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Scrupules…

Pourquoi s’attarder sur le cas Dominique Strauss-Kahn ?
C’est en me posant cette question que je me suis découvert des raisons diverses, parmi lesquelles se dissimulait la raison principale.
Cette dissimulation était-elle volontaire ? Ce serait plutôt parce que je n’avais pas voulu en voir l’importance.
Rien n’autorisait à sanctionner par avance un accusé, toujours présumé innocent, malgré des accusations portant sur des brutalités, voire un viol, fortement condamnable et dénoncé à foison, depuis le début de l’affaire DSK, au Sofitel de NY, en ce mois de mai 2011.
Sans même avoir pris le temps de démêler le vrai du faux qui ne sera officiellement connu qu’aux conclusions, je me suis précipité tête baissée avec tous les autres chroniqueurs, journalistes et commentateurs politiques dans la vie privée d’un homme.
D’habitude, quelle soit d’une grande banalité ou dissolue, la vie privée des gens ne m’importe d’aucune manière. Les libertins me sont davantage sympathiques que les moralistes de la place publique. Un libertin fait un pied de nez aux conventions et s’oppose à la morale des jésuites. Que lui chaut une vie en harmonie avec une société dont le ressort premier est le fric, quoiqu’en puissent dire « les honnêtes gens ».
Alors, pourquoi mon acharnement ? Quant à l’acharnement des autres, c’est leur affaire.
D’abord les motivations refuges.
DSK est un personnage public. Il est évident que sa vie privée, à partir du moment où il l’a met lui-même en scène, ne lui appartient plus tout à fait.
C’est l’été, la vacuité du temps est particulièrement ressentie. L’occasion de faire un bon mot sur un sujet facile tend une perche à celui qui s’est mis en tête d’écrire une page et demie par jour sur un sujet puisé dans l’actualité ou dans l’air du temps. Quoique certaines sources puissent difficilement se concilier avec l’actualité comme elle va, même si des exemples anciens étaient de nature à éclairer le présent. Par exemple, Augustin n’avait-il pas démontré que l’âme entrait dans le corps de l’embryon à 40 jours de grossesse chez les garçons et beaucoup plus tard chez les filles, bien entendu… Comment faire entrer cela dans un article qui concerne l’actualité, si ce n’est qu’on peut raconter n’importe quoi, pour tout autant que l’on soit de bonne foi. Cependant, croire Strauss-Kahn bon à tout, question sexe, pourrait être une aussi grosse bourde que celle d’Augustin, mais du moment que c’est de bonne foi…
L’occasion aussi d’inclure le PS français dans l’affaire DSK pour quelqu’un qui, comme moi, ne considère plus le PS comme un parti de gauche. Ici, on entre dans la politique pure et il n’est pas anodin de considérer les diverses positions des politiques dans l’affaire, allant de Marine Le Pen à Jean-François Copé profitant de l’aubaine pour faire remarquer que c’est justement un socialiste qui est en cause, jusqu’aux protestations indignées au PS – moins ces temps-ci – de l’inculpation d’un « honnête homme ».
J’y ai vu moi-même l’opportunité d’associer l’action détestable supposée d’un homme avec la détestation de ce parti en sa théorie de la social-démocratie.
Et enfin, outre faire l’amalgame entre prévenu, parti et conjoint, s’ajoute l’incompréhension de la conduite d’une femme (Anne Sinclair) ridiculisée publiquement par un mari volage, et malgré tout, prenant bravement sa défense, et en cela, donne une idée de mon inaptitude à saisir la grandeur d’un pareil dévouement.
De là à la considérer comme une moins que rien, il n’y a que le temps d’une métaphore et d’un paragraphe, en ne voyant pas que c’était en creux que je faisais mon propre portrait !
Je me suis donc surpris à crier avec les loups, mais pour une raison qui n’a qu’un lointain rapport avec l’affaire DSK.
Ma démarche est de nature personnelle. Il m’a toujours semblé que l’on faisait grand cas de personnages publics et très peu de la foule anonyme.

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L’anormalité c’est de croire qu’ils sortent du lot, qu’ils sont meilleurs, plus intelligents, doués davantage que le commun. Ce sont des prétentieux qui vivent aux crochets des admirateurs en monnayant leur prétention, voilà la vérité pour la plupart.
L’occasion de démontrer que ces gens sont tout à fait ordinaires et que l’on a tort de les mettre sur des piédestaux, alors qu’ils sont en général rémunérés plus que correctement, était trop belle dans l’affaire DSK, pour que je ne la saisisse pas de façon instinctive et irraisonnée, quand l’un d’entre eux tombe plus bas que terre.
C’est toujours à la phrase de Sartre à laquelle je me réfère « Un homme fait de tous les hommes, et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ! »
C’est la raison principale, celle que j’ignorais hier encore, qu’elle le fût.

Commentaires

Mais personne n'a demandé un justificatif, même pas un commentaire, par contre "Le bon monsieur de Sarcelles" était excellent et puis à force de lire vos articles et autres réactions sur la société et nos imbéciles de politiques(mais qui se font du fric sur notre dos)je comprends mieux votre état d'esprit(parfois, c'est vrai, un peu tordu)Bon week-end mon cher Duc.

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