« Ah ! les salauds… | Accueil | Franck Lepage. »

USA : failure ?

Même si les sénateurs disent « oui » à Obama et que le plafond de la dette est relevé, cette crise « évitée de justesse » a été comme une douche froide aux américanolâtres européens.
Est-ce que cela pourrait pour autant changer leur point de vue ?
Non, bien sûr. Et c’est là tout le tragique de la chose. Le monde entier est lié au dollar par les liens d’une économie mondiale unifiée par, entre autres, le dollar étalon. Mais, c’est surtout par les sentiments que le dollar nous tient par les « testicles ». Rien n’arrête « l’ardor » de nos didjéristes… C’est que le monde libéral n’a pas d’autre exemple à nous fourguer…
On le voit de trente six manières, telle l’attitude des agences de notation qui ont toutes leur siège à New-York.
Alors qu’elles viennent de dégrader la Grèce de la façon que l’on sait, que d’autres états européens sont dans leur collimateur, elles attribuent toujours la note suprême aux USA « AAA ». Voilà un pays au bilan catastrophique, qui pourrait se trouver en défaut de remboursement de sa dette, c’est-à-dire en état de faillite, et coté trois A !
C’est récemment que des économistes européens à la solde du pouvoir et des banques, viennent d’arrêter les éloges sur l’art de rebondir de l’économie américaine. Ils l’ont fait, alors que leur métier était de soutenir ce mensonge, parce qu’ils ne pouvaient plus être crédibles assis sur leur petit nuage du libre échange.
Comme il est devenu bon marché de faire un tour aux States, l’euro valant plus d’un dollar quarante, les vacances aidant, les touristes européens reviennent de leur séjour, pour ceux qui ne se contentent pas de bronzer sur les plages californiennes, pratiquement épouvantés de ce qu’ils ont vu de l’Amérique de l’intérieur. Surtout ceux qui y ont séjourné, il y a plus de dix ans, sont abasourdis des différences et des dégâts d’un capitalisme malade de ses pauvres.

2gfds.jpg

Les petites villes sont devenues des déserts, tout se dégrade, les herbes folles croissent dans les rues, il n’y a plus aucun employé municipal pour les arracher. Dans les terrains vagues, les détritus s’accumulent. Des bandes de jeunes au chômage errent sans but. On y vend et revend du chite, de la drogue dure au vu et au su de tous, il n’y a plus de flics, licenciés eux aussi, faute d’argent.
Les environs de Philadelphie qui avaient vu croître des petites villes dortoirs, mais peu à peu embellies et conviviales de par l’activité des municipalités, retrouvent un aspect de ville délabrée, genre western, avec des signalisations toujours en panne, des fenêtres sans vitre et la poussière que le vent soulève, comme dans une ville mexicaine du temps d’Emiliano Zapata. Les gens se barricadent chez eux et pour cause, la criminalité depuis trois ans a presque doublé, à la suite des familles sans travail, poussées à la rue et dont les enfants se sont égayés partout à la recherche de quoi s’abriter et se nourrir.
Dans certaines régions le chômage est monté jusqu’à 40 % des hommes et un peu plus des femmes.
Dans ce monde nettement devenu une société à deux vitesses, les îlots de fortunés subsistent. Certains quartiers « résidentiels » sont des places fortes entourées de hauts grillages et gardés par des milices privées pourvues d’armes automatiques.
50 Etats de l’Union ont 82 milliards de déficit. Comme c’est devenu impossible de relever les impôts, puisque le système ne le perçoit qu’unilatéralement sur la classe moyenne, les riches et les pauvres s’en tirent, les uns parce qu’ils manipulent le politique, les autres parce qu’on ne sait pas faire saigner une pierre et comme la classe moyenne est exsangue… les Etats réduisent les dépenses à un moment où il faudrait voler au secours des plus misérables, refaire les routes, augmenter les effectifs de police, etc.
Qui revient de Detroit, l’ancienne ville de l’automobile, a vu comment le système économique, poussé jusqu’à sa dimension la plus absurde, réduit peu à peu toutes les activités.
Des hectares d’usines à l’abandon, des monceaux de briques à qui veut les prendre et que personne ne prend, des usines fantômes avec leurs cheminées qui ne fument plus, de longues avenues désertes, entre ce qui fit la richesse des Etats-Unis de l’entre-deux guerres.
La croissance continue a pu leurrer le monde jusqu’en 2008. Depuis quelque chose s’est cassé, même si certains Etats s’en tirent mieux que d’autres. Par exemple, Silicon Valley dans la partie sud de San Francisco, oui, mais c’est en Californie, sur la côte ouest aux États-Unis.
Cet abandon quasiment général fait froid dans le dos.
Evidemment si vous revenez de Palm Beach, vous pourrez toujours dire que vous avez vu l’Amérique telle que nous la croyions dans les années 80 ; mais, vous serez comme ce voyageur invité par le Régime de Corée du Nord, vous ne saurez pas ce qui se passe derrière le paravent.
Le malheur, pour nous Européens, nous sommes dirigés par des gens qui justement vivent devant le paravent et qui persistent à croire que mettre l’avenir des Communautés dans les mains du privé, c’est ce qu’il y a de mieux.
Restera demain, de faire en Europe ce qu’on voit aujourd’hui aux USA : les riches se barricader dans des quartiers réservés. Quant aux populations plus ordinaires, elles achèteront des armes au marché noir (très florissant aux USA), pour se défendre en cas de besoin.
Si c’est ça qu’on appelle la liberté et le progrès…

Poster un commentaire