« Revenus de la mort. | Accueil | un tramway nommé revient. »

1929-2008, les années noires.

Le capitalisme moderne a fait ses débuts trop près de nous pour en déduire qu’il engendre une crise grave tous les siècles : 1929 pour le XXme et 2008 pour le XXIme. Il faudra attendre le siècle suivant, si, par ailleurs, le capitalisme est toujours là, pour vérifier le bien fondé de cette hypothèse, pour tout autant que l’on sorte du drame actuel.
L’establishment saturé d’économistes prétend que 2008 n’a rien à voir avec 1929.
Je n’en suis pas sûr.
Je suis plutôt de l’avis de Paul Krugman qui, dans un ouvrage paru en 2010, partout célébré sauf en Belgique, estime que la société, dans laquelle nous barbotons, ressemble à s’y méprendre à celle de 1929.
Keynes dans l’analyse de la première crise, va expliquer comment en sortir en jouant du déficit budgétaire d’une certaine manière. Roosevelt aura retenu la leçon. Il va développer un plan sur la base d’un endettement qui produit travail et richesse et qui finalement asséchera l’endettement.
Personne n’aura à redire quoi que ce soit et surtout, il ne sera aucunement question, parmi les orthodoxes, de taxer Keynes et Roosevelt de socialistes !
Mieux, on peut considérer ces deux hommes comme les sauveurs du système.
Keynes pensait que les crises peuvent se prolonger indéfiniment par le cycle infernal d’une récession assortie d’une difficulté compréhensible de rembourser la dette, le tout aggravé par une rémunération accrue des intérêts, à la hauteur de la prise de risque des prêteurs.
Keynes souhaitait qu’en cas de crise on augmente les salaires les plus bas pour faire repartir la consommation à la hausse, le but étant de réanimer les industries. Dans la même situation qu’en 29, l’Europe a décidé de jouer une autre carte pour tenter de sortir du trou noir creusé en 2008. Elle a pris le pari inverse, imaginant pouvoir rembourser capital et intérêt des dettes des Etats membres par l’austérité des peuples et la vertu retrouvée de leurs administrateurs.
Pour la première fois dans l’histoire sociale des Etats-Unis, Roosevelt indemnise les chômeurs par une loi fédérale. L’Europe par ses directives contraint les Etats à des économies dans le domaine social et donc à restreindre, voire supprimer le droit à l’allocation quand on perd son travail.
L’Europe est en train de revenir sur l’Etat-providence instauré par Roosevelt (1), suite à la pression d’une droite omniprésente et majoritaire au parlement de Strasbourg.
Pour avoir une idée vers quoi nous allons, il n’est qu’à feuilleter le programme de la N-VA et relire les discours de Bart De Wever pour être à peu près bien informé. Pas étonnant, dans ces conditions que la N-VA se sente plus européenne que belge.
Qu’est-ce que Keynes a démontré avec l’appui de Roosevelt, l’un en théorie et l’autre en pratique ?... que la cohabitation entre démocratie et capitalisme pouvait être du domaine du possible, à condition d’établir des règles de gouvernance de l’une par rapport à l’autre, et non pas produire une sorte de partenariat dans le partage du pouvoir, ce qu’a tenté jusqu’à l’échec patent de 2008, ce qu’on appelle dans les milieux socialistes de pouvoir, la social-démocratie.
Le politique est un animal d’instinct. Pour survivre et durer, il faut plus d’instinct que de capacité réelle. La difficulté ce n’est pas de garder le navire à flot, c’est de se frayer un chemin sur des mers inconnues et d’y trouver le moyen d’y satisfaire les peuples. Roosevelt n’entendait rien à l’économie. Il n’a vraisemblablement jamais rencontré Keynes, sinon de façon informelle et selon une anecdote, en ne comprenant rien à la théorie de Keynes.
Mais, il avait l’instinct. Il sentait bien qu’aucune autre attitude n’était en mesure de sauver le pays du naufrage. Et il fit bien. Car si l’Amérique ne s’était pas relevée dans les années 30, il est possible que l’issue de la guerre avec l’Allemagne aurait été changée !
Nous avons envoyé au parlement européen des gens qui n’ont pas « l’instinct », nous y avons placé des fonctionnaires !
Les Commissions en sont le reflet, la présidence de Van Rompuy et le chef des Commissions Barroso en sont les preuves.
En Belgique, sous le gouvernement actuel, il n’y a personne pour relever le défi. Nous avons élu des termites qui se gavent des planchers, en attendant que les murs leur tombent sur la tête.

7lkjh000.jpg

En France, il y en a un seul politique d’instinct, c’est Jean-Luc Mélenchon. Sauf miracle, il ne sera pas élu et donc, la France sera réduite à reconduire Sarkozy qui a tout raté ou Hollande qui pourrait se retrouver dans les mêmes conditions de gouvernance que Sarkozy.
Moralité, le marasme sonnera peut-être la fin de l’Europe, et nous, nous n’avons pas encore fini d’en baver.
----
1. En France des économistes, début des années 30, s’étaient forgé les mêmes convictions. Elles seront à la base des réflexions du Conseil National de la Résistance en 45.

Poster un commentaire