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Primaire au PS…

…en France !

C’est une leçon qu’il faudra retenir en Belgique.
Oui, les citoyens s’intéressent encore à la politique. Quand on leur donne les moyens de tenir le rôle qui devrait être le leur, ils ne s’en font pas prier. Ils aiment être les premiers acteurs du jeu démocratique.
Les citoyens ne sont pas blasés, ils sont tout simplement frustrés, qu’on ne leur donne pas la parole plus souvent.
La confrontation des idées et des affrontements amicaux afin d’exposer au mieux les arguments des uns et des autres aux yeux du public est une vieille idée qui date de la République de Platon. Les chefs des partis ne s’en souviennent plus. Peut-être même dans leur formation universitaire spécialisée dans la pratique et le rendement, toute formation humaniste est par essence obsolète.
Nous sommes dirigés par des philosophes ignares, mais performants sur des enjeux de marketing.
Les deux millions et demi de votants de ce dimanche au PS français ont aussi montré que près du quart en votant Montebourg et Ségolène Royal était sorti du concept de la social-démocratie, pour renouer avec les thèmes de la 4me Internationale.
Cette ouverture du choix aux citoyens a révélé par contraste, la fermeture de l’appareil sur les structures, laissant apparaître le bourgeoisisme récurrent de Manuel Valls, la prudence social-démocrate de Hollande, et le progressisme timide de Martine Aubry.
S’il fallait situer Di Rupo par rapport aux professions de fois des 5 candidats socialistes, on peut dire qu’il aurait une longueur d’avance sur Valls pour ce qui est de l’orthodoxie économique, de la prudence conformiste et du libéralisme traditionnel, dans la gestion de la crise. Autrement dit, en France, Di Rupo pourrait très bien remplacer Sarkozy sans faire peur à la droite.

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C’est dire le retard qu’a pris le PS belge dans les programmes socialistes. Cette grande frilosité à la limite entre libéralisme et conservatisme est dû principalement à la nature des alliances qu’il faut faire avec la droite flamande pour conserver une chance de faire durer l’Etat belge.
A ce constat, il fallait la personnalité qui s’adapterait le mieux au programme de compromis d’un tel gouvernement. Elio Di Rupo est tout à fait celui qui convient. Il n’a pas de consistance idéologique, il n’est socialiste que par défaut d’un parti radical inexistant.
A plus long terme, c’est évidemment l’homme de la dernière chance social-démocrate et en même temps celui qui ne pourra que créer le plus grand tort au socialisme belge par son inadaptation à concilier son action à un socialisme à la Montebourg-Royal, quand la crise économique l’exigera.
Ce que les Français à la rose ont réussi, est impossible en Belgique puisqu’il n’y a pas dans l’appareil des gens favorables au respect des électeurs pour désigner les dirigeants. Ils s’autoproclament eux-mêmes à la suite d’une mascarade qui voit toujours le président sortant reconduit par les cadres du PS. La suite, on la devine. Le mikado élu, le reste s’articule d’après sa volonté et ses humeurs.
Bien sûr, le PS français ne doit ce coup de fraîcheur qu’à l’occasion de la désignation du candidat du parti, à la présidence du pays. L’appareil est peu ou prou fabriqué artificiellement comme son homologue belge. Depuis le mauvais congrès de Rennes qui vit Aubry gagner sur Royal grâce à une tricherie des sections du Nord et un report des voix d’un maffieux à Marseille, cela ne s’est guère amélioré.
Sait-on jamais ? Ces élections citoyennes pourraient bien valoir un coup de torchon dans l’appareil, par une réactualisation de la direction du PS en fonction du vote des électeurs.
Après ce résultat, il va être difficile de se passer des avis de la gauche du parti.
On ne saura jamais si en Belgique les militants et les sympathisants atteindraient un pourcentage intéressant du corps électoral. On ne le saura pas, parce que le PS du boulevard de l’Empereur n’a jamais fonctionné dans ses structures, que par caporalisme.
C’est même ce drame permanent qui a fini par scléroser complètement le parti. Quand la confiscation du pouvoir est trop flagrante, c’est la crédibilité des « élites » qui disparaît.

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