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Le Mot ! (1)

- Il y a certains mots qui ne se disaient pas volontiers pour des raisons de convenance, jadis dans les salons. Aujourd’hui, comme on dit bien pire sans que l’on paraisse s’en offusquer, reste le jeu : celui de ne pas prononcer un certain mot… vous, en l’occurrence, ce serait de ne le pas rencontrer sous votre plume, pour une fois, quand vous le couchez sur le papier, si souvent, qu’on finit par s’en lasser...
-Oui, lequel ?
-Cambronne, même à l’île d’Elbe où il avait suivi l’empereur, s’est toujours défendu de l’avoir employé à l’occasion d’une réplique à l’officier anglais qui lui suggérait de se rendre. Pourquoi voulez-vous que je vous le rappelasse, d’autant qu’il ne s’agit pas de celui-là ?
-J’emploierais volontiers un mot qui, à force d’être répété, deviendrait sous ma plume une vulgarité du genre de celui de Cambronne ? Mais, cette vulgarité, je la revendique. Elle est la marque de mon indignation ou de mon mépris. Je ne connais pas de meilleure façon d’en exprimer le tour.
-En quelque sorte. Sinon que ce mot qui d’ailleurs est un nom porté par toute une famille honorable, pourrait aussi bien être accompagné d’un acronyme qui vous est encore plus odieux.
-Vous me compliquez la tâche, puisque je passe de l’acronyme au nom d’une famille honorable dont la signification serait identique à peu de choses près, vous m’intriguez ! Il s’agirait de synonymes parfaitement interchangeables ?
-Voilà pourquoi je vous propose une chronique dans laquelle vous n’emploieriez ni l’un, ni l’autre.
-Comment voulez-vous que je ne les employasse point, si je ne sais pas ce que vous voulez dire ?
-Cherchez bien, cher Richard ou plutôt non, ne les cherchez pas. Vous êtes comme Cambronne qui déclara en 1830, lors d’un banquet "Non, je n'ai pas dit "La Garde meurt et ne se rend pas"; mais, sommé de déposer les armes, j'ai répondu quelques mots moins brillants, certes, mais d'une énergie naturelle", ainsi sans le dire, il signifiait par là, qu’il le dit sans le prononcer, lors de ce banquet.
-Quel est le sens que vous donnez à ceci ? Car, si je vous suis bien, j’en suis coutumier. Donc, je n’ai pas à nier l’avoir prononcé, puisque, dites-vous, le mot, ou ces mots arrivent souvent dans ce que j’écris !
-C’est là justement que vous feignez de ne pas comprendre une chose que vous savez depuis le début.
-Comment pouvez-vous en être aussi sûr ?
-Mais, c’est que vous vous êtes bien gardé de les prononcer, l’un et l’autre, depuis le début de notre conversation !
-Peut-être n’avez-vous pas abordé le thème qui m’aurait fait tomber dans votre piège?
-Ce serait trop facile. Je vous parlerais de politique, du gouvernement comme il va, ce serait en effet, vous tendre la perche. Vous ne pourriez vous en empêcher. A moins que vous ne vous en empêchiez depuis longtemps par malin plaisir.
-Mais je récuse absolument ce que vous voulez me faire dire. Je ne passe pas ma rage d’écrire sur le dos de quelqu’un et je ne vois pas ce qu’un acronyme aurait de plus particulier qu’un autre, qu’aussitôt sous ma plume, je verrais rouge…
-Justement, vous n’y voyez pas de rouge du tout. Vous n’y voyez que du rose, à certains moments, quand vous êtes disposé et du bleu clair au bleu foncé quand vous ne l’êtes pas.
-Et quand cela serait ? N’a-t-on pas le droit d’écrire ce que l’on veut ? C’est même le seul droit – encore cela pourrait-il changer ? – que nous ayons, nous autres qui ne jouons aucun rôle dans la politique et que le seul que nous jouions, est tellement infime que c’est se moquer du monde de croire qu’il fait l’essentiel de la démocratie.
-Vous voyez bien que Cambronne qui s’est défendu toute sa vie de l’avoir jamais prononcé à un endroit bien précis d’un champ de bataille, l’a, comme vous, en s’en défendant, propagé à tout son siècle, si bien qu’à la reprise par Sacha Guitry, tout le monde s’en souvenait encore, le siècle suivant !
-Admettons que je l’aie écrit des centaines, peut-être des milliers de fois, ce nom propre d’une famille honorable qui, sous ma plume, perd systématiquement ses qualificatifs pour que je les affuble d’autres moins séants, quant à l’acronyme, peut-être en ai-je même fait des titres, en inversant la graisse des deux lettres qui le composent, mais qu’on me pardonne, je n’en fais pas un plat du jour, tout au moins aujourd’hui !
-J’atteste que vous en faites l’effort. Pour vous en soulager, je vais même le prononcer pour vous.
-Surtout n’en faites rien. Dans votre bouche, il pourrait prendre un tour aimable que mes lecteurs me reprocheraient.

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--- 1. Me résignant à présenter mes vœux à Michel, selon ses désirs, je lui dédie cette chronique d’entre les deux Réveillons.

Commentaires

Bonjour mon ami ! toujours aussi virulent......... Bisous

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