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Alain Minc ? Il n’y peut rien !

Une récente interview d’Alain Minc (1) en chassé-croisé avec celle de Pierre Moscovici, laisse à penser que le premier a, comme principal défaut, une très grande faiblesse morale. C’est un travers grave dont sont amplement pourvus la plupart des économistes.
Voici une partie de l’interview de Minc « …Il faut prendre le monde tel qu’il est : l’esprit de lucre est au cœur du capitalisme, on n’y peut rien. Et l’économie dans laquelle nous vivons est une économie capitaliste ».
Le constat est exact, puisque le système est tel que le présente Alain Minc. Non seulement les entrepreneurs, mais en général quiconque à un pouvoir sur le cash, n’a qu’une seule idée en tête : s’enrichir. Alain Minc et les économistes viennent en deuxième rideau. Eux s’enrichissent par les avis qu’ils donnent pour atteindre l’objectif.
Cette vérité sortant de la bouche d’Alain Minc est consternante. Il s’accommode d’un monde qui accorde à l’argent une place tellement éminente que les autres ne sont qu’accessoires. C’est comme si Alain Minc plongé dans un monde où le trait dominant serait la pédophilie, deviendrait pédophile à son tour parce qu’il n’y a rien à faire d’autre pour acquérir titres et argent !
Ce qui gêne c’est son « on n’y peut rien » ! Cette fatalité coupable est la pire des démissions que peut avoir un intellectuel comme lui.
Alain Minc est sincère. Il fait aveu de veulerie.
Comme sont veules tous les économistes au service d’une seule cause : celle de « faire » de l’argent. Ils se font très bien à cet objectif, en profitent d’ailleurs, sans trop regarder si cette façon de vivre est morale ou immorale. Par tous les bouts que l’on prenne la question, la réponse est toujours la même : faire de l’argent est immoral.
C’est embêtant pour tous ceux qui croient dans le système, mais c’est comme ça.
En poussant un peu le raisonnement on aboutit à cette définition : puisque seul faire des profits est essentiel, le reste est nécessairement accessoire, voire contre le profit. Par exemple, ceux – et ils sont de loin les plus nombreux – qui subissent l’esprit de lucre, sont un obstacle au profit par leurs salaires, toujours trop élevés, leur trop grand nombre à fréquenter l’entreprise et leur ambition de conserver une sécurité sociale qui les met à l’abri des coups du sort, maladie, chômage, vieillesse.

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Tout cela conduit à un constat accablant.
Du point de vue de la morale – je sais la morale n’a rien à voir avec le capitalisme – on peut trouver anormal que les assujettis au système capitaliste sans en être bénéficiaires, par ailleurs lecteurs de journaux, auditeurs de radio et spectateurs de télévisons, approuvent un système qui les spolie ?
Sinon, comme Alain Minc, ils n’y peuvent rien ! Personne n’y pourrait rien, alors ? Il suffirait qu’une pomme pourrie, pourrisse le panier pour que personne n’y puisse rien, au point qu’il ne viendrait à l’idée d’un quelconque courageux de retirer la pomme pourrie du panier ?
Comment se fait-il que les discours sur le système passent si bien dans l’esprit du plus grand nombre, alors qu’ils sont conçus pour le seul profit de ceux qui les exploitent ?
Enfin, puisque nous sommes dans un siècle qui selon Malraux sera religieux ou ne sera pas (ce n’est pas son meilleur concept du futur), comment se fait-il que l’on entende rarement et pour ainsi dire jamais, les prêtres de toutes les religions, de même que les directeurs de conscience laïcs, poser avant toute chose l’immoralité du système capitaliste ?
Parce que cela ne sert à rien ? Parce qu’ils s’en sont accommodés ? Parce qu’ils sont astucieusement placés du côté de ceux qui font du profit par leur propre industrie ?
Voilà quelques questions qu’un journaliste – sans être marxiste – pourrait quand même poser de temps en temps !
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1. Marianne n° 807.

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