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Ils nous ont eus !

L’actualité boursière et financière est, à chaque, jour plus inquiétante. Les taux d’emprunt demandés à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal, et, probablement, à l’Italie dès septembre sont autant d’approches du cœur du dispositif européen que sont la France et l’Allemagne.
Si à la rentrée le président Hollande poursuivait la ligne présidentielle actuelle du consensus mou, le verrou français sauterait laissant l’Allemagne, en première ligne, au milieu d’un champ de ruine.
Ainsi, l’économie capitaliste aurait eu raison des Etats.
Désormais, et quoiqu’il arrive, la politique ne sera plus qu’un moyen de satisfaire les exigences du système économique.
L’anormalité des rapports entre les deux forces ne date pas d’hier. Le bras de fer s’est terminé en janvier 2009 en faveur de l’économie, lorsque les Etats ont subventionné les banques pour ne pas qu’elles déposent leur bilan.
Ce qui faisait la rigueur, l’équilibre et le poids d’une sorte d’ordalie du commerce, c’était une règle absolue. Quand l’entreprise fait faillite ses biens doivent être mis en liquidation.
Or, en aidant massivement les banques à sortir du mauvais pas, les Etats ont contrevenu à cette règle simple : lorsqu’on est à la tête d’une affaire au passif supérieur à l’actif, on passe la main.
En choisissant d’aider les banques, les Etats ont indirectement faussé le jeu et mis en difficulté les entreprises qui n’ont pas reçu de l’aide, parce qu’elles n’en avaient pas besoin à l’époque. Ce qui peut paraître un paradoxe, mais qui s’explique par l’endettement des Etats et le refus que ces sociétés recevraient si, par hasard, elles se trouvaient dans une situation financière délicate et demandaient aux Etats qu’ils fassent pour elles, ce qu’ils ont fait pour les banques.
L’économiste Brzezinski, conseiller de Jimmy Carter, dans un texte prémonitoire paru en 1970 écrivit : « L’Etat-nation en tant qu’unité fondamentale de l’organisation de la vie en société a cessé d’être la principale force créative : les banques internationales et les entreprises multinationales agissent et planifient en des termes qui sont bien plus avancés que les concepts de l’Etat-nation ».
Tous les économistes, sauf bien entendu ceux qu’entretiennent nos deux télévisions nationales, n’osent nier cette évidence : les groupes mondiaux industriels et financiers, vivent véritablement en maffieux sur les Etats, bafouent le droit international et le droit propre à chaque Nation, perturbent le fonctionnement démocratique, sans que cela puisse être sanctionné par l’Europe, ni par aucune autre autorité y compris la Chine.
Ils sont devenus les maîtres réels du monde. La démocratie est devenue une farce qu’admirent les gogos.

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Depuis que les Etats s’endettent, il n’était venu à l’idée de personne que cet argent emprunté, parfois pour des gaspillages, des travaux inutiles, des commissions et des traitements de faveurs des politiciens au pouvoir, il allait falloir un jour le rembourser.
Quand l’emprunteur est riche, le créancier se fait humble et supplie presque qu’on lui prenne son argent à un taux dérisoire. Ce fut le cas pendant trente ans. Souvent même, le créancier était des deux côtés et recevait l’argent qu’il avançait à l’Etat sous des formes diverses de traitements, de commissions et même de subsides !
Aujourd’hui l’Etat ou plutôt les Etats européens ont enrichi une petite partie des Européens qui, se sentant puissants et riches, demandent des garanties qu’on ne peut pas leur donner et, estimant que les risques augmentent, changent les taux de prêt qui sont parfois triplé, voire quadruplé.
Comment rembourser ces montagnes d’argent qui ont, même si on a dispersé une partie des sommes à des fantaisies coûteuses, contribué à la sécurité, à la santé et à l’enseignement dans les Etats de l’UE ?
Simple, répondent les libéraux, il faut dégraisser le mammouth, licencier des fonctionnaires, diminuer le coût de la sécurité sociale, baisser les remboursements des soins de santé, des médicaments, bref, faire en sorte que les progrès péniblement acquis en ces cinquante dernières années – justifiés par les rendements d’une productivité spectaculaire - soient peu à peu rognés, jusqu’à nous retrouver dans les conditions d’existence des années soixante.
Or, on est au bout d’un processus de fiscalisation qui touche la population, c’est-à-dire qui la fait régresser selon les souhaits des libéraux. On ne peut faire plus, sans faire crier la bête !
Fleur Pellerin, ministre française de l’économie numérique a clairement défini l’impuissance des Etats dans l’évolution des techniques : « La fiscalité actuelle n’est pas du tout adaptée à la dématérialisation de l’économie. Il est très difficile de rattacher les revenus produits par les nouvelles formes de commerce en ligne à un territoire. »
Autrement dit, l’économie a vaincu le politique sur tous les terrains, mais elle a encore augmenté son avantage pour les futurs conflits qui auront sans doute lieu dans les années à venir, et qui seront plus durs encore, puisqu’il y aura l’Etat, l’économie capitaliste et les populations révoltées contre les deux autres.

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