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Elio nous les gèle !

Hier, Elio Di Rupo déballait son projet de 110 pages devant les journalistes. Je ne sais pas si la ressemblance ne vous a pas sauté aux yeux, c’était tout à fait Pie XII !
Le phrasé cérémonieux, le contrejour et le visage dans l’ombre… une sorte d’onctuosité dans la voix… l’assurance tranquille de l’homme sûr de sa mission apostolique et de son vicariat suprême !... Il ne lui manquait plus que les dentelles, les drapés façon rideau… Pour un peu, on imaginait qu’une cloche sonnait d’une lointaine cathédrale !
Quant au reste, le contenu de la chose, les socialistes se sont fait une spécialité à la Jospin de nous prévenir que leur programme ne serait pas socialiste. Là, ils se sont surpassés. Le petit peuple va déguster ! Déjà les syndicats rejettent le volet social. Le saint père de Mons se fout bien de l’aspect humain des restrictions qu’il impose.
Par contre les gazettes flamandes sont aux anges, pour la droite, c’est inespéré un allier comme Elio. Charles Michel n’a pas attendu Adolf De Wever pour trouver le plan à son goût. C’est tellement salé pour les petites gens que Bart va avoir difficile de refuser le côté communautaire. Certes il est nationaliste, mais il est aussi d’extrême droite. On attend sa réponse avec intérêt.
Les chômeurs, les petits revenus, les pensionnés, la sécu, les familles avec enfants, même les vacanciers qui prendront l’avion, qu’est-ce qu’ils dégustent !
Par contre, on a beaucoup aimé les 5 % de salaire en moins du gratin électoral, si ce n’avait été bidon, pour la frime, quand on sait que pas plus tard que l’année dernière, ils ont bénéficié de presque du double ! Ils s’étaient augmentés tout seuls… en prévision.
Prenons le cas des pensionnés. Certes, Pie XII promet une poussette supplémentaire pour les plus basses pensions. Tout le monde à 1150 euros pour 2015 ! Quand on sait qu’un pensionné vivant seul, pour l’exercice 2010, ayant justement ces 1150 euros, malgré les retenues de l’Office des Pensions, doit à la fin de l’année rembourser plus de 500 euros aux Contributions, on se demande si le saint père des socialistes est sérieux. Que vaudront ses 1150 euros dans quatre ans ?
Déjà le préambule sent son petit démagogue capitaliste. Il table sur 2 % de croissance ! Cela n’a rien de formidable, puisque la BNB penche pour les 2,6. Mais personne jamais n’a su donner à l’avance les bons chiffres. C’est comme ça. C’est, on ne peut plus risquer de prendre le pari. Les derniers chiffres des USA ne sont pas bons, pourtant Obama aurait juré que c’était bien reparti…
Le tour de vis des Administrations publiques ne rime à rien. On se croirait en Sarkozye dans l’absurdité d’un emploi non renouvelé d’un fonctionnaire sur deux à la retraite. Ici, les restrictions s’appellent « gel ». Cela aura les plus graves conséquences dans l’enseignement, déjà que la plupart des enseignants y vont de leur poche pour acheter des craies, des papiers, des choses les plus élémentaires et que l’on ne fournit plus faute de moyens, avec des nominations au compte-goutte, des salaires d’une grande indigence, des classes surpeuplées et des maîtres d’école qui se taillent dans le privé. Gelons, messieurs, gelons…
On voit bien que ces apparentes mesures d’économie touchant les gens au niveau de la santé, du chômage, des pensions, et de l’enseignement sont destinées à dédouaner Monseigneur vis-à-vis de la droite flamande dans le but d’amadouer Adolf De Wever.
Justement, nous arrivons au volet communautaire.
Le système Di Rupo consiste à préserver les droits au-delà du raisonnable des 7 à 8 % de néerlandophones de la capitale, pour abandonner à la rage flamande les francophones de la périphérie, dans une proposition d’accord de scinder Bruxelles-Hal-Vilvorde d’une complication extrême et d’une grande concession aux thèses de la N-VA. Malgré tout, il n’est pas certain que celle-ci voudra entrer dans un gouvernement, alors que son objectif n’est pas d’organiser une Belgique fédérale, même très favorable à la Flandre, mais de la détruire.
Comment un socialiste peut-il s’abaisser à faire le jeu de la droite libérale et de l’extrémisme nationaliste flamand ? La gloire d’être premier ministre ?
Ce sera un mystère jusqu’au bout.

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Si on observe bien le jeu du PS français, on aura une partie de la réponse.
Les cadres du PS se sont mis en tête de mieux gérer la Nation que les cadres libéraux eux-mêmes. Ils la gèrent donc dans la stricte observation des règles et des devoirs du système économique capitaliste.
D’où une sorte de match qui profite aux patrons et au capital. Parce que, c’est aussi stupide que cela, le parti socialiste est peut-être le plus respectueux aujourd’hui du libéralisme en cours de mutation, mieux que le MR lui-même.
C’est le PS qu’on appelle quand la droite craint des débordements populaires.
C’est aussi ce qu’ont compris les patrons grecs.
Si les électeurs wallons du PS en font autant, le parti risque de perdre des plumes.

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