« Simonet et Marcourt recalés. | Accueil | Un Italien ambitieux. »

Le printemps « érable ».

Un événement qui se préparait depuis des années a été évincé des infos par les ratapoils de la bonne parole monarchiste et unitaire belges. C’est la poursuite du vieux rêve des francophones canadiens : le Québec Libre.
Pourquoi l’info a-t-elle été obturée jusqu’à l’événement au cours duquel un anglophone a tiré dans la foule faisant un mort, ce fait-divers ne pouvant être ignoré ?
Parce que la cause du Québec libre pourrait redonner des couleurs aux mouvements wallons d’indépendance.
Cette alternative de quitter l’emprise d’Ottawa et des anglophones a longtemps résumé le débat politique au Québec : on était soit pour l'indépendance de cette province canadienne (la seule dont le français est l'unique langue officielle), soit contre. Après une mise en sourdine, l'opposition entre indépendantistes et fédéralistes canadiens redevient déterminante.
Ce lundi 4 septembre, c’est fait. L’orientation du Québec vise à l’autonomie complète.
Quand cela arrivera-t-il ? Il est encore trop tôt pour le dire. Normalement, un programme devrait être proposé et un processus dégagé vers l’indépendance.
Les anglophones qui dominaient partout, y compris au Québec dans la sphère des affaires, libérale et proaméricaine, viennent d’en prendre pour leur grade. La réaction violente d’un fou pour le statu quo a fait un mort dans la foule qui écoutait le discours de la nouvelle première ministre désignée du Québec, Pauline Marois. Voilà qui promet bien des violences de la part des anglophones.
Il est vraisemblable que nos journaux opteront pour ceux-ci, afin d’influencer indirectement la Wallonie et étouffer dans l’œuf toute tentative de ranimer les indépendantistes francophones de chez nous.
Au Québec, la contestation au début de l’année du projet du gouvernement libéral de Jean Charest d'augmenter de 75 % les frais d'inscription à l'université et dans les collèges a permis aux indépendantistes de refaire surface. Le conflit étudiant est venu révéler la complexité grandissante de la société québécoise et le danger d’une radicalisation libérale devant la crise, d’autant que le libertarisme progresse dans l’esprit de l’extrême droite, fort influente à Ottawa.
Le système économique libéral, anglophone par origine et nature, avait des vues sur le grand Nord québécois pour des exploitations du sol. Les écologistes et une partie de la population inquiète de la dévastation des forêts et des grands espaces, ont rallié les indépendantistes et mis à leur programme, la cause de la liberté.
Ce n’est pas sans rapport avec nous, dans le cadre d’une majorité flamande dont les vues économiques classiques et libérales à l’excès sont diamétralement opposées à celles socialisantes des Wallons.
Bien entendu la similitude s’arrête à peu de choses et ce n’est pas demain que la population secouera ses représentants, tous plus ou moins unitaristes, sur la question de l’indépendance de la Wallonie.
Cependant, les objectifs de Rudy Demotte et des ministres wallons sont à peu près ceux des libéraux québécois qui viennent d’essuyer une défaite, à savoir offrir à la riche Flandre des facilités pour investir en Wallonie et s’approprier – pour ne pas dire vendre – un territoire bien plus vaste et diversifié que celui du plat pays.
Cela a été dit presque mot pour mot au Club Lorraine, par un Rudy Demotte prêt à tout pour brader ce qui peut l’être en Wallonie.

69gf00.jpg

Déjà rongé du côté de la frontière hollandaise par des arrivages massifs des petits bourgeois du Limbourg hollandais, les habitants de Dahlem et des hauteurs de Visé savent de quoi il s’agit. Pénétré en profondeur par des colonies de Flamands gantoises et anversoises sur la Semois et l’Ourthe supérieure, seule une partie du Borinage et une autre de la province de Liège sont trop pauvres ou trop tristes pour tenter cette appropriation pacifique des sols. Il ne reste plus à quelques industriels flamands de reprendre des exploitations délaissées par nos anciens industriels faillis (les cristalleries du Val Saint Lambert sont un bel exemple) pour occuper définitivement la Wallonie et en chasser la langue et les habitudes latines sur l’espace d’une ou deux générations.
Alors, on pourra dire que la politique de Di Rupo « la flamandisation de la Belgique du Nord au Sud aura pleinement réussi ».
Que peuvent les quelques Wallons conscients du processus, alors qu’ils sont déjà perplexes devant la liquéfaction de leur culture, dans ce que les socialistes appellent la culture diversifiée ?
La Wallonie, nation peureuse, dissolue dans ses cultures d’accueil sur un programme socialiste aux antipodes de la préservation de la mémoire du peuple, est en train de disparaître sur le modèle bruxellois : une minorité flamande y obtient une surreprésentation, sur le temps que les francophones de la périphérie vivent une sous représentation !
Nous aurions intérêt à suivre de près « le printemps érable » de nos cousins du Québec.

Poster un commentaire