« En chambre ! | Accueil | Le Gros et ses Scud à la VRT. »

A tout casser !

Plutôt que d’abonder dans la nouvelle connerie « les cellules psychologiques » (le Belgo-Belge en raffole), on ferait mieux de s’interroger sur les jeunes entre 15 et 25 ans qui ont été privés de liberté, à la suite des émeutes au centre de Liège à la mémoire de Jordy Kasavubu, qu’un bijoutier tua d’un coup de révolver pour se défendre. C’était à Tilff, le 2 novembre dernier.
Les arguments des émeutiers pourraient éclairer les Associations liées à la jeunesse.
Quel sens donné à une castagne de protestation ?
Comment peut-on manifester pour un voyou qui a perdu la vie parce qu’il usait de violence sur un vieillard, à l’intérieur d’une propriété privée ? A moins d’être soi-même un voyou, ou abusé par des informations mensongères ?
Si c’est le cas, qui a déformé les faits ? Sinon la poignée d’exaltés qui a voulu, que Kasavubu fût dans son droit et sa victime dans son tort ?
Quand on fait partie d’une bande, on doit faire ses preuves. La bande a un effet d’entraînement, aidée par la réputation peu fameuse de la police liégeoise, trop souvent relayée par le personnel de justice, qui contredit rarement un rapport de police.
Le parcours des jeunes casseurs devrait être exploré, avant de poser un jugement sur l’envie de saccage qui a submergé leur conscience, et le type de raisonnement qui les y a poussés. Que devient une jeunesse livrée à elle-même ? Comment traiter l’hyperactivité et l’impulsivité chez les jeunes déscolarisés parce qu’ils ont lâché prise à cause d’une maîtrise insuffisante de soi et des problèmes d’attention ? Des antécédents de comportement agressif complétant un faible niveau d’éducation, et c’est une vie gâchée.
L’enseignement dans nos écoles est à la base d’une fausse idée des problèmes auxquels les jeunes sont confrontés dans la rue.
Le discours n’est ni politique, ni social, il est tout simplement inadapté. On veut faire croire à des jeunes que cette société est juste, qu’elle donne une chance à tous et que chacun peut y recevoir selon son mérite, par le juste prix de son travail. On n’a pas besoin de sortir de l’université pour s’apercevoir que ce discours est archi faux !... Tout le reste découle de ce mensonge d’Etat.

98sd00.jpg

Comment ne pas voir là, une des sources du malaise général et particulièrement d’une jeunesse dont les parents sont souvent aussi mal préparés que l’enseignement qu’elle reçoit ?
Expliquer à des jeunes que la société est mal faite, que la crise a des conséquences particulièrement injustes, et frappe de plein fouet les populations les plus fragiles, est impossible puisque la critique sociale ne fait pas partie des matières éducatives.
Nous assistons à un délitement de la société dont les causes ne sont pas toutes la pauvreté. Etablir un autre rapport entre le maître et l’élève passe par une réévaluation de la vérité historique et économique. Le maître ne peut donner que le programme qu’on lui ordonne de suivre. Les vrais responsables de la catastrophe sont au ministère de l’éducation et des universités. Pourtant, ce sont les enseignants qu’on accable et qui courent des risques, tandis que Madame Simonet fait des discours. Elle ne fait que la politique du système économique.
L’afflux des étrangers hors-cadres européens, comme étant un brassage culturel enrichissant, est une politique typiquement socialiste, cherchant à compenser une perte du déterminisme social du parti. Cette population nouvelle dilue dans le brassage linguistique, les qualités de raisonnement de la langue française. Elle en amoindrit le sens critique qui fait tant défaut en 2012 dans les établissements scolaires, et pas que dans les écoles professionnelles, puisqu’on retrouve le même problème à l’université.
Nous n’avons pas la politique d’accueil qu’il conviendrait d’avoir. Cette désaffection des Services et des gens rejoint la méfiance et la haine des communautés entre elles. Cela pourrait devenir ingérable.
L’attitude policière est souvent de provocation. Les interpellations sont parfois discriminatoires et propres à accréditer une forme de racisme ordinaire, tant chez les policiers que parmi les habitants de souche.
Quand on n’a pas assez de vocabulaire pour tenter d’exprimer ce qu’on ressent, on pratique le langage des poings.
Qu’est-ce qui différencie un émeutier qui manifeste pour défendre un voyou judiciairement condamnable et un ministre qui défend un voyou dont on assure que c’est un honnête homme, parce qu’il est banquier ?
Rien, si ce n’est une logique qui échappe aux premiers et conforte les seconds dans les vertus du libéralisme, assurant les biens, pour la plupart mal acquis lorsqu’ils sont importants et instituant une morale de circonstance…
Ce n’est tout de même pas un gamin de 15 ans qui va comprendre cela !
Et si on commençait par rendre un avenir meilleur à la jeunesse ?
L’émeute a toujours été depuis la nuit des temps, une forme d’art de la rue, dont personne du personnel répressif aux acteurs des méfaits ne comprendra jamais aussi bien le sens, que les milieux les plus austères des Eglises qui depuis le Moyen-âge autorisèrent les carnavals, dans leurs vertus exutoires.
Les dégâts provoqués par le vandalisme le sont toujours au détriment des passants et de leurs biens. Un émeutier, ignorant s’il a affaire à un riche ou un pauvre, sera presque toujours l’auteur d’un geste imbécile et d’un comportement anormal.
Un casseur ne devient pas un héros à la suite d’une émeute. Il ne le devient qu’à la faveur d’une révolution, pour autant qu’elle réussisse et qu’il soit capable de comprendre qu’un Etat peut se fonder, sur un autre qui s’effondre.
A Liège, on était loin du compte. La destruction aveugle, est une des pires versions d’une misère qui devient délinquante à force de rage rentrée et de manque de moyens d’expression.
Elle ne prépare en rien les révolutions. Au contraire, elle les condamne.

Poster un commentaire