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Grandeur et misère de la gauche.

J’entends, de ci, de là, des lamentations sur la disparition d’une vraie gauche en Wallonie. Que faudrait-il pour délester des bobos et des minets des facultés de droit, une gauche qui deviendrait, du coup, une gauche contestataire ?
Peut-être bien moins qu’il n’y paraît !
Certes, elle existe en-dehors du PS, la vraie gauche, mais confinée à quelques actifs prêchant dans le désert. Qu’importe ce qu’ils sont, ce qu’ils représentent, que leurs discours soient creux ou brillants, on ne les entend pas. Une majorité passive vit comme si cette gauche n’existait pas.
Est-ce que cela a de l’importance, les égos des petits « m’as-tu-vu », mêlés à un peuple ignoré, à côté de ce qui se passe en France, à trois mois d’élections qui pourraient chambarder l’Hexagone ?
D’accord, me direz-vous, la Wallonie n’est pas la France. A moins de trois heures de Paris, nous n’en sommes pas moins liés à Bruxelles et aux Flamands. La politique de la Wallonie n’a rien à voir avec l’élection d’un nouveau président en France.
Rien n’est moins sûr.
Le passé nous démontre exactement le contraire. On se souvient encore de la plus belle connerie jamais faite tant du point de vue de l’art, que de l’histoire, qui nous valut beaucoup plus tard, le trou de la Place Saint-Lambert et trente années d’embrouilles, et cette connerie fut l’œuvre de nos révolutionnaires, un œil braqué sur la place de la Bastille et sur l’échafaud dressé jusqu’au Neuf thermidor, et l’autre sur les plombs de la toiture de la cathédrale, matériau propre à la fonte des balles, tous révolutionnaires sincères et qui commirent néanmoins un acte imbécile : la destruction de la cathédrale Saint-Lambert.
Plus tard, bien des soubresauts de la vie publique en France eurent des conséquences en Wallonie et à Bruxelles, 1848, 1854, 1870, les exilés célèbres, dont le plus connu fut Victor Hugo, jusqu’à la victoire du Front populaire aux élections législatives du 3 mai 1936, les congés payés en juin par le gouvernement de Léon Blum, suivi un mois plus tard par le gouvernement Van Zeeland, des congés payés en Belgique.
Notre mini Robespierre, Demotte à Namur, le vieux minet affligeant, du PS, chef du gouvernement à Bruxelles, ne seraient rien de plus que les acteurs d’un beau retournement de veste, si, par aventure des violences secouaient la France après l’élection de Marine Le Pen ou la réélection de Sarkozy, donnant le tournis aux électeurs socialistes wallons, devenus radicaux par transmutation des événements de la France à la Belgique.
La population en Wallonie est comme un ramequin de pommes de terre aux andouillettes de Troyes, nous cuisons sur le coin de la platine, tandis qu’en France, on est à feu vif. Nous ne serons à point que bien après, quand les Français auront fini le plat principal.
Nous avons un long passé d’entente et de brouille avec la France, mais notre mère patrie, c’est elle, nous sommes un surgeon poussant au pied du chêne. Nous sommes du même arbre, sinon de la même terre. Nos mères nous ont élevés en français. La culture française, nous l’avons bue au lait maternel.
Les mascarades belgo-flamandes sont les ersatz qui contrarient ce que nous sommes.
De toutes les combinaisons possibles pour l’élection présidentielle, Hollande et Bayrou créeraient le moins de remous. Nos élites auraient alors cinq ans de tranquillité et de douces provendes de mandats.
Les autres combinaisons nous reverraient embarqués, que nous le voulions ou non, dans la bronca monstre qui pourrait finir en révolution sociale.
Nos gazettes auraient, alors, à se mettre sous la dent autre chose que les tabous de Didier II.
Pour un observateur de la vie politique en France, rien n’est à exclure, tant la crise laisse l’électorat français plus indécis que jamais.

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Le comble de la tension explosive serait évidemment un duel Le Pen – Mélenchon. Personnellement, j’en rêve. Parce que dans l’un ou l’autre cas, nos « Hauts-Placés » seraient balayés, vite fait. Cependant, c’est le plus improbable, le pire scénario pour la bourgeoisie !
Les maîtres de la Belgique politique ont jusqu’à présent réussi l’incroyable mariage de la carpe et du lapin, de la gauche molle à la droite dure. Imprégnés de la lourdeur flamande, ils nous ont collé aux pieds des semelles de plomb.
A la suite d’un cataclysme français, le choix serait plus rapide que les 541 jours qu’il fallut pour monter le gouvernement actuel. Il est probable que la moitié du PS rejoindrait les lepénistes belges, puisqu’ils se sont acoquinés sans état d’âme, avec une partie de la droite flamingante réfugiée au CD&V.
La France vraiment socialiste, que pèseraient les politicards belges devant 64 876 618 (recensement 2010) citoyens français ?
Le politique, imbriqué dans le système économique capitaliste, serait démonté comme une chasse d’eau du Brico.
Contre toute attente, il faut parfois peu de chose pour faire d’un vieux machin qui expire, une vraie démocratie…

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