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La Commission Jospin.

Le Rapport Gallois remis lundi au Président de la République, allait - disait-on - être enterré parce qu’il contredit les promesses de Hollande candidat. On se rappelle son fameux « moi, si j’étais président de la République… ».
Elie Cohen, pourtant un fin économiste et assez pertinent sur les intentions du pouvoir socialiste, avait déclaré à « C dans l’air » que le rapport allait finir dans un placard.
On voit qu’il n’en est rien. Pourtant la colère de Mélenchon et de certains socialistes montraient qu’une certaine frange de la gauche ne voulait pas des mesures qui en découlent et que vient d’énumérer Hérault.
N’épiloguons pas trop là-dessus, voilà longtemps que le parti de Martine Aubry n’est plus vraiment un parti de gauche.
Tout de suite après Gallois, la Commission Jospin "Pour un renouveau démocratique" vient de donner au Président son rapport préconisant une série de mesures afin de rénover en profondeur la vie publique.
Evidemment les socialistes n’ont plus vraiment la confiance de la gauche, pourtant il est vrai qu’il y a là-dedans des mesures sympathiques et que si elles ont une chance de voir le jour en France, on peut toujours courir pour voir Di Rupo les appliquer en Belgique !
Ce rapport est une révélation qui devrait donner de l’air à une démocratie verrouillée et dont notre Premier ministre et les chefs de parti feraient bien de s’inspirer.
Nous aussi nous souffrons, comme en France, d’un grand déficit de la démocratie. Même si certains effets préconisés par la Commission Jospin n’ont pas produit en Belgique, ce qu’on en attend en France, je pense à la proportionnelle, puisque nous avons un système électoral à un tour ; d’autres mesures proposées traitant du Cumul des mandats, statut pénal du chef de l'Etat (en Belgique, le roi est au-dessus des lois), révision du Conseil constitutionnel, calendrier électoral, pourraient déranger le fonds de commerce du PS belge par une adaptation à notre pays...
On sait comme les partis en Belgique sont frileux dès que le peuple dispute leurs privilèges.
Si Di Rupo s’inspire du rapport Gallois dans les prochains jours, il y a fort à parier pour qu’il ne parle jamais de la Commission Jospin. C’est fort dommage…
Par contre, c’est bien parti en France « …les textes traduisant les réformes de la vie publique préconisées par la commission Jospin, dont un projet de loi constitutionnelle, seront déposés au Parlement début 2013, a annoncé l'Elysée ce vendredi dans un communiqué. »
Pour nous, la fin du cumul des mandats, proposé jadis par les syndicats, le PTB et certains socialistes et écolos et timidement « étudié » par le PS et Di Rupo est absolument nécessaire pour mettre fin à un scandale.
La représentation au Parlement de toutes les professions manuelles et intellectuelles pourrait aussi déterminer un autre climat que ce rassemblement d’avocats que nous élisons par défaut et par lassitude.
La commission Jospin sur "la rénovation et la déontologie de la vie publique" recommande l'interdiction du cumul d'un mandat de député ou sénateur avec un mandat "d'exécutif local" (maire, président de conseil général, etc.). C’est à peu de choses près ce qu’une majorité de citoyens belges réclament depuis la fin de la guerre ! En vain !...

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Le rapport Jospin propose de réformer le statut pénal du chef de l'Etat. Celui-ci perdrait l'immunité dont il dispose actuellement et pourrait être jugé, y compris pendant la durée de son mandat, pour "des actes détachables de sa fonction" de président de la République.
En Belgique, la personne du roi est protégée et les lois ne s’appliquent pas à lui, ni à son successeur. Quoique non-dit, toute la famille, et ça fait du monde, est, sinon exemptée, du moins « protégée » par le pouvoir judiciaire et celui de la magistrature.
Les tribulations du prince Laurent, devant les tribunaux, ont été un service minimum dont rien n’est sorti.
La Commission suggère de modifier les modalités de remboursement des campagnes électorales, aujourd'hui jugées trop pénalisantes pour les petites formations politiques. Elle préconise de créer plusieurs niveaux de remboursements en fonction des résultats électoraux (contre un seul aujourd'hui fixé à 5%). En Belgique, les grandes formations accaparent les fonds réservés aux partis pour payer leurs campagnes électorales.
La question du temps de paroles, abordée aussi par Lionel Jospin mériterait qu’on y réfléchisse pendant les périodes électorales, mais aussi en-dehors d’elles. Quand on voit des émissions politiques en Belgique, on a compris. Ce sont toujours les mêmes qui passent à la télévision. On peut se poser des questions quant à la déontologie de la presse parlée et écrite.
Sommes-nous imbéciles au point de ne pouvoir aligner qu’une vingtaine de personnes réputées « intelligentes » toujours les mêmes ?
On se demande.

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