataugent et ploient sous des dossiers, à nous raconter des craques.

Commentaires

Comment pourrions-nous ne pas être d'accord avec propos vu la tournure des choses.

La seule consolation que nous avons, me disais-je ce matin, est que pas de gouvernement est tout de même mieux qu'un gouvernement Lybien.

La bonne nouvelle est qu'en fin de compte, même si nous n'avons plus de gouvernement, cela ne change pas grand chose en pratique.

Quant au Roi... bon allez, je ne vais rien dire sur le Roi.

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