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Ça cause trop au-dessus !

Le discours dominant – celui en général des industriels et des personnels politiques – est simple, pour qu’il soit perçu de tous : « Le monde d’aujourd’hui ne compte pas vraiment. Celui qui compte, c’est le monde de demain ».
La voilà, la bonne idée !
C’est à la fois un message porteur d’avenir « nous ferons un demain meilleur » et de résignation « c’est la crise, on n’y peut rien, juste un mauvais moment à passer ».
Tous les discours de Di Rupo tiennent dans ces deux lignes.
Ainsi les mesures de fiscalisation supplémentaires, les lois durcies sur le chômage, la disparité plus grande entre les salaires, la victoire du capital sur le travail, l’augmentation de la pauvreté générale, etc… nous les subissons dans le présent, pour rendre l’avenir radieux. Pour un peu, l’illustre montois nous dirait qu’ils sont nécessaires.
Dans un des pays les plus taxés au monde (1), rien n’est plus trompeur que cette rhétorique.
A cela, on peut répliquer que le présent d’aujourd’hui, c’est le futur d’hier.
En effet, tout cet habile détournement de la pensée, ignore complètement que nous vivons le présent sur les fautes ou les bienfaits du passé. Et, il n’y a aucune raison que le futur soit meilleur que le présent, puisque nos erreurs nous ont rendu malheureux.
A la lumière de cette seule réflexion, nous devrions au moins comprendre le genre de manipulation qu’on utilise pour nous avoir aux mots..
D’autant que le constat du présent est accablant dans sa sèche addition des pauvres en augmentation constante.
Si un politique, par un élan de sincérité rare dans ces clubs de menteurs, affirmait : « Comme les choses vont, quoi que vous fassiez, demain ce sera pire, car ce n’est pas la façon de travailler qui est en cause, mais le système lui-même, il parlerait d’or ! Or, je n’entends personne autour de moi dire qu’il faudrait réfléchir à en changer. Alors, pourquoi croyez-vous que demain sera radieux, grâce à notre souffrance ? ».

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Evidemment, cet homme sincère ne serait pas élu. Au mieux, il serait récupéré par une poignée de mécontents qui pense que ça irait mieux en fichant dehors les financiers et les grands patrons actuels pour offrir les places à leurs financiers et grands patrons. Ce raisonnement restant confidentiel, le récupéré aurait de grandes chances de ne pas être élu, non plus.
On voit bien que pour que ça change, il faut une grande lame de fond qui vienne bouleverser toutes les croyances dans le marché, la mondialisation, le capitalisme et la démocratie. Une évidence pareille ne touche la multitude que de deux manières. La première, la plus dramatique et la plus vraie, arrive quand le peuple est affamé, quand la misère jette des milliers de gens à la rue. Du coup, la valeur des discours des élites tombe à zéro. Ils risquent même de choir de leurs estrades et de finir en charpie sous les pieds des furieux.
La seconde, la plus douce et la plus improbable, arrive quand le peuple devient plus méfiant des discours, aiguise son esprit critique, sort des ses endormissements et de ses gadgets anesthésiant, bref retrouve l’intelligence que tout individu a en soi, mais qu’il n’utilise en général qu’au profit de son travail.
Hélas ! le cours des choses ne va pas vers le merveilleux de cette solution.
Au contraire, il détourne l’homme d’une humanité durement acquise et parfois abandonnée au cours des siècles. Pourtant, comme une petite lampe à huile, la flamme ne s’est pas éteinte et les bourrasques n’ont pas eu raison d’elle.
Elle est en veilleuse en nous.
Pour supporter le présent, les gens vivent par procuration sur des fictions de télévision.
Ils se projettent dans des destins qui ne sont pas les leurs et qui ne le seront jamais. S’ils pouvaient seulement s’en extraire quelques instants par jour afin de revenir à leur réalité, peut-être bien que la fatalité qui les accable, les discours cent fois entendus, seraient moins pesants. Ils découvriraient un droit qu’ils ont oublié, celui d’être acteur, comme n’importe qui et valant n’importe qui, plutôt qu’être spectateur.
La liberté ne se subit pas. Elle se prend.
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1. Pas les riches ! Les Français qui débarquent, viennent sauver leurs biftons en Belgique.

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