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Woerth et l’enveloppe kraft.

On a cru qu’en l’expatriant à Bordeaux, l’affaire Bettencourt avait été désamorcée par les autorités judiciaires sous l’influence des proches de Sarkozy, que les tribulations au tribunal de Nanterre entre le procureur Philippe Courroye et la Présidente de la XVe chambre, Mme Prévost-Desprez, s’étaient terminées par la victoire du premier.
Or, les bandes de son prises par le majordome de Liliane Bettencourt à l’insu de celle-ci ont été qualifiées « d’éléments d’enquête » ; tandis que Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, a été mis en examen, mardi 17 janvier, pour l’affaire dite des "fadettes", sur la violation des sources de journalistes du Monde.
Il manquait au feuilleton à rallonge de l’affaire Bettencourt que l'ancien ministre du travail Eric Woerth soit convoqué chez les juges d'instruction bordelais. Voilà qui est fait.
C’est tout le dispositif de protection du président qui est atteint.
Sarko a intérêt à se faire réélire, s’il veut faire patienter les juges, comme Chirac avec l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris. Sinon, il n’est pas exclu qu’après Woerth, sans immunité, il ne soit convoqué à la rentrée d’octobre.
Pour rappel, son ancien ministre et ancien trésorier de l’UMP devrait être mis en examen dès février, pour financement illégal de parti politique et abus de faiblesse aux dépens de Liliane Bettencourt, héritière du groupe L'Oréal. Il est soupçonné d'avoir obtenu de celle-ci des fonds pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Le 12 décembre, le photographe François-Marie Banier et son ami Martin d'Orgeval, soupçonnés d'abus de faiblesse sur l'héritière de L'Oréal, étaient placés en détention à la prison de la Santé à Paris, dans l'attente de leur audition par un juge d’instruction à Bordeaux.
Il serait catastrophique pour l’image du président et de l’UMP qu’Eric Woerth subisse le même traitement en février. L’image d’un DSK, hagard et menotté dans le dos, est une posture dont on ne se relève pas. Quoique cela ne soit pas dans les mœurs de la police française de menotter dans le dos, on a vu Banier entrer dans une voiture banalisée entraver des mains de façon classique et même ainsi, cela équivaudrait à faire perdre le clan Sarko au premier tour, si Woerth était surpris en pareille mésaventure.

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C’est une alternative qui ne serait pas envisageable, tant il y a autour des « Hauts-Placés » des écrans favorables et protecteurs, mais, tant au Conseil d’Etat qu’en d’autres instances, si les faits étaient avérés, il serait constitutionnellement possible, d’envisager la destitution d’un président de la République !
Démence mixte ou maladie d'Alzheimer à un stade modérément sévère en processus dégénératif cérébral lent, Madame Bettencourt a arrosé le parti de Sarkozy en moment où celui-ci entrait en lice contre Ségolène Royal.
C’est une affaire tentaculaire qui devrait avoir plus de retentissement dans les médias pour plusieurs raisons, dont la plus évidente, c’est qu’elle touche les plus hautes personnalités de l’Etat français, en même temps qu’elle jette un regard de discrédit sur des fortunes telles que le public n’imagine pas, si bien qu’elle dénonce implicitement un système politique corrompu par un système économique dépravé et une justice partagée entre le service des puissants et la grandeur d’une justice égale pour tous. Ça fait beaucoup !
Dans cette affaire, on voit comme la lenteur de la justice sert le pouvoir, parfois à son corps défendant. Combien il est précieux pour les corrompus et les indélicats de gagner du temps pour que l’attention générale se porte ailleurs.
C’est en mars 2011 que les magistrats bordelais avaient perquisitionné le siège de l'UMP, quelques semaines après le domicile d'Eric Woerth.
A la suite des déclarations de l'ex-comptable de la milliardaire, Claire Thibout, les enquêteurs s’étaient orientés vers un financement illicite de l’UMP.
Madame Thibout a affirmé devant le juge bordelais Jean-Michel Gentil, qu'il lui avait été demandé début 2007 de retirer 150.000 euros destinés à Eric Woerth, alors trésorier de l'UMP. Contraint de quitter le gouvernement en novembre 2010, à la suite du scandale, Woerth n’avait jamais comparu devant la cour de Bordeaux.
A force de voir Jane Fonda nous dire user de produits de l’Oréal « parce que nous le valons bien », on se doutait qu’elle n’était pas la seule à recevoir de l’argent, rien que pour se tortiller devant des caméras. Maintenant on sait que Banier et Woerth tortillaient du cul aussi. Reste à retrouver les enveloppes kraft et surtout ce qu’il y avait dedans.

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