« Vas-y Albert ! | Accueil | Saumure ou marinade ? »

Antisthène avait raison !

Ce matin, en lisant l’ex journal de Béatrice, un éclair tombe dans ma tasse de café. Rien à voir avec la pâtisserie du même nom. Pourquoi sommes-nous si peu sélectifs dans le choix des épithètes, au point que nous n’osons nous en servir qu’en qualifiant plus faible que nous ?
Nous sommes comme Platon sans le savoir qui fit de Diogène « un Socrate devenu fou » !
Mais non ! Diogène n’était pas fou et ne ressemblait en rien à Socrate.
Deux grandes écoles avaient raison en Grèce de poser les questions essentielles de la manière dont elles les posaient, celle des Cyniques et celle des Sceptiques. C’était la première fois qu’on osait dire franchement ce qu’on pense, sans crainte et sans l’arrière-pensée qu’il fallait flatter les puissants pour survivre.
Dire ce qu’on pense ! Voilà un plaisir coûteux qu’Anatole France désigna en son temps comme dangereux mais trop vif pour qu’il y renonçât jamais.
Quant à la vérité, est-on sûr quelle existe ? En-dehors de vérités particulières, je n’en connais pas d’autres.
Pas plus que ma vérité, la vérité officielle est fragile et quand elle se veut la seule, elle est assurément fausse ! Donc toutes les vérités officielles sont fausses, puisqu’elles se veulent indiscutables ! Quant aux miennes, je laisse le soin d’en débattre et suis assez capable de reconnaître que parfois mes vérités ne le sont pas. Mon honnêteté en la matière consiste à ne m’en rendre compte après qu’elles aient été proférées, et non avant.
Pour en revenir aux philosophes, si l’on excepte les Eléates, les Sceptiques et les Cyniques, beaucoup d’autres philosophes n’étaient que des marchands de soupe.
Le point de vue des Eléates est assez confortable puisque « rien ne naît de rien et rien ne retourne à rien ». Un principe, qui rappelle le « rien ne se perd, rien ne se crée » de Lavoisier. Ce qui ne l’empêcha pas d’être guillotiné en 1794, mais qui lui permit néanmoins de vérifier que, si rien ne se crée et que rien ne se perd, au moins, tout se transforme.
Tout ce long et « inutile » verbiage à propos du mot « voyou » dont l’exploitation exclusive désignant un personnage du peuple me paraît trop restrictif.
Le dictionnaire nous renseigne « Individu louche…à l’allure inquiétante…susceptible de commettre des délits, etc. » et comme ce n’était pas suffisant, juste en-dessous la définition de « voyoucratie » une autre formule explicative « le gouvernement par la lie du peuple ».
Voilà qui est clair : nous sommes dirigés par des voyous !
Ils sont bien la lie du peuple, mais le peuple ne s’en rend pas compte, puisqu’il croit que la lie du peuple vit d’expédients sur le trottoir.
Tout concorde : la bande organisée, la parole du camelot qui fourgue sa camelote, l’arnaque aux citoyens, la promesse qui n’aboutit qu’au départ précipité d’un faux commerçant, le maquereau qui revend ses putes, le voyou qui prêche l’égalité pour brader plus facilement des régions revendues au plus offrant, et jusqu’à l’héritier qui hante le Congo et qui vous promet la moitié de son héritage si vous consentez à lui faire une avance, sans oublier le royaliste qui hurle à qui veut l’entendre « honneur et patrie » et qui s’apprête à donner aux Flamands d’en face, des Francophones à dix € la tête !
Tout s’interpénètre du trottoir aux salons du tout Bruxelles, de la rue au parlement, des chiottes d’un bouge au 16 rue de la Loi.
Les voyous peuvent être partout !
Les voyous les plus performants, parce que les plus destructeurs ne vivent pas sur les trottoirs. Les petits bougres des ruelles ne font qu’une victime à la fois, rarement plusieurs. Ils ne s’attaquent pas à une population entière. Ils ne promettent rien que la bourse ou la vie aux rombières apeurées lorsqu’ils sortent leur surin, la nuit, dans les rues désertées.

148kl00.jpg

La question qui se pose est simple : à partir de quel crime organisé devient-on un voyou performant assuré de l’impunité et - avec de la chance - le droit à la reconnaissance nationale à la clé au lieu des Assises ?
Ne cherchez pas des noms. L’ex journal de Béatrice en est plein.
Ce soir encore, son ex journal bruit du triomphe des Sept qui peut-être se retrouveront Huit, à condition de bien brader la liberté de parler la langue que l’on veut.
Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus !
Bon sang ! que de voyous…

Poster un commentaire