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Indignados / Indignés

Ce n’est encore qu’un frémissement en Belgique et notamment à Liège, mais une centaine de personnes campent désormais Place St-Lambert,au cœur de la ville, pour réclamer « une démocratie réelle » et un véritable « pouvoir populaire ».
Le mouvement « Indignados » est apparu en Espagne ou d’importantes concentrations de jeunes à Madrid et à Barcelone sur les grands-places témoignent pareillement de l’éloignement des mandataires élus, des préoccupations du peuple.
Ce courant s’est amorcé en Tunisie et en Egypte pour traverser la Méditerranée et gagner l’Europe.
Il vient de l’incompréhension de la jeunesse de ces deux pays à l’analyse triomphaliste des démocraties occidentales. Lors de l’insurrection contre les dictateurs de la jeunesse de l’autre côté de la Méditerranée, nos officiels occidentaux ont cru qu’il s’agissait d’une aspiration à la démocratie et à la liberté selon leurs critères ; or, il s’avère d’après les témoignages des populations du Maghreb, que si elles veulent effectivement la démocratie et les libertés, leurs aspirations ne correspondent pas à l’idée que s’en font nos dirigeants.
C’est ce qu’ont compris les jeunes d’Europe qui bataillent désormais pour autre chose que la fade interprétation que les politiques font de la démocratie.
En réalité le mot recouvre deux concepts différents, voire opposés. La démocratie par délégation qui suppose un consensus qui laisse à quelques-uns la responsabilité de tous, et la démocratie directe qui exige que les promesses soient respectées et que la volonté du peuple soit celle qui prime sur toutes les autres.

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Aujourd’hui on peut parler d’une démocratie confisquée, à l’avenir calqué sur le pouvoir économique dans une mondialisation désastreuse. Les Indignés n’admettent pas que les dirigeants qu’ils ont élus se prosternent devant le CAC40, le G8, le FMI et toutes sortes de sociétés écrans qui volent leur avenir, comme ils volent les jeunes qui travaillent encore.
Les disparités énormes entre le capital et le travail leur paraissent anormales. Ils ne veulent pas d’un nivellement des sociétés par le bas sous prétexte de concurrence. Ils entendent bien que les responsables obéissent aux projets collectifs des gens au lieu de disperser les patrimoines nationaux fruits de l’effort de tous dans des mains anonymes profiteuses.
En un mot, ils veulent que le respect s’inverse et aille plus à eux qu’à l’argent.
Du coup, les gazettes qui vous informent se sont pratiquement toutes alignées derrière « l’orthodoxie » démocratique et avancent déjà sur le sentier de la haine en voulant rassembler leurs lecteurs contre un mouvement révolutionnaire anarchiste et cryptocommuniste. Parole, en huit jours, on se croirait revenu à la guerre froide.
Pour ma part, je ne vois pas dans ces mouvements autre chose qu’une volonté de se réapproprier la démocratie en instaurant un droit de prise de la parole du citoyen, alors que celle-ci est monopolisée sans aucune pudeur par quelques caïds professionnels des milieux branchés de la politique, avec la complicité des télévisions et radios périphériques.
Déjà, on voit l’analyse qu’en fait le Soir de Bruxelles : renversement du capitalisme, occupation sans autorisation officielle pour occuper l’espace public, etc.
Même si, lors d’une rencontre ce lundi avec une délégation du campement, le même journal affirme que le bourgmestre de Liège Willy Demeyer (PS) a donné des garanties pour que le campement ne soit pas délogé « tant que les règles de base seraient respectées », il ne manquerait plus qu’il se conduise tout de suite comme Ben Ali à Tunis !
Il faudra bien qu’il attende un événement « grave », voire même le susciter pour au moins avoir officiellement le droit d’évacuer la chienlit !
Derrière les autorisations du bout des lèvres, on sent poindre deux inquiétudes des autorités, la première que le mouvement prenne de l’ampleur, ce qui avec la pluie revenue me paraît fort improbable, la seconde que même parti de rien et n’aboutissant nulle part, ce mouvement ne finisse par impressionner la masse « sans opinion » qui confère à cette démocratie le ton bon enfant, et reste de marbre pour la terrible fatalité du système qui condamne la moitié de la population à la misère.
Ce sont ces dangers que les « forces démocratiques » officielles vont évaluer au cours des jours qui viennent, quitte à un moment de faire déguerpir « la racaille » à coup de gourdins et de gaz lacrymogène.
Le tout, bien entendu, au nom d’une démocratie respectueuse des engagements internationaux, des banques et du démantèlement des Entreprises publiques.

Commentaires

Excellente analyse, comme d'hab et je suis tout à fait de ton avis. Mais ce qui me gène un peu c'est que tu ne dises pas qu'en fait, toutes les révolutions, même celles qui sont parties directement de la base non polluée (c'est assez rare s'il y en a) étaient quand même soutenues, voire dirigées d'une manière subliminale par des "intellectuels" qui préparaient en silence et avec l'appui d'une masse bien souvent de bon sens mais non informée, l'avènement d'un nouveau système qu'ils (les manipulateurs) souhaitaient récupérer à leur profit. Je pense que toutes les révolutions (celle des indignés ne fera pas exception) ont été ratées malheureusement. On voit déjà comment elles sont récupérées (en partie du moins) en Tunisie et en Egypte. On a vu comment les révolutions de 1789, 1917, Culturelle, Mai 68, ont été récupérées. C'est bien triste, mais c'est la réalité. Evidemment on peut encore rêver!

Très juste aussi, mon cher Tounet. Mais, c'est comme tu l'écris "on peut encore rêver !".
Comme il est écrit dans l'Histoire, il y a ceux qui font les Révolutions et ceux qui en profitent. Ce sont rarement les mêmes...

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