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Un terrorisme mal connu.

Ce n’est certes pas une tare que d’avoir fait des études et de revendiquer un statut social de niveau universitaire. Ce qui ne va pas, c’est la part belle que prennent certains métiers dans la représentation des citoyens. Déjà en 1995, on s’inquiétait de savoir s’il fallait avoir fait l’université pour avoir le droit de prétendre à représenter le peuple.
Certainement non, au point de vue strictement démocratique pour la défense de la liberté accessible à tous, absolument indispensable dans la réalité subjective des partis qui placent le cursus au niveau du diplôme et pas de l’intelligence.
D’autant que sortir d’un même moule, c’est d’une manière ou d’une autre répliquer la même façon de penser et avoir avec une rhétorique peu diversifiée, le même langage. Les journaux parlent de la langue de bois, expression qui dit bien ce qu’elle veut dire et qui touche principalement le personnel politique. Ainsi rassuré de savoir que les autres pensent et parlent comme lui, le grand leader synthétisera le consensus qui fait la loi.
S’il est une profession surreprésentée dans les hautes sphères de la démocratie, admirablement conçue pour le billard à trois bandes et le rapport circonstancié, c’est bien celle d’avocat. En Belgique, il y a pléthore ! Ils viennent de partout, envahissent tout, il en pleut ! Le parlement ne serait, finalement qu’une succursale du palais de justice. En assemblée plénière, on pourrait sans avoir recours à l’extérieur, créer de toute pièce un tribunal d’assises, avec ses juges, ses procureurs et ses avocats. Les plaignants et les accusés pourraient en être aussi, de la même manière que pour la reconstitution d’un crime, les policiers jouent souvent le rôle de la victime et celui de l’assassin.
Trop c’est trop.
C’est tout le problème de l’intellectualisation dirigée dans un sens unique pour servir les seuls intérêts d’une économie de marché et d’une démocratie fantoche.
En 1995, parmi les 212 députés, on comptait déjà en effet 28 avocats, 25 députés s'annonçaient simplement docteurs en droit, 27 autres avançaient encore la qualité de licencié en droit, douze enfin, assistants sociaux.
Seize ans plus tard – je n’ai pas les statistiques – il me semble que le nombre des « chers maîtres » a probablement fortement augmenté.
Toujours en 1995, au Sénat, quarante-six sénateurs sortants sont des professeurs, les avocats étaient 23 et les fonctionnaires, 21. Venaient ensuite les chefs d'entreprises, 19, les médecins étaient 7. Un seul sénateur se disait agriculteur, fouronnais de surcroît, si vous voyez de qui il s’agit.
Le milieu où s’opèrent les prises de décisions dans les partis est petit et fermé, là des hommes et des femmes se sont placés à des endroits stratégiques, souvent de par la volonté d’une ou deux personnes, d’où ils maîtrisent parfaitement les cadres inférieurs, les permanents et les militants. Ils manipulent le grand public par des opérations de jonction aux sections et de marketing en utilisant leur image dans des émissions de radio et surtout de télévision pouvant aller jusqu’à des jeux (Voir Bart de Wever).

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Ils se connaissent d’un parti à l’autre, s’apprécient ou se haïssent, se trahissent souvent, mais se comprennent puisqu’ils parlent le même langage et qu’ils ont appris dans les mêmes écoles, les mêmes types de raisonnement. C’est souvent sur des disputes de nuances auxquelles le public ne comprend rien, qu’ils perdent ou gagnent des majorités.
Leur point commun est le cumul. Ce sont des cumulards. La définition du Petit Robert leur est parfaitement adaptée «Cumulard : Personne cumulant des emplois, des avantages auxquels il ne devrait pas avoir droit. »
Le cumul ne se décrète pas, ni ne se planifie. Il se conquiert par pouvoir personnel, influence occulte ou flatteries éperdues. Le nombre de cumuls trustés par quelques-uns est une marque de reconnaissance du chef et de sa puissance.
Il n’est question que de pouvoir. Multiplier les fonctions, c’est multiplier les responsabilités. C’est comme un mécano qui en se construisant, consolide le personnage.
La loi du cumulard est simple. C’est la même que celle du système économique. Le cumulard est condamné à cumuler, sinon, il régresse.
Le porte-drapeau de ce marché contrôlé des partis et des idées, la raison sociale de tout l’édifice, c’est l’université.
On sent dans le discours de Reynders et de Di Rupo une proximité confortable dans les mots, sinon dans les idées, encore que Di Rupo soit plutôt sujet « au sermon sur la montagne ». Reynders n’est jamais aussi bon que dans l’amertume, qu’il exprime un peu comme Chamfort quand il écrivait ses aphorismes. Des deux, il apparaît nettement plus lettré que le président du PS.

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